Blog d'humeurs,
blog de textes personnels,
de recettes de cuisine ou de coups de gueule,
blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

vendredi 15 mai 2015

Tu ne tricheras pas


Ce matin, j'ai été réveillée par les informations à la radio. Normal, il fallait bien que je me lève pour aider les enfants à se préparer à aller à l'école. Mais je ne me suis pas levée tout de suite, parce que l'information que je venais d'entendre était sidérante, proprement hallucinante. Non pas que je ne la connaissais pas, mais le compte-rendu rapide du journaliste de la radio (vous savez, celui qui a 3 minutes chrono pour donner l'essentiel de l'actualité en France et dans le monde, à 7h du matin ?) a bien donné toute l'aberration du monde dans lequel nous vivons désormais. Parce que oui, c'est aberrant. Et sidérant tout simplement.

Il s'agit, bien sûr, de cette "régularisation" de trois enfants nés par GPA, pour lesquels le Tribunal de Grande Instance de Nantes a considéré qu'il allait de leur intérêt que leur état civil soit bien retranscrit, à savoir qu'ils sont tous les trois nés de deux pères...
L'information, je l'avais eue hier soir, rapidement, en lisant les dépêches. Mais ce que j'ai entendu ce matin, c'est tout simplement que le TGI de Nantes aurait considéré qu'il était dans l'intérêt des trois enfants que l'on triche avec leur filiation ! Rien que ça !

Franchement, j'ai failli m'étrangler quand j'ai entendu ça. Est-ce la manière dont le journaliste a repris l'information quand il a écrit son papier ou bien est-ce réellement ce que le TGI a fait valoir ? Dans un cas, on peut parler, sans doute, d'abus de langage. Mais si c'est bien ce que le TGI de Nantes a voulu faire savoir dans son arrêt, alors notre société a un gros, un très très gros problème...

Parce que ce que j'ai appris dans l'article en lien plus haut, c'est que le TGI s'est simplement appuyé sur les décisions de la CEDH de l'an dernier, pour lesquelles la France n'avait pas fait appel et qui, maintenant, s'appliquent donc en France (la preuve).
Peu importe, finalement, à qui revient la faute. Ce que je vois, c'est que le TGI a considéré qu'il était dans l'intérêt des enfants qu'on leur mente sur leurs origines, qu'on leur dise, par la force de la parole de la justice, qu'ils sont les enfants de deux hommes. Qu'on triche avec leurs origines.

Je suis triste pour mon pays. Parce que nous avons perdu ces fameuses "valeurs" qui faisaient sa grandeur. Au nom des "valeurs" humanistes ou venant de je ne sais où, on en arrive à mentir sciemment à des enfants en leur faisant croire que c'est mieux pour eux. Or tout le monde sait, au fond de lui-même, qu'il vaut mieux pour un enfant qu'il ait un père et une mère, même si les aléas de la vie font que ce père et cette mère peuvent s'être séparés ou que l'un d'eux peut avoir disparu. Non, là, on dit en quelque sorte à l'enfant que c'est "bien" de mentir et de tricher. On en vient donc à nier les fondements mêmes de notre société, de notre "vivre ensemble" (terme très à la mode en ce moment). Comment, plus tard, les parents pourront-ils dire aux enfants qu'ils ne doivent pas tricher à l'école ou mentir quand ils veulent obtenir quelque chose ? Comment les adultes peuvent-ils être crédibles dans leur tâche éducative si les fondements de leur parentalité sont elles-mêmes les fruits de la triche et du mensonge ?
Notre monde va droit vers sa fin. Je ne sais pas ce qui va le remplacer... et je crois que je n'ai pas vraiment envie de le savoir. 
Je crois que je vais prendre la prochaine navette en partance vers Mars ou Jupiter, tiens... Reste plus qu'à trouver le financement. Et si je me mettais à jouer au loto ?! :)

samedi 9 mai 2015

Toute la vie...



Il y a quelques semaines, il y a eu une polémique autour de la dernière chanson signée Jean-Jacques Goldman pour les Enfoirés, intitulée "Toute la vie". La teneur de la polémique elle-même, je ne m'en souviens plus vraiment, mais cette histoire m'a incitée à me demander ce que disait exactement cette chanson. Et de réfléchir un peu dessus. D'autant que certains événements nous touchant directement m'y obligent plus ou moins...

