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mercredi 30 septembre 2015

Maternité et vocation ou vocation à la maternité

Cela fait longtemps que je n'avais pas écrit ici. Pas le temps, pas envie, impression de n'avoir rien de neuf à dire… Sans doute un peu tout cela à la fois. Mais à midi, en terminant la lecture de ce petit livre, j'ai eu envie de m'y remettre, parce que ce livre-témoignage a eu un profond écho en moi.
En particulier deux aspects que l'auteur évoque :
« Mère et consacrée » et « Les dons de la grâce donnés par Dieu », en particulier les « moyens nécessaires ».

La maternité est une vocation. Tout comme la prêtrise, le mariage ou la vie religieuse. Pendant longtemps, je me suis dit que la plus haute vocation, pour une femme, c'était d'être religieuse, entièrement donnée à Dieu, avec tout le temps disponible pour être « branchée » en direct sur Lui par la prière. J'y voyais une opposition avec la vie d'épouse et de mère, comme si cette vie maritale était un pis-aller pour celles qui ne pouvaient supporter de vivre seules, sans homme, et ne pouvaient renoncer aux « plaisirs de la chair », comme on dit souvent.
C'est ma rencontre avec une amie très croyante, quelques jours après « la » rencontre avec celui qui allait devenir mon mari, qui a tout changé en moi. Je l'ai déjà dit dans un autre billet, mais cette phrase (« Le mariage est aussi une vocation ») a balayé tous mes doutes en un quart de seconde, alors même que ces mots, en eux-mêmes, ne réglaient en rien ma question à ce moment-là. En effet, la question, c'était « À quoi Dieu m'appelle-t-il ? Au mariage ou à la vie religieuse ? » Mais il faut croire que le seul frein que j'avais par rapport au mariage, c'était que je le voyais comme une solution de secours pour ceux et celles qui n'étaient pas assez forts spirituellement pour embrasser la vie consacrée.
Des années après, en fait en juillet 2014, lors d'une formation à la théologie du corps de Jean-Paul II, j'ai commencé à percevoir en quoi le mariage est une vocation et, surtout, sa beauté.

Pour en revenir à ce livre d'Isabelle Laurent, elle y parle de la rencontre avec Christian, son mari, et de l'évidente évidence qui s'est emparée d'elle à ce moment-là. J'ai eu l'impression, en lisant ces lignes, de lire une version alternative de ma propre histoire, parce que j'ai, moi aussi, senti qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de dire « oui ». Que c'était Jean-Luc et personne d'autre et que le Seigneur me confiait à lui, tout en me le confiant à moi, pour notre bonheur à tous les deux. D'où, d'ailleurs, mon désarroi quelques jours plus tard quand tous ces signes contradictoires sont venus perturber ma logique et mes certitudes...

Alors après, nous avons obéi à ce qui nous était demandé et avons entamé la préparation au mariage proposée par notre paroisse. Et c'est là que j'ai compris le décalage. Au CPM (Centre de Préparation au Mariage) et dans toutes les autres préparations au mariage, on insiste sur le dialogue, l'apprentissage de la connaissance de l'autre, le discernement, le temps à s'accorder et à accorder au couple pour pouvoir dire « oui », « librement et sans contraintes » le jour « J ». Pour ma part, c'était tellement évident que c'était lui que je ne voyais même pas l'intérêt de me poser la question. Par ailleurs, le décalage était aussi flagrant avec les autres couples de fiancés qui se posaient des tas de questions, avaient besoin de s'éprouver et d'éprouver leur amour par la vie commune avant le mariage… À un moment, j'ai pensé que nous étions fous. Fous parce que ça allait très vite (un mois entre le jour de la rencontre et le jour où nous avons fixé la date du mariage, oui, c'est possible : nous l'avons fait !), fous aussi parce que nous étions, nous nous sentions différents. Chaque histoire, chaque couple est unique et beau dans son unicité. Pour nous, c'était un savant mélange de saut sans filet, d'inconscience totale de ce qui nous attendait et de confiance absolue en l'autre et en l'Autre.

