Blog d'humeurs,
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blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

vendredi 21 février 2014

Quand la loi encourage la délinquance...

J'avais intitulé ce billet "Politique familiale ?", mais finalement, je l'ai changé, parce que ça me paraît plus juste comme ça, vous allez comprendre pourquoi.

La loi Taubira, comme on ne nous l'avait pas annoncé (parce qu'on nous avait bien dit que "ça ne changerait rien du tout pour les couples hétérosexuels, ça ne ferait que donner les mêmes droits aux couples homosexuels"), va avoir des répercussions en chaîne plutôt inédites et assez complexes, par exemple pour la CAF. Mais pas uniquement.

Récemment, il m'a été rapporté le cas de deux femmes qui se sont mariées en cet automne 2013, selon la loi qui leur en accorde désormais le droit. Toutes les deux sont enceintes actuellement, suite à deux fécondations artisanales effectuées à domicile par une de leurs amies infirmière. Le donneur étant l'ex-compagnon de l'amie infirmière en question.
Ça va, jusque là ?
Attention, il vaut mieux suivre, parce que ça va quelque peu se corser.

Le donneur étant le même pour les deux femmes, les bébés ont donc le même père, mais pas la même mère (un peu comme dans le cas d'un adultère, donc). Mais, ô joie, ô bonheur pour les deux futures mamans (mariées, je le rappelle), le "père" biologique a accepté de ne pas reconnaître les enfants comme étant les siens ! Ouf, elles vont donc pouvoir, chacune, adopter le bébé de l'autre ! Chouette, les enfants vont donc vivre avec leurs deux "parents". Jusque là, tout va bien, me direz-vous.

Une fécondation par PMA, ça ne marche pas toujours en laboratoire. Et a priori encore moins souvent quand il s'agit de la méthode artisanale. Sauf que là, ça a marché. Et très bien même. Et deux fois, même. À deux semaines d'intervalle pour les deux femmes. Donc, me direz-vous, tant mieux pour elles : elles vont pouvoir assouvir leur désir d'enfants et devenir mères toutes les deux, quasiment en même temps ! Youpi !

Ce "couple" (désolée, j'ai encore beaucoup de mal avec le terme "couple" quand il s'agit de deux personnes du même sexe, mais, promis, je vais essayer de m'y faire) va donc se retrouver parent de deux enfants, quasiment en même temps. En soi, cette situation (arrivée de deux enfants en même temps dans une famille) n'a rien de rare. C'est le cas lorsqu'une famille accueille des jumeaux (ou plus), par exemple, ou plus rarement, quand elle adopte une fratrie.
Sauf que dans le cas d'une adoption, les choses se font par jugement, c'est donc du cas par cas, chaque situation étant exceptionnelle et unique, et après une enquête rigoureuse des services sociaux histoire d'être bien certains que l’État ne confie pas les enfants à des parents incapables, maltraitants ou potentiellement dangereux pour les enfants. Et dans le cas d'une grossesse multiple, un seul membre du couple se retrouve sujet aux suites de l'accouchement, et les enfants ont tous la même mère et le même père.

Mais que se passe-t-il, habituellement, après la naissance d'un bébé ?
- En général, la maman passe quelques jours à l'hôpital, puis elle rentre chez elle avec son bébé et bénéficie d'un congé maternité histoire d'avoir le temps de se remettre physiquement de la naissance (parce que pour avoir accouché 4 fois, je peux vous promettre que ce n'est pas forcément une partie de plaisir). Le congé maternité est justement fait pour protéger la mère durant cette période et lui permettre de se reposer quelque peu avant de reprendre son travail et de confier le bébé à une nourrice ou à la crèche si elle ne peut pas s'occuper de lui pendant la journée.
- En général aussi, le papa prend son congé paternité dans les semaines qui suivent la naissance (les trois jours juste après la naissance et les 11 jours restant dans les semaines qui suivent), histoire d'aider la maman à prendre ses marques avec le bébé. (Dans le cas de "couples" homosexuels, ça pourrait devenir rigolo si les femmes se mettaient à demander des congés paternité parce que leurs épouses viennent d'accoucher ! J'ai hâte de voir ça, tiens !)
- La mère (ou le père selon le choix du couple) perçoit une allocation pour le bébé tout juste arrivé (allocation qui est soumise aux revenus du couple) et ce jusqu'aux trois ans de l'enfant (c'est la PAJE, la Prestation d'Accueil du Jeune Enfant).
- Dans le cas où un autre bébé arrive avant les trois ans du premier, la PAJE s'arrête pour l'aîné et est attribuée pour le second.
- Dans le cas de jumeaux ou plus, la PAJE est versée pour chacun des nouveaux-nés.
Ça, c'est dans les cas "normaux".

Dans le cas de ces deux femmes mariées enceintes en même temps et devant accoucher quasiment simultanément, ces dispositions posent problème parce qu'il y a une impossibilité concrète.
Les deux femmes ont beau accoucher en même temps (à peu de choses près), il ne peut être question ici de parler de grossesse multiple puisque chacune des deux mères ne porte qu'un bébé, que deux grossesses ont été déclarées et qu'il y a bien deux mères différentes pour deux bébés.
La CAF a donc refusé d'attribuer deux fois la PAJE pour ce motif. Mais soyons claire : si ces deux femmes n'étaient pas mariées, elles auraient été considérées par la loi comme mères célibataires (mêmes si elles vivent en concubinage) et à ce titre auraient toutes les deux perçu la PAJE pour leurs enfants. Zut ! Il y aurait donc discrimination entre les mères célibataires et les mères homosexuelles (parce que, soyons honnête, ça ne peut pas arriver à une femme mariée, ce genre de situation). Le "hic", c'est qu'elles ne peuvent adopter chacune l'enfant de l'autre que si elles sont mariées... en gros, entre l'adoption et la PAJE, il faut choisir !
Ce cas pose au passage la question de la place du géniteur dans l'équation. Certes, il a renoncé à reconnaître les enfants... Mais il souhaite quand même que ses enfants sachent qui il est... d'où la question suivante : peut-on avoir trois parents ?

Donc, revenons à notre cas d'école, mariées, ces femmes peuvent être légalement les deux mères d'enfants quasiment jumeaux sans pour autant avoir les mêmes droits que si l'une d'elles avait accouché de jumeaux "pour de vrai".
Diantre. Serait-ce une injustice dans la loi ?

Oui, d'une certaine manière.
Mais en fait... ben non.
Considérons un autre couple, homme et femme (je préfère préciser, parce que ça devient indispensable), qui a entamé, pour cause de stérilité, des démarches d'adoption. L'agrément a été accordé, un bébé leur a été trouvé, et le couple, fou de joie, va chercher son bébé au bout du monde. Et bam, chose bien connue, tout de suite après (et même pendant la démarche d'adoption elle-même), la femme se retrouve enceinte tout à fait naturellement ! Grande joie, bonheur total.
À leur retour avec le bébé, la famille perçoit la PAJE pour l'enfant adopté. Et re-bam, cinq ou six mois plus tard, la maman accouche de leur premier enfant biologique et la PAJE est retirée pour l'aîné et versée pour le second, puisque la PAJE ne peut en aucun cas être versée pour deux enfants de moins de trois ans de la même famille, sauf s'il s'agit justement d'une grossesse multiple. Donc si notre binôme de femmes enceintes simultanément percevait deux fois la PAJE pour les deux bébés, ce serait profondément injuste par rapport à toutes les familles hétéroparentales (qui, elles, ne pourront jamais avoir deux bébés en même temps de deux mères différentes, diantre, mais quelle injustice cruelle !) ayant deux enfants ou plus de moins de trois ans, que ces enfants aient été adoptés ou non d'ailleurs. 
Alors il y a une réponse très simple à cette question et à cette "injustice" : accorder la PAJE pour tous les enfants de moins de trois ans, quelque soit le nombre d'enfants concernés dans la famille. Sauf que ça, ce serait quand même un vrai gouffre financier pour la CAF. Mais une vraie incitation à avoir plusieurs enfants cela dit...