Les paroles sont plutôt négatives dans l'ensemble. En gros, les Enfoirés (les adultes, à droite dans la vidéo), répondent aux adolescents qui se trouvent en face et qui les accusent d'avoir en quelque sorte bien profité durant leur vie et de leur laisser un monde pourri dans lequel il n'y a que chômage, pollution, violence et sida.
Les adultes répondent que ce qu'ils ont, ils se sont battus pour l'avoir, mais que leur chance, c'est qu'ils sont jeunes et qu'ils ont toute la vie devant eux pour bâtir leur avenir.
Et puis, il y a cette petite "pique" de la part des adultes envers les jeunes : 
"À vous de jouer, mais faudrait vous bouger"

Et c'est là que je "tique" un peu (sur beaucoup d'autres choses aussi (je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il y a dans cette vidéo, mais certains points soulevés sont intéressants), mais c'est cette seule phrase qui est entrée en résonance avec ce que nous avons vécu et que nous vivons toujours depuis quelques mois maintenant (déjà en germe depuis quelques années, mais particulièrement frappant depuis environ un an ou deux).

Mon mari est viticulteur et, depuis maintenant au moins six ou sept ans, il emploie un apprenti qu'il forme à son métier, un travail où on est dehors, au grand air, mais qui peut être physiquement difficile à certains moments (comme quand il faut tailler les vignes, arracher le bois mort pour permettre aux nouvelles branches de pousser, ou encore lier les jeunes pousses pour leur donner l'arcure adéquate ou retirer les rejets au pied des plants pour éviter qu'ils n'étouffent... sans parler des vendanges). Un métier physique, en contact avec la nature, dans lequel certains peuvent s'épanouir... à condition de "se bouger" un peu quand même et de ne pas rechigner à la tâche.

Or, qu'est-ce qu'il se passe depuis un peu plus d'un an ? Les jeunes qui défilent (parce que c'est vraiment ça à certains moments) ne "tiennent" pas longtemps. Mon mari les fait venir, sur leur demande, pour des essais d'une semaine, histoire de savoir si c'est vraiment dans ce métier qu'ils veulent faire leur apprentissage.
Les deux derniers n'ont pas tenu deux jours. Véridique.
Alors oui, c'est un travail difficile et exigeant, on est dehors par tous les temps ou presque (faut pas pousser non plus, ce n'est pas le bagne et quand il pleut trop, on ne peut rien faire dehors alors c'est plutôt sympa d'être dans la cave pour étiqueter les bouteilles ou les mettre en cartons, par exemple, et physiquement, c'est nettement moins dur !). Mais ce qui est en cause, ce n'est pas vraiment la dureté du métier. Sur une journée et demie, c'est un peu difficile à apprécier... Non, ce qui est en cause, c'est quand même la mentalité de ces jeunes. Le dernier a commencé la journée et, à peine arrivé dans la parcelle, a demandé à mon mari s'il savait si "chauffeur de bus, c'est pas moins dur, comme métier, et mieux payé"...
Avec un niveau pareil, on n'est pas rendus, comme disent les petites vieilles en Bretagne...