Parce qu'il était très clair dès le départ que notre couple ne se serait jamais construit par notre seule volonté, il était évident pour Jean-Luc comme pour moi que notre couple était voulu par Dieu, qu'Il avait un plan pour chacun d'entre nous, mais aussi pour nous deux en tant que couple.
C'est pour cette raison que je pense qu'il est fondamental d'être « branché » sur Dieu. Parce que Dieu nous aime et nous veut heureux. De cela, je suis absolument certaine. Et en plus, Dieu connaît intimement chacun d'entre nous. Il sait donc exactement ce dont j'ai besoin et qui, sur cette terre, est susceptible de m'aimer assez pour faire le pari complètement délirant de passer avec moi le reste de sa vie, « pour le meilleur et pour le pire ». Très honnêtement, plus de 14 ans après, je m'émerveille encore du « Oui » de Jean-Luc…
Donc, il y a une chose très simple à faire pour être heureux : s'en remettre à Dieu. S'abandonner à Sa volonté, Lui laisser les rênes. Cela suppose de mettre son ego, son orgueil et sa propre volonté directement aux oubliettes. Parce que si je laisse Dieu prendre les rênes, alors je dois Lui faire confiance et Le laisser me guider toute ma vie, y compris sans rien comprendre et là où ma propre volonté humaine ne voudrait pas que j'aille. Et, finalement, c'est sans doute cela qui est le plus difficile : Lui faire une confiance absolue et se laisser conduire. C'est l'une des choses les plus difficiles parce qu'il est parfaitement humain de vouloir choisir dans sa vie, de vouloir conduire sa propre destinée. C'est d'ailleurs dans tous les magazines : comment être acteur de sa propre vie ? M'accomplir en tant qu'adulte ? Etc. Cela me fait beaucoup penser aux discours des psys de comptoir : il faut prendre son destin en main, ne pas laisser les événements décider à notre place, j'en passe et des meilleures. Ce que j'ai expérimenté, pour ma part, c'est tout le contraire : les meilleurs choix que j'ai fait, ce sont ceux où je me suis abandonnée à la volonté de Dieu… Ce sont les choix qui ont été les plus difficiles à faire, mais aussi ceux qui me rendent heureuse le plus durablement, parce qu'ils sont fondés sur le roc : Dieu lui-même. Dieu ne peut pas se tromper. Donc si je le laisse faire, il n'y a aucune raison qu'Il m'envoie dans le mur… et pourtant, ma propre volonté résiste si souvent !

L'autre aspect de ce livre qui m'a touchée, parce qu'il me conforte dans mes choix, ce sont ces quelques pages sur les moyens nécessaires. Là, l'auteur parle clairement des moyens matériels. Élever neuf enfants, ce n'est possible que si l'un des deux seulement travaille et qu'il a un revenu suffisant pour assurer la subsistance de onze personnes.
Mais ce qui m'a frappée, c'est que là où le monde dit : « Ils peuvent avoir des enfants, ils ont les moyens de les nourrir. », l'auteur dit : « Je suis persuadée que c'est parce que nous avons des enfants, que nous avons les moyens de les nourrir. Nous ne gagnerions pas autant avec moins d'enfants. Le Seigneur nous connaît, il savait dès le départ que nous dirions « oui » à la vie. Il nous a donc aidés à trouver l'endroit pour nous installer avec les personnes adéquates avec qui nous associer » (p. 124).
Cette manière de voir les choses me conforte dans les choix que nous avons faits. Lorsque j'ai réfléchi avec Jean-Luc au retrait du stérilet que je portais, la première question qui se posait pour nous était de savoir ce que nous ferions dans l'hypothèse d'une nouvelle grossesse. Pour les trois aînés, il me paraissait impossible d'arrêter de travailler. Bizarrement, en 2011-2012, alors que, professionnellement, les choses devenaient plus intéressantes pour moi, l'hypothèse d'une nouvelle grossesse s'est immédiatement accompagnée de la nécessité d'arrêter de travailler. En effet, la situation professionnelle de Jean-Luc avait beaucoup évolué depuis les naissances de nos trois premiers enfants. De salarié à mi-temps, il était devenu chef d'entreprise avec de nombreux déplacements qui l'empêcheraient à l'avenir de faire avec un nouvel enfant ce qu'il avait pu faire avec nos trois aînés : s'occuper de lui à mi-temps. Mais bizarrement, quand il m'a demandé « Qu'est-ce que tu feras si tu es à nouveau enceinte ? » j'ai immédiatement répondu « je vais le garder, bien sûr ! », tout en étant très étonnée qu'il pose la question, sachant que l'avortement, pour lui comme pour moi, n'était pas et n'avait jamais été une option. Il a donc du préciser sa question : « Mais après la naissance ? Parce que moi, je ne pourrai pas m'en occuper ! » Et j'ai été à la fois rassurée parce que la réponse était évidente et simple pour moi (« Ben j'arrête de travailler, bien sûr ! ») et confondue par ma propre bêtise d'avoir pu imaginer que mon mari avait pu ne serait-ce que penser une seconde à l'avortement…