Outre cette question bassement financière je l'avoue volontiers, il y a quand même une autre question importante dans cette histoire, relative à la PMA celle-là. Parce que pour que ces deux femmes soient enceintes, il a fallu qu'elles aient recours à une insémination artisanale avec donneur, pratique interdite et donc illégale en France.
Or ces enfants vont naître en France et seront rapidement adoptés chacun par la mère de l'autre, chacun des enfants ayant donc deux mamans légales (la mère biologique et la mère adoptive). (J'ouvre une petite parenthèse, parce que cette filiation me semble quand même un peu particulière... mi-biologique, mi-adoptive, et un peu "naturelle" aussi, tout en étant parfaitement légale sauf pour la partie "naturelle". C'est pas beau, la vie ?)
Alors je me pose une simple petite question :
Les mamans vont-elles être poursuivies pour avoir eu recours par deux fois à une pratique illégale ?
La logique voudrait que oui, sinon ça n'a pas de sens que le droit reconnaisse une pratique comme illégale. Et on peut, de fait, se demander à quoi ça sert de faire des lois si on n'est pas condamné quand on ne les respecte pas ?
Sauf que les faits montrent que, comme pour les couples qui ont eu recours à la GPA à l'étranger, elles ne seront vraisemblablement pas poursuivies. Je ne cherche pas à voir tout le monde en prison ou passible d'amendes, entendons-nous bien, je me demande simplement quelle est la logique de tout ça. Mais les faits montrent bien qu'il n'y aura pas de poursuites, puisque la ministre de la Justice a écrit une circulaire permettant de donner un certificat de nationalité aux enfants nés à l'étranger par GPA, au motif que les enfants n'ont pas à payer pour les erreurs de leurs parents. Je veux bien, effectivement, que les enfants aient une "existence légale" en France avec leurs deux pères... Sauf que ça ne dédouane pas du tout les pères des responsabilités de leurs actes, que je sache ! Et puis, on pourrait peut-être aussi considérer le fait que ces enfants ne sont pas des "apatrides" dans le sens où ils ont un père (leur géniteur) et une mère (la mère porteuse), même si leurs "parents" ne vivent pas dans le même pays, ni sur le même continent... mais ça, il n'y a pas besoin de passer par la GPA pour se retrouver dans la même situation, il suffit d'être séparé(e) de son conjoint et de ne pas vivre sur le même continent que lui... ce qui n'enlève rien à l'existence légale des enfants et à leur nationalité ! Bref.
Donc, il faut "trancher". Soit la PMA et la GPA sont illégales et le restent, et il faut alors un minimum de cohérence, donc les couples qui y ont recours doivent être condamnés. Soit on ne condamne pas les couples qui ont recours à ces pratiques interdites et illégales en France, et alors il faut les légaliser, donc les inscrire dans la loi sur la famille qui devrait arriver à l'Assemblée au cours de l'année 2015.

Ah oui. Sauf que M. François Hollande a bien dit et redit sur tous les tons que la PMA ne faisait pas partie de ses promesses de campagne et qu'elle ne serait pas dans la loi famille de Madame Bertinotti. Et il a promis qu'il ne serait pas question de la GPA sous son quinquennat. (Bon alors là, j'avoue que je ne sais plus quels sont ses mots exacts, mais c'est plus l'esprit de la lettre que la lettre qu'il faut retenir, entendons-nous bien.)
Ouah ! Quelle fermeté ! (Bon, il n'avait pas promis non plus d'augmenter autant les impôts, il me semble... et il avait promis d'inverser la courbe du chômage, ce qu'il n'a pas fait, alors... je ne sais pas...)
Donc, pas de PMA, ni de GPA. Soit.
Mais pourtant, les "couples" d'hommes et de femmes peuvent se marier. Donc on leur a accordé le droit d'avoir des enfants, de les élever, d'en être responsables conjointement, etc.
Alors ?
Si un couple homosexuel veut rester dans la légalité, que doit-il faire pour avoir des enfants ?
Eh bien... en fait, il n'a pas 36 solutions. Une femme mariée à une autre femme, si elle veut avoir des enfants sans enfreindre la loi, elle va devoir... tromper sa femme ! Mon Dieu ! Et en plus, le pire... avec un HOMME ! Si ! Un comble !!!
Ben zut alors. Dans les articles du Code Civil lus le jour du mariage à la mairie, les époux se promettent quand même fidélité ! Rhâââ !!! Mais c'est pas possible, ça ! (je me mets à la place de la nouvelle épouse de Madame Truc, et je suis super respectueuse de la loi, j'attendais le droit de me marier pour pouvoir avoir des enfants) "Si je veux des enfants, je dois donc tromper ma femme avec un homme ou enfreindre la loi ??? Moi qui suis une citoyenne honnête !!! Et puis alors, ça veut dire quoi, ce Code Civil et ce contrat qu'on m'a demandé de signer ? Ça veut dire que d'entrée de jeu, le législateur sait que pour aller au bout de ma vocation d'épouse, je vais devoir soit renier mon serment, soit enfreindre la loi ???"

Voyons, soyons sérieux. Ça ne tient pas la route une seconde, tout ça, pour une simple question de logique.
Donc la PMA va forcément être autorisée dans la loi famille (parce que sinon, il faut supprimer la notion de fidélité du Code Civil et là, zut, ça va vraiment changer les choses pour les couples hétéros à qui on a promis que non, ça ne changerait rien ! Il ne faut surtout pas faire ça, parce qu'il faut les laisser dans l'illusion que ça ne changera rien du tout pour eux, que ça ne leur enlèvera rien du tout et que ça ne fera que donner les mêmes droits à d'autres qui, les pauvres, n'en ont pas !!!) dans un futur très proche. Ouf. Toutes ces nouvelles mamans n'iront donc pas en prison, heureusement pour leurs enfants !!!

Sauf que... sauf que, du coup, la GPA, ne vous en déplaise, M. Hollande, fera forcément partie du "package". Ben oui, même si vous ne le voulez pas et que vous avez promis que non. Parce que vous avez vous-même érigé en dogme la sacro-sainte notion d'égalité. Si les couples de femmes peuvent avoir des enfants par la PMA, les couples d'hommes, eux, n'ont pas cette possibilité*.
Donc, sauf si vous êtes une femme biologique dans un corps bourré d'hormones mâles et que vous n'avez pas demandé de réassignation sexuelle, vous n'avez, en tant qu'homme, pas d'autre choix (hormis l'adultère, donc) pour être père que la GPA. Ben oui.
Ah, si. Il y a une autre solution, mais elle ne sera au point que dans un peu plus de 40 ans apparemment : les utérus artificiels. Mais bon... 40 ans... autant dire que ce n'est pas pour tout de suite, hein ! Et donc que ça ne règle pas du tout le problème de Xavier et Bruno** qui, eux, veulent un bébé en 2014 après s'être mariés en 2013.

Il y a d'ailleurs une deuxième raison qui fait que la GPA sera forcément autorisée an France, et même sûrement remboursée par la bonne fée Sécurité Sociale (tout comme la PMA d'ailleurs, mais aussi l'avortement pour toutes et la contraception pour les mineures). Après l'inégalité entre les couples d'hommes et les couples de femmes, nous allons avoir droit à l'inégalité entre les couples gays riches et les couples gays pauvres. Pour plusieurs raisons :
- Les gays riches, si la GPA reste interdite en France, vont continuer à aller aux USA ou en Inde pour y louer le ventre d'une femme et acheter à prix d'or à la clinique où il aura été conçu le bébé qu'elle aura abrité dans son ventre, pour eux, pendant neuf mois (je vous rassure tout de suite : la mère porteuse, elle ne percevra pas le "prix d'or" versé à la clinique. Juste des indemnités, cela va de soi). Ce que ne peuvent pas faire les gays pauvres.
- Les gays pauvres vont donc être en droit de demander, si la GPA est légalisée en France, sa gratuité ou son remboursement par la Sécurité Sociale. Parce que, sinon, il va y avoir une sacrée discrimination entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas. Et ça, franchement, à l'heure de l'égalité pour tous, c'est juste totalement inacceptable.