Alors de qui on parle ? On ne parle pas des jeunes hyper-diplômés qui enchaînent les stages sous-payés (quand ils le sont) et décrochent leur premier CDD à plus de 28 ans. On ne parle pas non plus de ceux qui ont de telles difficultés à l'école qu'une autre orientation que le lycée est impérative et qui, eux, vont trouver sur leur route des institutions susceptibles de les accompagner dans la construction de leur parcours professionnel, quand c'est possible.
On ne parle pas plus de jeunes qui cherchent un travail activement, essuient des refus plus ou moins élégants et remettent le pied à l'étrier tout en faisant des petits boulots en soirée et le week-end parce qu'il faut bien manger.
Non, on parle ici de jeunes qui, à 24 ans, n'ont toujours aucune formation, mais, plus grave, n'ont même aucune idée de ce qu'ils vont bien pouvoir faire de leur vie. L'avant-dernier candidat n'est même pas venu, pour tout dire, parce qu'il a eu un problème de voiture et que sa semaine découverte devait avoir lieu pendant les vacances scolaires, durant lesquelles il voulait passer du temps avec sa fille de deux ou trois ans !
Entendons-nous bien : je considère comme parfaitement louable et même souhaitable qu'un père passe du temps avec sa fille et mette les priorités sur sa famille. Mais justement, la priorité, pour un père qui se respecte, n'est-ce pas de pouvoir nourrir sa famille ? Il semble que cela fait partie de son devoir d'état. Et, pour ce faire, trouver du travail ou se former pour en trouver un plus tard me semble être une priorité. Il ne s'agit pas du tout d'un discours sexiste de ma part (sur le mode "Les hommes au boulot, les femmes à la maison pour s'occuper des gamins") mais bien d'une réalité qui rejoint chacun : quand on a pris la responsabilité d'avoir les enfants, le minimum, c'est de prendre aussi les moyens pour subvenir à leurs besoins (ça tombe tellement sous le sens que je me demande encore comment je peux en arriver à écrire, ici, sur ce blog, de telles banalités. Mais il semblerait que depuis quelques temps, l'enfonçage de portes ouvertes soit devenu une nécessité, tant les évidences semblent ne plus en être... vous m'excuserez donc ces lignes parfaitement inutiles pour toute personne non polluée par le discours politiquement correct et bien-pensant ambiant).

Donc, même si je trouve normal qu'un père prenne du temps avec ses enfants, je trouve quand même regrettable qu'il ne mette pas la priorité sur la recherche d'un moyen de subvenir à leurs besoins. Or l'exemple de ce jeune homme, jeune père de famille, me donne à réfléchir quelque peu sur certains jeunes que mon mari est amené à côtoyer et à former, s'ils tiennent jusque-là. Entre le dernier cité et celui qui hésitait entre viticulteur et chauffeur (avec une nette préférence apparemment pour le métier de chauffeur de bus, jugé plus "cool" et moins fatigant que le métier de viticulteur), il y a une question qui se pose : que recherchent désormais une partie des jeunes gens ?
Est-ce qu'ils recherchent un travail ? Une formation ?
Est-ce qu'ils recherchent un moyen de gagner bien et rapidement de l'argent ?
Dans le premier cas, pour ceux qui n'auront pas pu suivre une scolarité classique (type collège-lycée et études supérieures plus ou moins longues), l'apprentissage est une voie intéressante pour se former à un métier auprès d'un professionnel qualifié et, en général, qui aime son métier et le fait bien. Il ne faut pas oublier que l'apprentissage est assez compliqué pour le patron qui, s'il a, il est vrai, quelques aides financières (réduites à la portion congrue ces derniers temps), doit aussi faire face à la responsabilité de la sécurité de son apprenti et à son incompétence (incompétence 100% normale, puisque le jeune est en formation). De la part de l'apprenti, on peut au moins espérer qu'il se conforme aux règles de sécurité, qu'il arrive à l'heure au travail (l'apprenti n'est plus dans un cadre scolaire mais dans un cadre professionnel et dépend du droit du travail, même si une convention a été passée entre l'école où il est inscrit pour faire sa formation théorique et l'employeur qui a accepté de le former concrètement). et qu'il fasse ce que lui demande son patron.
Dans le second cas, si l'objectif est de gagner rapidement de l'argent (et de préférence beaucoup), il vaut mieux soit être nanti, soit gagner au loto ou, dernière option, se lancer dans le commerce de la drogue ou des armes, c'est plus dangereux mais bien plus lucratif que de monter des murs, faire du vin ou s'échiner sur un toit à remplacer des tuiles.

