Deuxième "témoignage", toujours lors des veillées de guérison et d'adoration à Sélestat. Cette fois, c'était en octobre 2011.
Le thème de cette
veillée fait écho à ce que j'ai vécu cette année. J'ai
particulièrement vécu l'attrait des ténèbres, depuis quelques
années. Tout a commencé il y a trois ans, quand j'ai débuté le
Tai Chi Chuan, un art martial chinois, que l'on pourrait définir
comme une "méditation en mouvement". Il s'agit d'une sorte
de Yoga, et il appartient à ce que l'on appelle les arts martiaux
internes. Les mouvements utilisés peuvent être compris comme des
techniques défensives ou d'attaque, mais ils sont réalisés de
manière très lente, rendant leur gestuelle plus proche de la
gymnastique douce.
Quand j'ai débuté, je
n'y voyais qu'une manière de commencer tout doucement une activité
sportive qui ne serait pas violente et ne risquait pas de me blesser.
J'avais une amie qui en faisait, et quand je me suis adressée à
elle, ça a été très simple : le premier cours de l'année avait
lieu le soir-même. J'y suis allée, et j'ai tout de suite accroché,
comme on dit. Immédiatement, et ça s'est confirmé dans le temps,
j'ai trouvé dans la pratique du Tai Chi un véritable bien-être, un
calme intérieur vraiment appréciable quand on a trois enfants.
Cette pratique m'était bénéfique, croyais-je, sur plusieurs
plans : j'ai rapidement retrouvé une plus grande souplesse
corporelle, une meilleure conscience de mon corps, j'étais plus
calme avec les enfants le mercredi, lendemain du cours (et ça, c'est
quand même un vrai bénéfice, le mercredi étant la journée la
plus difficile de la semaine avec tous les allers-retours pour les
activités diverses des enfants), et surtout, surtout, je disposais
de deux heures pour prendre soin de moi. C'était le seul moment de
la semaine que je pouvais consacrer uniquement à moi, très
égoïstement. Et puis avec le temps, j'ai appris à connaître
quelques-uns des pratiquants qui suivaient le cours en même temps
que moi. J'avais l'impression d'une sorte de communauté, de famille,
où les autres étaient à l'écoute, avaient le temps, pouvaient
parler sans retenue, sans tabous. Humainement, cette expérience
était très enrichissante et particulièrement importante pour moi
dans la période que je traversais à l'époque.
Lors de ma troisième
année de pratique, au début du mois de février 2011, je me suis
rendue chez une amie un après-midi, et nous avons papoté autour
d'un thé. La conversation a dévié sur les activités et le temps
que nous prenions (ou pas) pour nous-mêmes, et j'ai fini par lui
parler du Tai Chi, avec un enthousiasme qui m'a étonnée moi-même.
Et elle était très intéressée, notamment par les bienfaits que je
ressentais et que je lui décrivais. Et elle a fini par me poser une
question toute simple : "Et c'est compatible avec la foi ?"
Sur le coup, j'ai répondu
sans hésiter "Oui, bien sûr !", puisque je ne voyais
aucun lien entre une pratique sportive et la foi catholique. Pourquoi
ne serait-ce pas compatible ?
Seulement voilà, juste
après, j'ai commencé à vivre quelque chose d'assez étonnant. Je
me suis aperçue que ce qu'avait prédit le professeur, à savoir que
nous sentirions, à force de pratique, la circulation d'énergies
d'abord dans les mains puis dans le corps, je le vivais au bout d'un
peu plus de deux ans de pratique seulement. Je n'étais pas censée
connaître ça avant plusieurs années, et seulement si j'étais
assidue et que j'en faisais une discipline quotidienne. Cela se
manifestait par des sortes de fourmillements dans les mains, comme un
flux qui chauffait au centre de la paume. J'avais l'impression qu'une
sorte de fluide pouvait passer des doigts d'une main à l'autre,
d'une paume à l'autre. Dans le même temps, à partir du mois de
janvier, je me suis mise à penser de plus en plus "Tai Chi",
à m'intéresser de plus en plus au Japon, à avoir envie d'y aller,
de découvrir ce pays et d'approfondir ma pratique là-bas
directement. J'étais aussi de plus en plus calme, de plus en plus
tranquille, comme si les choses du monde avaient moins de prise sur
moi, comme si je m'en détachais de plus en plus. Mon mari avait
remarqué aussi cet aspect des choses, et si au début, il trouvait
ça plutôt positif parce que j'étais moins "volcanique"
en particulier avec les enfants, il a fini par me dire, au mois de
mars ou d'avril, que j'étais de plus en plus distante, voire absente
à la famille.
A la même période,
début février, une de mes collègues, particulièrement affectée
par des soucis personnels, souffrait énormément.
Un mardi, jour d'une
veillée justement, je l'ai vue souffrir plus que d'habitude. Et je
me suis retrouvée parfaitement démunie face à cette souffrance.