Rhôô !!! Ben zut alors ! C'est pas juste, ça. Parce que moi, je voudrais bien avoir une piscine. Mais je n'ai pas les moyens de m'en offrir une. Bon. Si la GPA est autorisée en France et remboursée par la Sécu pour éviter une discrimination honteusement basée sur les disproportions de moyens entre les homosexuels riches et les homosexuels pauvres, je crois que je saisirai la CEDH*** pour que l’État me finance la piscine que je ne pourrai jamais m'offrir. Parce que, sinon, ce serait vraiment trop injuste**** et ***** !

En fait, j'entrevois bien une solution : instaurer un revenu identique pour tous. Égalité pour tous, en matière d'enfants, de vacances, de droits, de prix de l'essence, des denrées alimentaires et des voitures, etc. Elle serait pas belle, la vie dans le monde utopique d'Amélie ?

_________
* En fait, si, mais pour cela, il faut réunir au préalable un certain nombre de conditions : 
- être né fille biologiquement ;
- se sentir garçon, puis homme dans un corps de femme ;
- suivre un lourd traitement hormonal pour devenir un homme et demander un changement de sexe à l’État civil ;
- ne pas demander la réassignation sexuelle, pourtant logique pour changer de sexe à l’État civil (donc rester biologiquement une femme, avec des ovaires et un utérus) ;
- se marier avec un homme qui aime les hommes mais qui accepte que vous soyez une femme dans un corps d'homme, ce qui ne doit pas être à la portée du premier venu quand même.
Ça fait finalement beaucoup de conditions préalables pour un seul "homme", vous l'avouerez !

** Les prénoms ont été changés pour garantir l'anonymat des témoins fictifs.

*** CEDH : Cour Européenne des Droits de l'Homme

**** Et voilà comment un enfant devient un objet. Navrant, hein ?

***** Mode Caliméro : Vous aurez compris que tout ce billet est à prendre au deuxième, voire au troisième degré... quoique...

vendredi 14 février 2014

Images de femmes... image de la Femme

Internet est formidable. Comme dans tout moyen de communication, il y a ce qui est dit, ce qu'on perçoit, les non-dits aussi... et les messages subliminaux.
L'une de mes amies sur Facebook (qui lit d'ailleurs peut-être ce blog !), que j'apprécie beaucoup dans la vraie vie, ne commente jamais ce que j'y mets. Aucun problème pour moi d'ailleurs. Commente qui veut, ne commente pas qui veut et jamais je ne retirerai mon estime à quelqu'un pour une histoire de "il n'est pas d'accord avec moi alors je le vire de mes contacts". Ce serait puéril ("c'est lui qui a commencé !") et une méconnaissance totale de la liberté de pensée qui fait (encore) partie des fondements de la liberté tout court.

Mais quand même. Je m'interroge.
Sur Facebook, tout à l'heure, je tombe sur un lien posté par cette amie, lien qui renvoie vers une quarantaine de photographies mettant toutes en scène des femmes, des filles, d'âges divers, dans des situations aussi diverses que l'est la vie des femmes : femme tatouée avec un enfant dans les bras, devant un ordinateur ; petite fille jouant aux échecs ; femme en bleu de travail dans un atelier ; executive woman dans un bureau ; animatrice de groupe de parole ; femme militaire rentrant chez elle après une guerre à l'étranger... il y en a des tas, trop pour faire ici un inventaire.
Le texte est en anglais et je suis un peu fatiguée aujourd'hui, alors j'ai eu la flemme de le lire, j'avoue. Donc je me base uniquement sur les photographies (et puis, c'est un bon exercice, ça, parce que ça montre que les images en tant que telles racontent quelque chose, mais que ce quelque chose, c'est moi qui l'interprète à ma manière, au travers de mon prisme personnel, de mes préoccupations du moment, de mes croyances...). Donc ce billet est basé uniquement sur mon ressenti à la visualisation de ces photos et aucunement par rapport au message réel (ou supposé tel) délivré sur le site. Vous êtes donc prévenus : si je fais un contresens gigantesque par rapport à ce que dit ce site, c'est pleinement assumé : je n'ai carrément pas lu le texte et ne sais donc pas ce qu'il contient.

Mais bon, je pars du présupposé que le message délivré ici est de dire "Vous voyez, les femmes, les filles, peuvent tout faire ! Ce ne sont pas des "sous-hommes" : elles ont les mêmes qualités que les hommes, elles sont égales aux hommes, donc il faut mettre fin à la discrimination dont elles sont l'objet".
Entendons-nous bien : je trouve parfaitement odieux qu'une femme, quel que soit le pays dans lequel elle vit, n'ait pas les mêmes droits qu'un homme. Mais mon propos n'est pas là du tout, en fait, ces photos ne sont qu'une illustration de ce que je voudrais souligner ici et qui porte ma réflexion depuis quelques jours.

Ce que j'ai pu remarquer, c'est qu'il y a un vrai dialogue de sourds dans notre société sur des sujets polémiques comme le mariage pour tous, l'égalité filles-garçon ou la théorie du genre (zut, j'ai sans doute dit un gros mot ?).

Bon alors pour être claire : l'égalité entre filles et garçons, c'est BIEN. Le problème n'est pas là du tout. Même si les uns font en sorte de réduire le débat à cette question, il faudrait voir à sortir un peu du "tout noir et tout blanc". L'égalité entre les filles et les garçons, ça fait déjà partie du programme scolaire à l'école primaire depuis 1989. Et il faudrait être particulièrement débile pour dire que les filles ne doivent pas faire d'études parce que ce sont des filles ou qu'au mieux elles devraient se cantonner aux CAP coiffure et esthétique (sans mépris aucun pour ces professions tout à fait honorables) ou aux métiers de la santé et des soins aux personnes. D'ailleurs, ces poncifs qu'on nous sert comme justification à ce "combat" pour l'égalité entre filles et garçons sont démentis par la réalité : le nombre de filles faisant des études supérieures est, me semble-t-il, légèrement plus important que celui des garçons. Seulement, elles arrêtent leurs études plus tôt et ne font pas les mêmes études que les garçons. Peut-être parce qu'elles n'ont pas les mêmes centres d'intérêt ? Franchement, vous vous voyez étudier la mécanique parce qu'il faut la "parité" à l'IUT, alors que la mécanique ne vous intéresse pas et que votre "moi" le plus profond vous dit que vous devriez être médecin, mais qu'il y a déjà trop de filles en médecine et que donc il faut laisser la place aux garçons ? Pour moi, la question est juste un peu plus complexe que cette histoire d'égalité. 

À voir les liens qui circulent sur Facebook et ailleurs,  on serait tenté de diviser les gens en deux catégories : les réactionnaires-catholiques-fascistes qui promeuvent le retour de l'obscurantisme ("laissez donc les femmes au foyer et les hommes au travail !") et les autres, ceux qui veulent promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, dans le travail, à la maison, dans la société. Les uns seraient les "méchants" (dont je suis, visiblement !) et les autres les "gentils". Soit. J'assume.