Malheureusement, il est à déplorer qu'aujourd'hui, de plus en plus de jeunes qui se lancent dans un apprentissage (quand ils arrivent jusqu'à l'inscription au CFA) ne font même plus semblant de s'intéresser au métier qu'ils vont exercer un jour, quand leur apprentissage sera terminé... Nous sommes peut-être tombés sur des charlots ou des fumistes, je ne sais pas, mais à l'exception de trois d'entre eux, tous les autres ont quitté rapidement l'entreprise pour diverses raisons, allant de l'absentéisme à la désobéissance, en passant par le "c'est trop dur, je ne tiendrai pas", j'en passe et des meilleures.
Qu'est-ce à dire ?
Ces jeunes qui n'ont pas leur place à l'école (collège ou lycée) puisqu'ils en sont sortis, mais qui ne font pas beaucoup d'efforts pour apprendre un métier de manière très concrète et immédiate (il n'y a rien de plus formateur, à mon sens, que de faire soi-même sous les directives d'un professionnel), malgré leur apparente bonne volonté, que peut-on faire pour eux ? Sont-ils destinés à l'errance dans les formations professionnelles qu'ils vont rencontrer ou, pire, à Pôle Emploi ?
Certains sont d'une naïveté confondante et expliquent la bouche en cœur qu'ils cherchent un travail pas fatigant et bien payé, sans avoir aucune formation et souvent sans même être capables d'écrire correctement leur langue maternelle (on ne parle même plus de savoir ou non compter, malheureusement). Je me dis que là, ça va devenir quand même très compliqué pour eux de mener à bien un tel projet professionnel. Comment faire valoir financièrement auprès d'un employeur potentiel des compétences que l'on n'a pas ? Comment avoir un métier quand on arrête sa formation après quelques semaines au motif que c'est trop dur ?

C'est quoi, le problème ? 
La motivation ? Pour certains, la motivation est là, et bien là. L'un des jeunes qui avait demandé à faire un stage découverte avait appelé plusieurs fois l'entreprise familiale pour s'assurer qu'il pouvait venir, qu'on le prendrait bien pour une semaine, parce qu'il voulait absolument commencer une formation à l'automne prochain. Il a tenu 24 heures.
Je me demande si une partie du problème ne vient pas d'une certaine idée du travail, véhiculée depuis quelques années maintenant, sur le mode "Je travaille mes 35 heures et je me la coule douce le reste du temps et je peux en plus demander une augmentation parce que les patrons, c'est tous des riches avec des des salaires de ouf".
Je ne suis pas certaine que ce soit de la paresse. J'ai de plus en plus l'impression que ces jeunes en déshérence, on leur a vanté une société de loisirs dans laquelle tout est facile, à portée de mains, de tweet et de clic et où il suffit de demander pour obtenir. Seulement, le retour à la réalité, sur le terrain, est parfois brutal. Passé 25 ans, l'apprentissage n'est plus possible. Le jeune tombe alors dans le RSA, encore doit-il justifier d'une recherche d'emploi. Quant au chômage, les droits financiers qui vont avec ne sont ouverts que si le jeune a un peu cotisé. Sinon, c'est que dalle sauf l'autorisation de... chercher du travail, avec l'efficacité qu'on connaît en ce qui concerne l'accompagnement dans la recherche d'emploi par le personnel débordé de l'agence concernée par la question...

Oui, je me demande vraiment si, pour une frange de notre jeunesse, celle qui finalement paie le plus lourd tribu au chômage, le fond du problème ne vient pas du fait qu'ils ont cru en ce monde de loisirs qu'on leur a vendu, où tout est dû et tout est facile...
On peut s'amuser à chercher les responsables : les parents ? Les enseignants ? Les politiques ?
La question restera stérile tant que les jeunes en question n'auront pas simplement pris la mesure de leur propre responsabilité dans cette galère : "À vous de jouer, mais faudrait vous bouger"...

(pour le coup, j'aimerais vraiment, quand je vois ces jeunes paumés en recherche de stage, avoir autre chose à leur dire que ça...)

vendredi 8 mai 2015

Post-divorce

Je sens que je ne vais pas m'attirer que des sympathies mais tant pis.

On n'a pas fini d'avoir des problèmes...

Je tombe aujourd'hui sur cet article, relatant rapidement les déboires d'un couple "people" à propos de.. ses embryons congelés, alors que le couple en question s'est séparé.
Quid des "futurs enfants à naître" du couple ?