Les mots étaient inutiles, j'avais déjà dit tout ce qu'il y avait
à dire. J'ai fini par la prendre dans mes bras, et par prier sur
elle en lui imposant les mains. J'ai fait ce geste sans y réfléchir,
sans l'avoir prémédité. Et dans ma prière, j'ai supplié le
Seigneur de l'aider, d'apaiser sa souffrance, je me suis présentée
comme son instrument, je lui ai demandé d'agir par mes mains, d'agir
à travers moi puisque je ne pouvais plus rien faire pour elle. Et
j'ai été stupéfaite du résultat. Sous mes mains, j'ai senti
qu'elle se détendait. Les larmes avaient cessé, sa respiration se
calmait et elle s'apaisait visiblement. J'ai remercié le Seigneur :
j'avais été exaucée, et je n'en tirais aucune gloire. Il avait
tout fait, je n'avais été que son instrument.
Je me suis alors rendu
compte qu'il y avait là quelque chose de semblable à ce que je
vivais dans le Tai Chi, du moins apparemment. Par mes mains, une
sorte d'énergie passait. Mais ce qui m'a interpellée quand j'y ai
pensé par la suite, c'est que dans le cas du Tai Chi, cette énergie
semblait venir de moi, alors que dans l'autre, je n'étais qu'une
sorte de canal par lequel Dieu, Jésus ou l'Esprit, je ne sais pas
trop, agissait. Quand je pensais à ce qui s'était passé avec ma
collègue, j'étais heureuse, alors que quand je pensais à cette
énergie que je sentais au Tai Chi, je me sentais supérieure, comme
si j'étais investie d'un pouvoir qui ne demandait qu'à grandir.
Quelques temps après, mon mari s'est fâché contre moi. Je
m'éloignais de plus en plus de lui et des enfants, je ne priais
plus, je ne prenais plus mes repas avec la famille, je passais tout
mon temps sur Internet à visionner des vidéos de Tai Chi ou à
prendre des nouvelles des sinistrés des séismes et du tsunami du 11
mars, au Japon.
En avril, suite à une
discussion avec Virginie, je me suis interrogée sur le Tai Chi, j'ai
farfouillé pendant plusieurs heures sur Internet, et en particulier
sur
le site du Père Verlinde. Ce prêtre a vécu en Asie, en
particulier dans l'Himalaya, où il a été gourou de la méditation
transcendantale. Il y a aussi rencontré Dieu, mais avant de devenir
prêtre, il a vécu dans l'occultisme. Et son site a été éclairant.
Il expliquait dans les détails pour quelles raisons le Tai Chi ne
peut pas être compatible avec la foi catholique. Tout le processus y
était décrit : comment le Tai Chi coupe de Dieu, éloigne des
autres, en particulier des enfants et du conjoint, pour la simple
raison que l'on entre en méditation de plus en plus profonde et que
l'on se détache progressivement de la vie quotidienne. Peut-être
étais-je particulièrement réceptive ? En tout cas, j'ai passé la
première étape très rapidement, et à mon insu. Quand j'ai pris
conscience de tout cela, j'ai commencé par aller me confesser, parce
que le Tai Chi m'avait éloignée de Dieu, de mon mari, de mes
enfants, et de la prière. Je ne pensais pas que c'était allé plus
loin que cela.
Je me trompais. Je
n'avais pas du tout compris la portée de mes actes.
Philippe Jacquemin, lui,
connaissait un peu ces pratiques par les écrits du Père Verlinde
justement. Il m'a donc expliqué ce que sont les chakras. Au nombre
de 7, ce sont des sortes de portes dans notre corps, fermées, entre
notre monde et le monde occulte. L'effet de la pratique régulière
et consciencieuse du Tai Chi (mais aussi du Yoga, du Chi Qong et
d'autres formes de méditation), c'est d'ouvrir progressivement ces
"portes". Une fois ouvertes, les capacités de l'homme s'en
trouvent augmentées, permettant, pour les plus avancés dans ces
pratiques, de "voir" dans la tête d'une personne, par
exemple. Il s'agit donc là de pratiques occultes, donnant un pouvoir
phénoménal sur les autres. J'ai bien compris en quoi cela posait
problème, après ces explications. En revanche, je n'avais pas
totalement compris tout ce que cela impliquait, et quelle était
l'origine de ces pouvoirs.
Il s'agissait là de
quelque chose de bien plus grave qu'un simple péché à confesser.
Et ce jour-là, dans la crypte de Saint Georges, au lieu de me donner
le pardon de Dieu, Philippe m'a demandé de m'agenouiller et de
renoncer à Satan. Je ne voyais pas du tout le lien entre ce que je
venais de lui confier et Satan, et je ne voyais surtout pas pourquoi
je devais y renoncer, puisque je n'avais jamais eu l'intention ni
l'impression de le suivre.
Il a posé son étole sur
ma tête, et il m'a demandé de répéter ce qu'il disait. J'ai
trouvé le procédé étrange, mais j'ai obéi, et je me suis rendu
compte bien après que ce que j'avais vécu, c'était plus qu'une
confession et le pardon de Dieu. C'était véritablement une prière
de délivrance, presque un exorcisme, qu'il avait dite sur moi. Et
plus que ça, les mots qu'il a employés m'ont choquée. Dans la
prière que je devais répéter, il disait : "Pardon, Seigneur,
d'avoir adoré un autre dieu que Toi".