Oui mais voilà. Ce que je pense est autrement plus complexe que cette séparation arbitraire entre les "bons" et les "méchants" (ce genre de trucs, c'est bon pour les dessins animés pour enfants et les films d'action bourrins). Premièrement, je suis catholique, certes, mais pas fasciste. Je suis pour l'égalité entre hommes et femmes, mais je suis aussi consciente qu'un homme n'est pas une femme (et inversement) et qu'hommes et femmes sont complémentaires et non pas ennemis. Là, tout de suite, ça devient plus "coloré" en termes de complexité (ce n'est plus "tout noir et tout blanc", y'a un peu de gris aussi, quoi).
Et puis, je m'interroge sur les raisons qui font que la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem (pour ne pas la nommer) tient absolument à ce que toutes les femmes travaillent, qu'elles avortent et qu'elles prennent la pilule. Entendons-nous bien, je ne dénie à aucune femme le droit de travailler. Pour l'avortement et la pilule, vous aurez compris que mes convictions religieuses m'interdisent d'en faire la promotion, mais la raison me fait dire aussi que nous sommes dans un pays libre où l'avortement est autorisé par la loi (il devient même un "droit" à part entière, ce qui est à mon avis totalement discutable, mais bon, on ne va pas refaire ici le débat sur l'avortement, surtout que je vais vite me retrouver à débattre avec moi-même ce qui serait, vous vous en doutez, assez peu productif et totalement anti-démocratique, la partie adverse n'ayant pas ici la possibilité de "débattre" avec moi) et que la contraception est autorisée, remboursée même par la Sécurité sociale (là encore, personnellement, je mettrais un bémol important sur cette disposition, mais on ne m'a pas demandé mon avis sur la question). 
Mais si la femme travaille, avorte et prend la pilule, cela veut dire qu'elle se "comporte" comme un homme, finalement. Elle gagne sa vie (et franchement, par les temps qui courent, on peut la comprendre !), mais refuse la maternité, c'est-à-dire ce qui fait sa différence fondamentale avec l'homme. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut que les femmes, toutes les femmes, n'aient comme objectif que d'avoir des enfants, je suis en train de dire simplement que ce qui fait la différence entre un homme et une femme, c'est le fait que la femme, par la maternité, peut avoir un rôle différent de celui de l'homme dans la société. Mais aujourd'hui, on veut dénier aux femmes le droit d'être des femmes. On leur demande d'être comme des hommes, d'assumer comme eux, alors même qu'elles sont différentes et ne seront jamais "comme" eux. C'est finalement une idéologie extrêmement violente à l'égard des femmes. En tant que femme, je voudrais que l'on respecte ma spécificité de femme, les fragilités que je porte, mes faiblesses, mes qualités, ce qui fait que je ne suis pas interchangeable avec un homme. Et c'est d'autant plus blessant que c'est une femme, ministre des Droits des Femmes, qui dénie aux femmes le droit d'être simplement des femmes...

Le discours dominant aujourd'hui, c'est "mon corps m'appartient" (il y a même des espagnoles qui ont inscrit leur corps comme propriété privée pour interdire au gouvernement de légiférer dessus !). Je suis d'accord avec cette assertion... jusqu'à un certain point seulement. Oui, mon corps m'appartient. Donc jamais je n'autoriserai qui que ce soit à m'obliger à faire quelque chose que je ne veux pas faire parce que ça me semble contraire à mon intérêt (entre autres : le viol est inacceptable, personne n'a le droit de me frapper, par exemple. Mais aussi : si je veux un bébé, personne n'a le droit de m'obliger à avorter !). Mais il y a une donnée qu'on semble oublier : le corps d'une femme n'est pas celui d'un homme. Je me suis posé la question suivante : pourrais-je remplacer mon mari si jamais il venait à disparaître ? Et la réponse est immédiatement "non". Non, je ne peux pas remplacer mon mari. Je ne peux pas faire ce qu'il est capable de faire. Mon mari peut conduire une camionnette durant dix-huit heures d'affilée. Il est capable de résister à la fatigue, de dormir en quelques minutes, de porter à bout de bras des piquets de vigne et d'en scier un nombre impressionnant en quelques minutes. Mon mari est capable de transporter des quantités impressionnantes de matériaux, de plaques d'isolation, de seaux de peinture, de bazar à mettre à la déchetterie... Il faut se rendre à l'évidence : mon mari possède une force physique que je suis loin d'avoir. De son côté, mon mari résiste beaucoup moins bien que moi à la douleur, aux maladies. Il ne peut pas porter notre fille de huit mois pendant très longtemps parce qu'il a mal au dos (moi aussi, mais ma résistance à la douleur plus importante que la sienne me permet de "tenir" le coup, alors que lui ne peut pas). Il n'a pas la même patience que moi, ni la même douceur (c'est le défaut qui va avec ses qualités !).

Tout cela pour dire que le problème actuellement, ce n'est pas tant la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons (ça, on est, je crois, tous d'accord pour dire que c'est essentiel) mais la question de l'identité entre les filles et les garçons. Parce que moi, quand je vois ce que veut pour les femmes la ministre des droits des femmes, j'ai peur. Ce qu'elle veut pour nous, c'est simplement que nous soyons comme des hommes. Que nous fassions la même chose qu'eux, que nous ayons accès aux mêmes choses qu'eux... Pour une histoire d'égalité ? Je caricature sans doute, mais franchement, être bûcheronne, pourquoi pas ? Seulement il va falloir adapter sacrément le poste de travail et mettre en place de super aides techniques. Parce que soulever une tronçonneuse et la faire fonctionner correctement, ma foi... en ce qui me concerne en tout cas, ça relève juste de la fiction ! Non, je ne suis pas faite pour tous les métiers. Je ne suis pas faite pour des métiers qui exigent une importante force et résistance physique. Mais c'est sans doute étonnant, ça ne me pose aucun problème, à moi, de n'être pas faite pour ces métiers-là. Ni d'ailleurs pour des métiers comme la direction d'une entreprise, le management d'équipe (même si je pense que j'en ai les capacités intellectuelles). Je ne me sens pas dévalorisée pour autant. Je pense que j'ai bien d'autres capacités, bien d'autres centres d'intérêt qui valent aussi le coup d'être explorés. Je n'ai aucunement envie de prendre la place d'un homme si un homme peut faire les choses mieux que moi. Mais j'ai toute ma place à prendre dans les domaines où j'ai les compétences, l'envie et les qualités pour le faire...

Dans toute cette histoire de "théorie du genre", je pense qu'on se trompe de problème. La question des inégalités entre hommes et femmes est un vrai problème. Mais la manière dont la question du genre tient lieu de pensée et d'idéologie à nos hommes et femmes politiques laisse à penser et pose de vraies questions.
Suis-je rétrograde, réactionnaire, anti-féministe ? Je ne pense pas. Juste réaliste. Un homme et une femme, pour moi, ne devraient pas être en concurrence. Ils sont complémentaires, ont des aptitudes et des centres d'intérêt différents. Ce qu'il manque à notre monde, ce n'est pas l'égalité entre les personnes (ça, c'est inscrit dans la Constitution). Non, ce qu'il manque à notre pays, c'est simplement le respect que l'on doit à tout être humain. Si un jour, les programmes scolaires inscrivent ça sur les frontons des écoles, je serai la première à applaudir. Sauf que ça ne devrait même pas faire partie des programmes scolaires. Ça devrait être le socle de tous et de chacun, du vivre ensemble. Il ne devrait même pas y avoir besoin d'en parler : ça devrait être évident pour chacun.

Le plus gros problème, c'est justement que ça ne l'est pas.

(c'était ma réflexion du jour, sans aucune animosité envers cette amie qui a posté le lien vers ces - par ailleurs - magnifiques photos de femmes. Merci donc, Émilie, d'avoir suscité ces réflexions !)

vendredi 7 février 2014

Le gender


La modernité s'est donné pour but de désinscrire l'individu, le plus possible, de ses groupes d'appartenance et de ses caractéristiques identitaires, afin de le rendre libre de tout. Nos caractéristiques nous déterminent: elles nous marquent, nous affilient à un groupe, d'où l'on tire l'idée qu'elles nous aliènent et nous exposent aux jugements. Celui qui n'est rien, qui n'a pas de caractéristique, peut croire que tout lui est possible et qu'il est à l'abri des regards discriminants. Désinscrire permettrait donc d'échapper aux tentations et tentatives de la discrimination. Le gender met en œuvre la dernière désinscription possible, celle du sexe. Ici, on touche le socle. La différence sexuelle est la plus naturelle, la seule différence véritablement biologique.