Toute cette histoire m'inspire quand même quelques réflexions (bien pauvres, c'est vrai, mais suffisantes pour montrer la complexité des choses et le pourquoi de certaines des opinions que j'ai) :
un couple congèle des embryons issus d'une fécondation in vitro (il y a donc un "projet parental", on ne peut en douter), mais au préalable, les deux amants (ils ne sont pas mariés, ou peut-être que si, mais l'article parle de "l'ex-petit ami" donc j'en conclus qu'il n'y a pas de mariage, sinon on parlerait de "l'ex-mari") ont signé un accord avant de faire la FIV à propos des futurs embryons, précisant qu'ils ne pouvaient "être utilisés sans une entente mutuelle".
L'ex-futur papa a entamé une procédure judiciaire à l'encontre de l'ex-future maman pour "obtenir la tutelle des embryons".
Soit.
J'en conclus plusieurs petites choses :
- l'embryon n'est pas une personne (on nous le rabâche constamment à propos de l'avortement, c'est ce qui permet aux avorteurs et à ceux qui souhaitent avorter tranquillement de ne pas avoir de problèmes avec leur conscience : ils peuvent se dire qu'ils n'ont tué personne, c'est bien plus pratique et ça permet de bien dormir la nuit), mais on peut être amené à avoir un "projet parental" pour lui et, mieux, à demander à avoir la "tutelle" d'un ou de plusieurs embryons
- Ça veut dire quoi, avoir la "tutelle" des embryons ? Jusque là, je n'en avais aucune idée, mais en regardant le contexte de l'affaire, dans l'article, il est dit que les embryons ne peuvent pas être "utilisés sans une entente mutuelle", à cause de l'accord qui a été signé entre les deux partenaires de l'ex-couple parental. Or, qui dit entente mutuelle dit que les deux "parents biologiques", puisque c'est de cela qu'il s'agit, doivent être d'accord pour faire naître l'un ou l'autre de ces futurs enfants potentiels. Avoir la "tutelle" de ces embryons voudrait-il donc dire "en avoir la responsabilité" ou, pour le dire plus prosaïquement "pouvoir en disposer comme bon semble au parent qui en aura le privilège" ?
- Là où ça se corse, c'est que les futurs parents se sont séparés et que, bien entendu, il n'est plus question, après cela, qu'ils mettent au monde ces enfants ensemble.
- D'un point de vue strictement comptable, le père est propriétaire de la moitié des gênes de chacun des embryons et la mère de l'autre moitié. Donc les embryons, finalement, ils appartiennent à qui ? La réponse devrait être simple : au couple (si tant est qu'un embryon puisse appartenir à quelqu'un. Rien que ça, ça me pose un léger problème, parce que c'est comme de dire qu'un de mes enfants "m'appartient"... ce qui n'est pas le cas. Nos enfants nous ont été confiés afin que nous les aidions à grandir. C'est tout. En ce sens, ils ne nous appartiennent pas. Et puis, mettre une notion de "propriété" sur un enfant ou un embryon, c'est réduire un être humain à un objet ou une marchandise... non ?). Sauf que le couple... il n'existe plus. C'est donc le serpent qui se mord la queue, là. Parce que concrètement, sauf à dénoncer le contrat qui a été passé avant la FIV, aucun des deux ne pourra faire naître l'un ou l'autre des enfants pour la simple raison qu'aucun des deux ne peut les utiliser seuls.
- Et puis, ce terme "utiliser", c'est à hurler. Parce que ça veut dire, là encore, que l'embryon, qui n'est donc pas une personne est vraiment considéré comme un objet. Que l'on peut utiliser comme on l'entend, le congeler quand la mère a 25 ans, le décongeler si l'envie lui prend, quand elle en aura 70, histoire de battre une nouvelle fois le record de la mère la plus vieille du monde...

L'embryon, un objet, donc, objet de désir de la part des parents biologiques, objet de tractations dans le cas présent, tractations d'autant plus sordides que si le contrat est dénoncé, l'enfant qui est susceptible de venir au monde, quel que soit le parent qui aura eu gain de cause, sera privé de l'un des deux... sauf si les deux géniteurs décident qu'ils se sont trompés quand ils se sont séparés et qu'ils se remettent à vivre ensemble... on peut rêver.