J'ai compris plusieurs
jours après ce qui s'était réellement passé depuis tous ces mois
: En réalité, les "pouvoirs" qui m'avaient été donnés,
cette énergie que je sentais dans mes mains, m'avaient été
accordés par Satan, tout simplement. En ouvrant le premier chakra,
j'avais laissé le Démon entrer en moi. Et sous couvert de
bien-être, je l'avais laissé me donner des pouvoirs qui ne venaient
pas de Dieu. La prise de conscience a été difficile et radicale, et
bien entendu, il a fallu changer mon point de vue et renoncer au
confort intérieur que m'apportait le Tai Chi. Il était bien sûr
exclu que je retourne au cours. Le mardi suivant, j'y suis donc allée
pour prévenir le professeur que j'arrêtais. Par correction, je ne
voulais pas le faire par mail ou par téléphone, parce que le
professeur avait toujours été honnête et généreux dans son
enseignement. Plusieurs fois, pendant les mois qui ont suivi, j'ai
reçu de sa part des messages m'invitant à revenir, j'ai donc dû
être très claire et dire que c'était terminé, que j'arrêtais
définitivement. Je n'ai pas donné d'explications, sauf à l'amie
qui m'avait fait connaître le Tai Chi, ainsi qu'à celle que j'avais
entraînée là-dedans. Toutes les deux sont croyantes elles aussi,
et je ne pouvais pas passer sous silence de telles choses. La
première pratique depuis bien plus longtemps que moi, et ne m'a
absolument pas crue. Alors que nous prenions le même train deux fois
par semaine, auparavant, je ne l'ai plus vraiment vue par la suite.
Elle m'a dit avoir changé d'horaires et prendre le train précédent.
C'est possible. Ce que je sais, c'est que, depuis, je n'ai plus de
contacts avec elle. Non pas que je ne les ai pas cherchés : je n'ai
rien changé à mes habitudes. Mais peut-être qu'elle ne veut pas me
voir, qu'elle ne veut plus de contacts avec moi ? Je l'ignore. En
tout cas, ce que je retire de la conversation que nous avons eue dans
le train après ma délivrance, c'est qu'elle ne m'a pas crue du
tout, m'a dit que c'était impossible, que l'ouverture des chakras ne
se faisait pas aussi vite.
Ce que je sais, c'est que
Satan est particulièrement sournois. Sous couvert de bien-être, il
nous séduit, et au départ, ce à quoi il donne accès semble
particulièrement bénéfique, sain, harmonieux. Ce n'est qu'un
leurre. Quand on lui a laissé la porte ouverte, une fois qu'il est
entré, nous sommes en son pouvoir.
J'ai reçu plusieurs
grâces dans cette histoire.
Cette question : "Est-ce
que le Tai Chi est compatible avec la foi ?"
Cette discussion avec
Virginie qui m'a permis d'ouvrir les yeux et voir qu'il y avait
peut-être un problème dans cette pratique.
L'honnêteté de mon
mari, son attention envers les enfants et moi, et cette petite phrase
: "Tu n'es plus avec nous".
Et puis, cette expérience
incroyable d'avoir été un canal de la grâce de Dieu, par la
prière, qui m'a fait comprendre la différence entre ce que je
vivais au Tai Chi et ce que donne l'Esprit.
Je voudrais insister
particulièrement sur ce point. Ce qui m'a permis de comprendre que
je faisais fausse route, c'est que j'ai ressenti deux choses
totalement contradictoires lors de deux événements qui semblaient
identiques :
dans un cas, un
sentiment de puissance incroyable, venant de moi, me donnant
l'illusion d'être supérieure aux autres
dans l'autre cas, un
sentiment d'abandon total à la volonté et à la grâce de Dieu,
d'être son instrument, et de ne ressentir aucune fierté à avoir
fait ce que j'avais fait, mais plutôt une grande humilité : je ne
suis qu'un instrument.
Il m'est apparu comme une
évidence que l'un des deux venait de Dieu, et que l'autre venait de
Satan. J'ai alors pu demander réellement pardon pour avoir adoré un
autre Dieu.
Maintenant, à chaque
fois que je suis reprise par ce sentiment d'orgueil, de fierté mal
placée, je me remémore cette scène et je remercie le Seigneur
d'avoir fait de moi son instrument. Parce que j'ai aussi eu la
chance, la grâce de découvrir à cette occasion ce qu'est la
véritable humilité. Il ne s'agit pas de s'abaisser en disant qu'on
n'est rien, que ce que l'on a fait de bien n'est rien. Cela, c'est de
la fausse humilité. La véritable humilité, c'est reconnaître que
ce n'est pas moi qui agit, mais Christ qui agit à travers moi. Que
rien ne vient de moi, et tout vient de Dieu. Que lui seul sait, et
que je peux donc le suivre en toute confiance. Qu'Il est la Lumière,
la Vérité, le Chemin, la Vie.