 Extrait de Le "gender" ou l'individu transparent, de Chantal Delsol, paru dans le Figaro du 3 juillet 2013.

Vu sur le site du Comité de la jupe :

La vraie question n’est donc pas ce que l’on pense de la notion de genre, mais ce que l’on pense de l’égalité homme/femme. Et, de fait, la lutte pour les droits des femmes remet en cause la conception traditionnelle, patriarcale, inégalitaire, des rôles attribués aux hommes et aux femmes au sein de l’humanité. Dans les sociétés en développement en particulier, la situation des femmes est encore tragiquement inégalitaire. L’accès des femmes à l’éducation, à la santé, à l’autonomie, à la maîtrise de leur fécondité se heurte à des résistances puissantes des sociétés traditionnelles. Pire encore : c’est le simple droit des femmes à la vie, à la sécurité et à l’intégrité physique qui est dans certains lieux constamment menacé. On ne peut pas, comme le fait le pape dans ses interventions à ce sujet, prétendre que l’on salue comme un authentique progrès l’accès des femmes à l’égalité des droits, et continuer néanmoins de défendre une conception de l’humanité où la différence des sexes implique une différence de nature et de vocation entre les hommes et les femmes. Il y a là une contorsion intellectuelle insoutenable.
Anne-Marie de la Haye et l’ensemble du bureau du Comité de la Jupe  27 janvier 2013

Bon. Soit. Je n'ai rien compris depuis un an, alors. Seulement, le problème, c'est que je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui est affirmé dans l'article de Mme De la Haye, loin s'en faut. Mais c'est vrai que, pour ma part, je ne suis qu'une maman, qu'une femme, qu'une catholique, donc forcément influencée par les hommes, sous la coupe de mon patriarche de mari et du pape, tant qu'on y est...
Bon, alors reprenons. Parce que même si je ne suis qu'une femme catholique, j'ai aussi, semble-t-il, un cerveau. Ca au moins, c'est une caractéristique que j'ai en commun avec les hommes (même s'il paraît que les cerveaux masculins et féminins ne sont pas connectés de la même façon... mais ça aussi, ça pourrait être lié à l'éducation et à la société, sans doute...).

Donc, la "vraie question n'est donc pas ce que l'on pense de la notion de genre, mais ce que l'on pense de l'égalité homme/femme". Soit. Si j'écris "je ne suis pas pour l'égalité homme/femme !", là, bien sûr, ça confère à l'absurdité. Bien sûr qu'on ne peut pas être contre l'égalité entre hommes et femmes ! Ce serait débile ! Ce serait comme si dire qu'un Africain et un Européen ne sont pas égaux en droits ! C'est absurde. Vraiment. Et la lutte pour les droits des femmes (et surtout pour qu'ils soient respectés partout) est un combat important, faut-il le rappeler ? Que les filles n'aient pas le droit d'aller à l'école ou de se promener dans la rue juste parce qu'elles sont des filles, c'est franchement révoltant. Sauf que la question du genre ne se pose pas en ces termes, en tout cas pas de mon point de vue (qui n'engage que moi, rappelons-le. Mais l'avantage, c'est que je suis ici sur mon blog, alors je dis ce que je veux du moment que je n'enfreins pas la loi).

Ce qui me choque, c'est ce passage-là :

On ne peut pas, comme le fait le pape dans ses interventions à ce sujet, prétendre que l’on salue comme un authentique progrès l’accès des femmes à l’égalité des droits, et continuer néanmoins de défendre une conception de l’humanité où la différence des sexes implique une différence de nature et de vocation entre les hommes et les femmes. Il y a là une contorsion intellectuelle insoutenable.
Ben si, justement, on peut. Je ne prétends pas en savoir autant que le pape sur le sujet, ni, surtout, avoir étudié la question de manière aussi approfondie que lui. Et puis, pour ma part, je n'ai pas sa sagesse. Mais saluer le progrès de l'accès des femmes à l'égalité des droits d'une part et de l'autre dire que la différence des sexes implique une différence de nature et de vocation entre les hommes et les femmes, ça ne me paraît pas choquant du tout, au contraire. Parce que ce qui est dit là, c'est tout simplement la spécificité et la complémentarité des sexes. Et la vocation pharticulière de la femme et de l'homme, en premier lieu dans la conception, dans l'enfantement et dans l'éducation des enfants. Biologiquement, je le répète une fois de plus, parce que ça a l'air d'être difficilement audible aujourd'hui, un homme et une femme ne sont pas identiques. Un homme a un pénis et des testicules lui permettant de concevoir un enfant, une femme a un utérus et des seins lui permettant d'accueillir en son sein un enfant, de lui donner la vie puis de le nourrir. Point. C'est comme ça, et ce n'est pas parce qu'on est pour l'égalité entre les personnes qu'on va pouvoir s'affranchir de cette réalité biologique. Et j'écris volontairement "l'égalité entre les personnes" parce que pour moi, c'est bien de cela qu'il s'agit. Donc quand je lis qu'il s'agit d'une "contorsion intellectuelle insoutenable", ça me fait bondir parce que c'est nier totalement les spécificités de la femme et de l'homme en tant qu'être humains sexués (et donc différents, mais pas inégaux pour autant !). Que cette réflexion vienne, en plus, de femmes se disant catholique me plonge dans des abîmes de réflexion et m'interpelle : le message du Pape et de l’Église est-il donc à ce point inaudible jusque pour les croyants ou les croyants sont-ils à ce point contaminés par l'esprit du monde (dont, pourtant, ils ne sont pas) que le message de l’Église en devient incompréhensible ?

Bien sûr que les comportements sociaux sont influencés par la société. Mais ils ne sont pas qu'influencés. Ils sont innés aussi. C'est exactement ce que démontre la vidéo sur l'expulsion de la théorie du genre en Norvège. Et qui prouve que cette idéologie est d'autant plus dangereuse qu'elle ne change en rien le problème de fond de l'inégalité entre les hommes et les femmes. Pour ma part, j'y vois une raison : ce n'est pas une question de genres, de stéréotypes, mais bien d'éducation au respect de l'autre. Et ça, il n'y a pas besoin d'études de genre pour le faire. Il suffit d'un peu de bons sens et surtout de bienveillance. Mais ça, ce n'est pas "porteur" pour les lobbys LGBT...

mercredi 5 février 2014

Contraception or not contraception ?

Dernier témoignage (oui, j'en ai fait, des bêtises ! Heureusement, le Seigneur veille sur moi et n'hésite pas une seconde à m'interpeller par l'intermédiaire d'autres personnes pour me remettre dans le droit chemin ! Ouf !), datant d'octobre 2013. Cette fois-ci, il s'agit de contraception, mais pas uniquement.

La contraception et moi, c'est une longue histoire. J'avais 17 ans quand j'ai du prendre ma première pilule, pour régler un déséquilibre hormonal comme beaucoup de jeunes en ont au moment de l'adolescence. Selon l'endocrinologue, ce traitement règlerait mon problème et régulerait du même coup mes cycles, assez anarchiques. Petit à petit, les troubles que j'avais ont effectivement diminué, mais il y avait un effet secondaire important : la disparition totale du cycle et donc des règles. Quand j'en ai parlé au médecin, il m'a dit que je devais m'estimer heureuse parce que les règles empoisonnent la vie de toutes les jeunes filles, qui rêvent souvent de s'en débarrasser. Seulement voilà : ne plus être réglée me perturbait beaucoup parce que j'avais l'impression de ne plus être une femme. La pilule touchait donc à mon être, à mon identité profonde. J'ai trouvé un compromis : jusqu'en 2001, année de mon mariage, j'ai pris ce traitement en alternant les périodes « sans » et les périodes « avec », de manière à réguler mes troubles hormonaux mais à avoir quand même des cycles de temps en temps.