L'un des gros problèmes qui se posent, donc, dans ces cas de divorces compliqués de FIV, de PMA ou autres, c'est donc que l'enfant y est un objet, un droit... pas un être humain. Il est un enjeu, une condition, une marchandise, qui fait l'objet de tractations, de contrats, d'accords... que ce soit, comme ici, par FIV ou, comme dans d'autres pays, par GPA. L'enfant n'est pas ou plus considéré comme un don (d'ailleurs, comment pourrait-il être considéré comme un don quand on sait par quelles épreuves passent les couples qui ont recours aux FIV et aux PMA ? Il est plutôt le résultat d'un combat gagné par les parents contre l'adversité ou la nature qui a "condamné" les parents à l'infertilité et les a obligés à avoir recours à la FIV ou à la PMA...). L'enfant n'est donc pas un don, mais un dû. Un véritable objet, une marchandise certes très précieuse (la plupart du temps, les couples qui ont recours à ces techniques pour avoir un ou des enfants aiment infiniment leurs enfants, tout comme les couples qui les ont naturellement d'ailleurs), mais une marchandise quand même... et ça fait toute la différence avec les enfants nés de manière parfaitement naturelle.

Finalement, je me dis que tout cela serait facilement évitable si on changeait de perspective. Et si, au lieu de considérer que l'embryon n'est pas une personne (au sens juridique du terme), on commençait à le voir comme un enfant en devenir, un être humain à part entière ? Parce que, finalement, c'est très hypocrite, tout ça. L'enfant n'a aucun droit, la mère peut, au nom de son droit à disposer de son corps (et du coup du corps du bébé qui est dans son ventre), mettre fin à son existence ("purée, faut quand même pas pousser ! c'est mon corps et j'en fais ce que je veux !" J'ai envie de dire : "fallait pas avoir des relations sexuelles si tu ne voulais pas de bébé. Une méthode hyper-efficace contre les grossesses non désirées existe, elle est fiable à 100%, et c'est l'abstinence !). J'avoue en avoir un peu marre de l'argument "c'est mon corps et j'en fais ce que je veux". Oui, c'est ton corps, mais tu es aussi responsable de tes actes. Donc si tu es enceinte (là, en plus, la responsabilité est partagée avec le futur père, ça va de soi), ben faut pas venir pleurer sur la contraception qui ne marche pas ou le préservatif qui a craqué... quand on se connaît bien, on sait quand on peut et quand on ne peut pas avoir de rapports sexuels. C'est juste plus contraignant que la pilule, c'est vrai... Bon, je ne vais pas continuer sur ce chapitre, parce que ça va hurler dans les chaumières, je le sens.*
Toujours est-il que je me dis qu'un peu plus de sens des responsabilités, un peu plus de respect de l'autre, et surtout une autre perspective (le bébé est un être humain dès sa conception), on éviterait pas mal d'ennuis, et surtout on assumerait mieux ses actes.