Après notre mariage, j'ai alterné les périodes « avec » et « sans », également, mais pour d'autres raisons, les unes médicales, les autres psychologiques, liées à la naissance de notre fille aînée, très traumatisante pour moi. Il fallait espacer les naissances pour me donner le temps de récupérer physiquement, mais aussi psychologiquement. Nous avons donc utilisé plusieurs méthodes : outre la pilule, nous avons utilisé le Persona, mini-ordinateur permettant de connaître, à l'aide de tests urinaires, les périodes fertiles et infertiles du cycle. Après la troisième naissance, les choses se sont compliquées encore un peu puisque j'ai commencé à avoir des cycles de plus en plus anarchiques, d'une durée allant de 30 à 45 jours, avec des règles hémorragiques pouvant durer de 7 à 20 jours à peu près. Les conséquences étaient nombreuses et désagréables, avec en particulier la fatigue chronique, l'anémie et l'irritabilité, sans parler des complications dans ma vie intime avec mon mari.

Au printemps 2007, une solution a été trouvée avec la gynécologue : le stérilet. J'ai mis quelques temps à l'accepter pour plusieurs raisons : j'avais l'impression que ce stérilet allait tuer en moi la femme que j'étais, par la suppression des cycles, comme l'avait fait la pilule. Mais surtout, je savais que l’Église s'y opposait. La seule chose qui a fait remporter la décision, c'est qu'il s'agissait d'un stérilet hormonal et non pas au cuivre. Le processus est différent : le stérilet au cuivre empêche la nidation et provoque donc mécaniquement un avortement en tout début de grossesse, alors que le stérilet hormonal agit comme la pilule en empêchant la fécondation. J'ai donc pris la décision d'accepter le stérilet parce que je ne voyais à ce moment-là aucun autre moyen de vivre normalement et de régler ce problème d'hémorragies. Mais je vivais très mal le fait de devenir stérile, même si c'était une stérilité temporaire (5 ans) et réversible.
Mes conditions de vie se sont considérablement améliorées, forcément, avec la fin des hémorragies. Le bienfait au quotidien a été immédiat. Le revers de la médaille était que j'avais un plus grand risque d'infections et, en mai 2010, j'ai du être opérée de kystes ovariens. Je ne sais pas s'ils étaient la conséquence de ce stérilet, mais ce n'est pas impossible du tout.

Le 15 août 2011, une conversation téléphonique avec une amie du groupe de prière « Suis-Moi », de Sélestat, a tout changé. Elle me parlait de contraception, de son refus de la pilule. J'ai pour ma part tenté de justifier mes choix, notamment médicalement, mais sans y parvenir. L'argumentation était bancale, même pour moi.
Finalement, le vendredi suivant, je suis allée voir Philippe, juste avant son départ de Sélestat. Il a alors mis le doigt sur ce qui me posait le plus de problèmes : l'incohérence entre ma vie de foi et ma vie personnelle, et cela malgré le fait que nous avions déjà trois enfants. Il y a donc, dans la condamnation de la contraception par l’Église plus qu'une question de régulation des naissances, mais je n'étais pas encore capable de le comprendre et de discerner ce que c'était.
Après en avoir parlé à mon mari, parce que c'est une décision qui touche et regarde le couple et pas uniquement la femme, j'ai pris rendez-vous avec le gynécologue pour faire retirer ce stérilet, rendez-vous qui a eu lieu le 25 septembre.
Le bénéfice a été immédiat. Outre le fait que je me suis sentie soulagée d'un poids énorme, je me suis tout de suite sentie plus femme, mais aussi plus mère. Rétrospectivement, c'était comme si le stérilet ne m'avait pas rendue stérile uniquement pour les futurs enfants, mais aussi envers les enfants déjà nés. Quand j'en ai parlé à la gynéco, elle m'a dit que j'étais bizarre et que ce n'était que dans ma tête. Mais mon généraliste m'a dit que c'était normal : « Ce n'est pas pour rien qu'on appelle cela un stérilet ». Il m'a alors parlé de « stérilité psychique ».
Bien sûr, en retirant le stérilet, je savais que je m'exposais au retour des règles hémorragiques, puisque rien n'était réglé médicalement et qu'aucune recherche n'avait été faite pour déterminer la cause de cette maladie. Et ça n'a pas raté. Trois semaines plus tard, je me suis mise à saigner abondamment. Pendant les dix-sept jours qui ont suivi, j'ai fait tout ce qui est possible pour diminuer l'intensité du flux, en particulier avec des tisanes de plantes. Mais rien n'y a fait, au point que le 5 novembre, j'ai du quitter mon travail en milieu d'après-midi.
Le soir de ce 5 novembre, Philippe organisait à Walbourg sa première veillée d'adoration et de guérison, et il avait demandé à notre groupe de prière d'animer la veillée comme nous le faisions avec lui les années précédentes. Nous avons donc fait la route avec les trois enfants et bien sûr, après 17 jours, j'étais épuisée.

Quand le Saint Sacrement a été exposé, ce soir-là, je me suis effondrée à genoux devant Jésus, en larmes et je l'ai supplié :
« Seigneur, je suis à bout de forces, tu le sais. Tu sais que ça ne peut pas durer comme ça, alors, je t'en prie, guéris-moi. Si c'est Ta volonté, guéris-moi. Et si Ta volonté n'est pas de me guérir, alors donne-moi la force de vivre avec ces hémorragies et de les accepter, afin que je puisse m'occuper de mes enfants et être une vraie maman pour eux. »
J'ai passé un long moment devant Jésus et il y a eu du combat à ce moment-là, mais aussi plus tard. Mais le même soir, en rentrant à Sélestat, j'ai constaté que l'hémorragie s'était arrêtée.

J'étais guérie, mais en plein doute. Qu'allait-il se passer au cycle suivant ? Un mois plus tard, le 5 décembre, il y avait une nouvelle veillée d'adoration, à Sélestat. La veille, mes règles étaient revenues, également sur le mode hémorragique. J'avais très peur que la guérison de novembre ne soit que temporaire. Mais j'ai ensuite pensé à Barthimée et à l'aveugle de Siloé, dans le Nouveau Testament. Jésus les a guéris définitivement. Alors durant la veillée, j'ai redit cette prière :
« Seigneur, tu m'as déjà guérie. Je sais que quand Tu guéris, Tu ne le fais pas à moitié. Si Ta volonté est que je sois guérie, alors fais-le. Sinon, donne-moi la force de l'accepter pour que je puisse m'occuper de mes enfants. »
Trois jours plus tard, le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, mes règles se terminaient. Durant les 5 mois suivants, elles ne durèrent plus que 4 jours, tous les 28 jours. Pour la première fois de ma vie, j'avais des cycles normaux.

Lors de notre discussion du mois d'août, mon mari avait accepté l'éventualité d'un autre enfant si je retirais le stérilet. Et au mois de juin 2012, j'ai appris que j'étais enceinte. La venue de ce quatrième enfant n'était pas vraiment désirée. Plusieurs problèmes se posaient d'un point de vue pratique : avec trois enfants, il manquait déjà une pièce à la maison. Par ailleurs, nous savions ne pouvoir compter sur aucune aide du côté de nos parents pour garder un autre enfant. Il faudrait donc retrouver une nourrice si je voulais continuer à travailler. La solution qui s'est imposée a été le congé parental durant trois ans, jusqu'à l'entrée en classe du dernier de la fratrie. À l'annonce de cette grossesse, pourtant, pour ma part, j'étais très heureuse. Je la vivais comme une réparation. Alors à la fin du mois de juin, nous avons visité plusieurs maisons dont celle qui a été notre coup de cœur, à Ebersheim.
Le 20 juillet, nous avons signé le compromis de vente et le 23, j'ai appris que j'avais fait une fausse-couche. Nous avions besoin d'avancer dans nos projets pour ne pas rester sur la douleur de la perte d'un enfant, même s'il n'était pas encore né. Nous avons donc décidé d'acheter malgré tout la maison.
La signature de l'acte de vente a eu lieu le 1er octobre, en la fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, et le 7 octobre, j'avais la confirmation que j'étais à nouveau enceinte. La grossesse, contrairement aux autres, s'est très bien passée et Louise-Marie est née le 4 juin.

Cette naissance a tout changé pour moi. Je suis devenue enfin pleinement mère. Ça a l'air étrange, voire absurde de dire ça quand on a déjà trois enfants, mais la première grossesse a été tellement traumatisante que je n'ai jamais pu me sentir réellement maman pour les trois aînés, même si les choses étaient plus faciles avec Nathanaël et Rébecca.

Finalement, parce que j'ai accepté, il y a deux ans, de faire ce saut dans la foi, de vivre « sans filet » et de faire confiance, en acceptant par avance les enfants qui pouvaient naître de notre amour, le Seigneur m'a bénie de multiples façons. Il m'a guérie de ce qui m'empêchait physiquement de vivre normalement et m'a permis d'être en forme pour m'occuper de mes enfants déjà nés. Si cela n'avait été que pour moi, pour mon confort de vie personnel, j'aurais pu accepter le retrait du stérilet et ses conséquences médicales. Mais cette maladie m'empêchait aussi d'être une maman pour mes enfants déjà nés. Le port du stérilet me rendait aussi stérile psychiquement envers eux, de même que la pilule. La contraception hormonale n'est donc pas, pour moi, une solution, mais plutôt un problème. J'ai parlé, plus haut, de combat. Il a fallu lutter contre les doutes, mais aussi contre la parole de prêtres qui m'ont fait douter du bien-fondé de mes décisions. J'aurais pris trop de risques. Et que ce serait-il passé si je n'avais pas été guérie ?
Avec le recul, je me dis que cette question qui m'a été posée après-coup m'a d'abord fait croire que j'étais totalement inconsciente. Mais finalement, en gardant ce stérilet, je n'aurais jamais été une vraie maman, aimante et attentive comme je le suis aujourd'hui. C'est le double effet « kiss cool », j'ai envie de dire. La guérison physique d'abord, la plus urgente, mais aussi la restauration de mon identité de femme, d'épouse et de mère.
Par cette grossesse menée à terme, le Seigneur m'a guérie du traumatisme initial en faisant de moi non seulement la mère de Louise-Marie, mais aussi celle de Noémi, de Nathanaël et de Rébecca. D'ailleurs, le deuxième prénom de Louise-Marie, c'est Raphaëlle. Le lendemain de sa naissance, j'ai appris que l'Archange Raphaël, c'est « celui qui guérit ».

Et puis, il y a la présence, discrète, mais efficace, de Marie. Le 15 août, l'Assomption et le premier questionnement. Le 8 décembre suivant, la confirmation de la guérison qui balaye tous les doutes. Et finalement, la conséquence, qui est que je deviens enfin mère. Comment ne pas y voir la présence de Marie, elle que j'ai tant priée ces dernières années, de me donner sa patience, sa douceur et sa tendresse de mère ? Elle m'a aussi exaucée par la naissance de Louise-Marie, que nous avons placée sous le patronage de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

Ce que j'ai vécu, à travers toutes ces années sous contraceptif hormonal, c'est donc une abdication de mon corps devant la médecine. Pour des raisons médicales en premier lieu, mais il faut aussi avouer qu'à certains moments, le port du stérilet m'arrangeait bien. C'est bien plus simple au quotidien quand on n'a pas à se poser de questions sur la possibilité d'une grossesse. Mais ces hormones de synthèse ont endormie en moi la mère et la femme que Dieu à créées. Il y a deux ans, j'aurais pu ne pas écouter cette amie et garder le stérilet. C'était tellement plus simple, plus confortable, moins risqué. Mais je n'aurais alors jamais connu ce que je suis en train de vivre, la transformation entière de mon être et cette vocation de femme, d'épouse et de mère que je découvre depuis maintenant un peu plus de deux ans. J'entrevois un autre bénéfice, dans la relation de couple. Mais la naissance est encore trop proche pour que nous en ayons pleinement conscience.

Tout cela, c'est donc une histoire de confiance. Dieu, par son fils Jésus, nous conduit et nous donne ce dont nous avons besoin. Et Il se sert des épreuves que nous traversons pour nous faire grandir dans l'amour et la confiance en Lui.

samedi 1 février 2014

Ecole et transmission

Les questions s'accumulent, les réflexions aussi. Sans temps morts, sans aucun répit.
Samedi 25 janvier, une amie partageait sur Facebook l'information suivante : les parents étaient invités à retirer leurs enfants de l'école pendant une journée par mois pour protester contre l'introduction de la théorie du genre dans les programmes scolaires. 

Ce même jour, j'envoyais donc à cette amie des informations sur les questions que je me pose à propos de l'école :
- rapport de l'OMS préconisant l'éducation sexuelle dès quatre ans, à l'école.
- le document élaboré par le syndicat majoritaire des enseignants en école primaire (voir ici, pour un accès au rapport Teychenné, dont est issu le document du syndicat, et pour une analyse dudit rapport).
- Les propos de Najat Vallaud-Belkacem à propos de l'éducation des tout-petits, en crèche,
- Ceux de Vincent Peillon à propos de l'école et de la laïcité, de l'enseignement de la morale et, surtout, de sa volonté de "soustraire les enfants à tous les déterminismes".

et je lui faisais part de mes doutes quant à l'école et à la réalisation de ses missions.

Plus j'avance, plus je me renseigne, et plus les événements s'ordonnent avec une cohérence et une logique implacable et imparable.
Juste sur l'école :
- Loi sur la refondation de l'école : l'amendement de la député écologiste Barbara Pompili a été retiré in extremis de la loi. Cet amendement visait à introduire le "genre" dans les programmes scolaires.
- Rapport de l'OMS préconisant l'éducation sexuelle des enfants dès l'âge de 4 ans (quand les psys disent que c'est destructeur pour l'enfant avant 10 ans... CQFD). Ce rapport a été traduit par Santé Sexuelle, le "planning familial" suisse (voir lien ci-dessus).
- Site Aleteia rapportant le cas suisse du matériel "éducatif" à tendance pornographique plus que prononcée envoyé aux écoles. Une pétition a d'ailleurs recueilli plus de 91.000 signatures en Suisse alémanique.
- Najat Vallaud-Belkacem a fait de la lutte contre les stéréotypes liés au genre son cheval de bataille (sur ce site, ce qui est "très drôle", c'est la partie "les jeunes filles protégées contre les dommages de l'hypersexualisation". C'est "marrant", parce qu'on reconnaît ici que l'hypersexualisation est un problème, mais en même temps, ces mêmes jeunes filles sont incitées à prendre la pilule et à recevoir le vaccin contre le papillomavirus, voire à avoir recours à l'avortement, puisque la contraception et l'IVG sont désormais accessibles gratuitement pour toutes les jeunes filles de plus de 15 ans. Si ça, ce n'est pas de l'incitation à "coucher"...)
- Vincent Peillon veut donc soustraire les enfants à tous les déterminismes (dont les déterminismes familiaux et religieux bien sûr).
- La loi sur la refondation de l'école préconise la scolarisation des enfants dès deux ans (ça aussi, c'est drôle ! Parce qu'il y a quelques années, l'ancien ministre de l'éducation nationale voulait créer des "jardins d'enfants" à la charge des municipalités pour pouvoir supprimer les deux premières années de l'école maternelle, au motif que les enseignants ne sont pas là pour changer les couches ! Donc en quelques années, les enfants de moins de 4 ans sont passés du statut de "bébés" au statut d'enfants qu'il faut informer sur la sexualité ! Comme quoi, on leur fait dire et faire ce qu'on veut, aux enfants !)
- Proposition de loi visant à interdire l'instruction à la maison et rendant de fait l'école obligatoire (cette proposition émanerait de l'UMP. Comme quoi, quand je disais qu'avec la droite, on allait aussi dans le mur, mais moins vite qu'avec la gauche...). De fait, une nouvelle pétition a vu le jour...
- Loi sur la refondation de l'école et la modification des rythmes scolaires : en appliquant cette réforme, les enfants passent mécaniquement plus de temps à l'école. En plus des heures de cours classiques, les écoles doivent proposer des activités périscolaires, la plupart du temps en fin de journée puisque c'est là que le temps est libéré. Quel est le contenu de ces activités ? Rien de précis et de directif pour l'instant, mais c'est en tout cas du temps supplémentaire pour formater les enfants... D'ailleurs, les associations LGBT vont s'engouffrer dans la brèche, je parie ! À croire, tiens ! qu'elle a été faite pour elles ! (non. Pardon. Je suis très mauvaise langue aujourd'hui !).