Je me suis éloignée du sujet, pardon pour cette honteuse digression.
Donc, que vont devenir les petits bébés congelés ? Ah non, pardon. Ce ne sont pas des "bébés", mais des "enfants à naître"... Tiens, c'est marrant, la fin de l'article ! On passe d'embryons à "enfants à naître" ! Je ne peux pas m'empêcher de citer :
"Une femme a le droit de mener une grossesse à son terme même si l'homme est contre. Est-ce qu'un homme qui veut assumer toutes les responsabilités parentales n'aurait pas le droit également de mener ses embryons à terme même si la femme est contre?", interroge-t-il. "Ces questions, contrairement à l'avortement, n'ont rien à voir avec les droits d'une personne sur son propre corps mais avec le droit d'un parent de protéger la vie de son enfant à naître"
C'est beau, non ? Ce qui est génial, ici, c'est qu'on passe de considérations diverses sur des embryons (privés de droits et d'existence juridique) à des "enfants" qui, eux, sont sujets de droits, puisqu'il y a, dans notre beau pays et même un peu partout dans le monde, une Charte Internationale des Droits de l'Enfant ! On déplace donc le problème sur le plan émotionnel avec la responsabilité du père... En passant, il y en a au moins un qui a tout compris de l'imbroglio juridique dans lequel les lois sur l'avortement, la FIV et les droits des femmes à disposer de leurs corps nous ont mis : il y a discriminations, messieurs !!! Oui, vous êtes pris en otages par ces femmes qui, elles, peuvent vous faire un enfant dans le dos quand elles le veulent. Ce sont elles qui ont le pouvoir puisque ce sont elles qui ont un utérus. C'est injuste, mais c'est un fait qui ne pourra pas être changé dans l'immédiat. Mais vous, vous comptez faire comment pour faire valoir vos droits de "parent de protéger la vie de votre enfant à naître" ? Si la mère biologique des bébés ne veut plus d'enfant avec vous, vous allez faire quoi pour faire naître cet enfant ? Demander à votre nouvelle copine de porter les embryons de votre ex au motif que ce sont vos enfants ? Parce que, justement, pour que cet embryon devienne un jour un enfant, il lui faut un utérus pour se développer... Et donc la nouvelle copine du papa des embryons va se retrouver être la mère porteuse d'enfants qui ne sont pas d'elle et qu'en plus, elle devra élever ? 

Oh, non, je sais. Mais c'est encore pire alors ça me fait frissonner. Non, votre nouvelle copine, elle, voudra des enfants avec vous, c'est presque certain. Mais elle voudra qu'ils soient aussi d'elle. Du coup, pour vos embryons congelés, il faudra soit que vous louiez un autre ventre (c'est la GPA ! Youpi !), soit, pire, que vous fassiez appel à une technologie qui, il y a dix ans, nous était promise pour 2050. Elle n'existe pas encore, mais étant donné les progrès de la médecine et leur rapidité, il y a bon espoir que ce soit pour plus tôt que ça. Les utérus artificiels. Si, si.

On n'est pas dans la m.... !

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* Alors on va me dire "oui, mais qu'est-ce que tu fais de celles qui avortent suite à un viol ou un inceste ?"
Euh... oui, effectivement, là, on ne peut pas dire que la femme est responsable de cette grossesse. Seulement, je me pose une autre question : le viol, en soi, est déjà un traumatisme grave, voire gravissime pour la femme. Alors oui, c'est une abomination pour celle qui a vécu un viol ou des relations incestueuses non consenties. Mais l'avortement lui-même est aussi un traumatisme. Donc pour la femme qui a subi ce viol, on lui rajoute un second traumatisme ? Pourquoi serait-ce normal ? L'avortement, ça efface le viol ? J'ai la grâce de n'avoir jamais eu à subir cela. Mais je me dis que quand on est cambriolé, on ne met pas ensuite le feu à la maison pour "effacer" le cambriolage et les traces laissées par les cambrioleurs. On fait le ménage, on ajoute des alarmes et des serrures sécurisées, on porte plainte, on rachète ce qui a été volé, bref, on s'adapte et on reconstruit comme on peut. Et petit à petit, le temps fait le reste. Pourquoi infliger à la femme traumatisée par un viol un second traumatisme avec l'avortement ?
Et puis, il ne faut rien exagérer quand même : la plupart des femmes qui avortent (plus de 220.000 par an en France) n'ont pas été victimes de viols ou d'inceste. Mais de problèmes de pilule ou, plus simplement, de "ce n'est pas le moment" ou "ce n'est pas la bonne personne". C'est bien moins dramatique mais, je crois, plus proche de la réalité. Seulement on veut continuer à justifier l'avortement "pour les cas extrêmes" parce que c'est mieux pour la conscience et la moralité de ceux qui demandent la possibilité d'y avoir recours, alors même que la loi, récemment, a été changée pour supprimer la notion de "détresse" et permettre à toute femme qui le souhaite d'avorter. Donc on fait de l'avortement quelque chose de "bien" (au sens de légal, sachant que je commence à douter sérieusement du fait que toutes nos lois sont établies dans le but de viser le bien général), un moyen comme un autre d'éviter une grossesse, en niant totalement le droit du bébé à naître un jour, son droit le plus strict à vivre.