Ca fait beaucoup. Mais c'est très cohérent.
- Le genre n'est pas passé l'an dernier : les AFC*, LMPT** et autres ont lancé des pétitions, des courriers... et l'amendement a été retiré du projet de loi. Fin du premier round.

- En s'appuyant sur le rapport de l'OMS, les questions relatives à la sexualité et à l'orientation sexuelle (donc au genre) reviennent par la fenêtre après avoir été jetées dehors par la porte.
- Parce que le gouvernement sait que les familles ne seront pas d'accord, et pour éviter l'hémorragie, le gouvernement veut empêcher les familles de déscolariser les enfants en inscrivant dans la loi non plus l'instruction mais l'école obligatoire, sous couvert de "socialisation de l'enfant" (sauf que la première socialisation de l'enfant se fait... dans la famille !).
Le deuxième round est engagé. Des pétitions circulent.

Pourquoi supprimer une liberté qui, finalement, ne concerne que très peu d'élèves au regard du nombre d'enfants soumis à l'obligation scolaire ? Peut-être parce que le nombre d'enfants scolarisés à la maison augmente ? J'ai lu sur Internet, pas plus tard qu'hier, que de plus en plus de familles musulmanes instruisent leurs enfants à la maison. Pour peu ou prou les mêmes raisons que celles qui font que je me pose aussi la question en ce moment : retirer les enfants de l'influence néfaste que peut avoir l'école (en particulier avec la question du genre qui va s'attaquer à la pudeur et à l'intégrité des enfants). En fait, les seuls enfants autorisés à être instruits à la maison seront les enfants handicapés. Ce qui, là encore, est logique et cohérent puisqu'accessoirement, la scolarité d'une enfant handicapé coûte plus cher que celle d'un enfant "normal" à cause des personnels spécialisés qui sont souvent nécessaires pour que la scolarisation soit effective. Quid de la liberté de choix, pour les familles, inscrite dans la Déclaration des Droits de l'Homme ?
Si cette proposition de loi passe, c'est clairement pour répondre à cet impératif de Vincent Peillon d'arracher les enfants au déterminisme familial. Donc d'empêcher la transmission intra-familiale.
Rhô ! Ben zut alors ! J'avais raison !

Bon alors, une fois qu'on a dit ça, ça veut dire quoi ? C'est quoi, transmettre ? Et transmettre quoi ?
Vincent Peillon poursuit une quête dont, d'ailleurs, il ne cache rien. Il veut instaurer une nouvelle religion, ni plus, ni moins. Et donc éradiquer les autres ? Quel meilleur moyen de le faire que de poursuivre ce qui a commencé dans les années 70 et se continue aujourd'hui dans la société ?
Notre curé m'a mis la puce à l'oreille l'été dernier : il voit aujourd'hui de jeunes adultes qui ne sont pas baptisés. Des jeunes de 20 ans qui vont à l'enterrement de l'un de leurs copains mais qui, au moment de la communion, restent assis sur leurs bancs. Des jeunes qui, donc, affichent clairement et sans ambiguïté leur non-appartenance à l’Église. Ce qui est bien sûr leur droit le plus strict, me direz-vous. Soit.
C'est jeunes-là, c'est une évidence, n'ont rien reçu en matière de foi de la part de leurs parents. Ces jeunes qui ont vingt ans en 2013 sont nés en 1993. Sans doute de parents nés eux-mêmes vingt à vingt-cinq ans plus tôt, soit entre... 1968 et 1973. C'est-à-dire de parents dont les parents font partie de cette génération qui avait vingt ans en 1968 et qui a décidé d'interdire d'interdire et de jeter aux orties toute morale.
Donc des parents qui n'ont pas transmis la foi qu'ils avaient eux-mêmes reçue de leurs propres parents. N'ayant eux-mêmes rien reçu, ou pas grand-chose, les adultes de ma génération n'ont rien transmis à celle génération qui a eu vingt ans en 2013. Et qui du coup est capable de croire n'importe quoi, faute de repères suffisants en matière de transcendance, de foi, de morale religieuse. C'est le règne du matérialisme, du relativisme. On pourrait se dire qu'il n'y a qu'à laisser faire : les églises se vident, les croyants sont de moins en moins nombreux, statistiquement parlant. Ils finiront peut-être par s'éteindre ? Par rapport à la génération d'avant 1968, effectivement, nous sommes minoritaires. Mais il y a une question qu'il faut quand même se poser : combien de jeunes croyants "croyaient" vraiment, avant 1968 ? Les croyants d'aujourd'hui affirment leur foi, ils la vivent plus profondément que ne le faisaient leurs aînés pour la simple raison qu'ils n'ont pas le choix : face au désert de la foi actuel, il n'y a d'autre option que d'être "entier". Les tièdes ne résistent pas, sur le long terme, aux sirènes du monde et aux arguments laïcs et anticléricaux ambiants. Et ils transmettent cette foi qu'ils se sont réappropriée.

Certains de ceux qui manifesteront à Paris dimanche contre le "mariage" pour tous, la théorie du genre et les lois hostiles aux familles font partie de ces croyants qui osent affirmer dans un monde qui relègue la religion uniquement à la sphère privée que la foi fait partie de leur identité, qu'elle leur donne des repères et une morale qu'ils souhaitent transmettre. Et c'est justement cela que M. Peillon refuse : la transmission de la morale chrétienne. Et les attaques contre les familles vont dans ce sens-là aussi : affaiblir les familles, les écraser d'impôts, de contraintes toujours plus grandes, les priver de leurs libertés dans les choix éducatifs... les obliger, en somme, à plier sous l'espèce de dictature que ce gouvernement veut mettre en place dans notre pays. Tout cela commence bien sûr par l'école : en formatant les jeunes enfants, en leur bourrant le crâne avec des théories tout aussi absurdes qu'invalides scientifiquement, le gouvernement cherche à avoir la main-mise sur leurs jeunes esprits malléables de manière à s'assurer la fin de la foi catholique en particulier (parce qu'il ne faut pas se leurrer : l'islam n'est aucunement visé : les socialistes ont trop besoin de leurs voix... Il n'y a qu'à voir la différence de traitement quand une mosquée et une église sont prises pour cible : il a fallu plus de 15 jours à Manuel Valls pour condamner la profanation de l'église de la Madeleine, à Paris, par des Femen. Si cela avait été une mosquée, la condamnation aurait eu lieu immédiatement, cela ne fait aucun doute).

Voilà le genre de questions que posent les réformes actuelles des programmes scolaires : derrière, il y a une idéologie extrêmement dangereuse pour les libertés individuelles, pour la liberté de croyance et de religion. Qui pourtant est bien inscrite dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Mais notre pays mérite-t-il encore le nom de Patrie des Droits de l'Homme ? Je pense qu'on est en droit de se poser la question.

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*AFC : Association Familiales Catholiques
**LMPT : La Manif Pour Tous