Bref. Louise-Marie est arrivée et je suis en congé parental, jusqu'au 4 juin 2016. Mais il est évident pour moi que ce « congé » va être prolongé. Maintenant, avec le recul de deux ans, je sais qu'il ne serait pas raisonnable pour notre famille que je reprenne le travail. Je sais que ça peut paraître paradoxal parce que nous n'aurons donc plus qu'un salaire alors que nous avons souvent du mal à joindre les deux bouts… Mais ma présence à la maison fait du bien aux enfants parce que c'est là qu'est ma place, tout simplement. J'ai beaucoup aimé travailler. Je n'ai que très peu de mauvais souvenirs de ces quinze années. Mais il font partie du passé, un passé désormais révolu parce que ma place, aujourd'hui et pour les prochaines années, est auprès des enfants que le Seigneur nous a confiés.
En fait, Dieu nous les a confiés à nous, Amélie et Jean-Luc, parce que c'est nous qui sommes seuls capables, avec son aide, de les comprendre et de les guider vers Lui pour qu'ils ne se perdent pas sur les chemins du monde. Déléguer leur éducation, les soins à leur apporter, fût-ce à des personnes qualifiées et rémunérées pour cela n'est plus une option acceptable pour moi. Le principal, maintenant, le plus important pour nous, c'est de les élever dans l'amour et la connaissance de Dieu. Donc dans l'amour de leurs frères, les autres êtres humains, puisque le Christ a énoncé ce commandement comme étant semblable au premier des Dix Commandements de la Loi de Moïse :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Rien n'est donc plus important que d'élever les enfants dans l'amour de Dieu et du prochain. À cette mission primordiale s'ajoute celle qui en découle directement : aider nos enfants à devenir des adultes debout, heureux et responsables, peu importe le chemin que nous avons rêvé pour eux. Leur chemin sera sûrement différent de celui que nous avons balisé. Mais s'ils gardent l'essentiel, à savoir l'amour de Dieu et du prochain, alors le Père les rejoindra sur ce qui sera leur propre chemin et alors ils seront heureux et sauvés.
Alors, bien sûr, il y a la question financière. Étrangement, ce « problème » me pose moins de soucis que de savoir si rester à long terme à la maison m'ira et me satisfera. Parce que nous avons expérimenté, Jean-Luc et moi, la sollicitude du Seigneur pour nous. Malgré les ennuis financiers, les baisses de revenus liées au temps partiel ou à l'arrêt du travail, nous avons toujours eu largement de quoi nourrir nos enfants, de quoi les vêtir, les loger… Dieu s'occupe de nous dans les moindres détails, pour peu, une fois de plus, qu'on Lui laisse le champ libre et qu'on lui permette, finalement, de s'occuper de nous, justement. Étrange liberté...


La maternité est une vocation. Ce n'est pas un métier. D'ailleurs, ce n'est pas payé et c'est très peu reconnu. À l'heure de la contraception et de l'avortement pour toutes, c'est même assez mal compris d'être mère de plus de trois enfants. Dans notre entourage, heureusement, beaucoup de personnes ayant la foi nous comprennent et vivent aussi les joies des grandes familles. Malgré tout, la maternité est, tout comme la vocation religieuse ou la prêtrise, une vocation indispensable à notre monde. Petit à petit, je m'approche du Sens de ce terme qu'employait le Saint Pape Jean-Paul II à propos des femmes qu'il appelait les « Sentinelles de l'Invisible ». Et j'aime bien cette idée de veiller, dans l'ombre, à l'éclosion de nouvelles vies et d'aider Dieu à leur épanouissement et à leur bonheur en Lui. C'est ça, finalement, la maternité. Avec le secours de la grâce de Dieu et l'exemple de Marie, LA mère par excellence. Mettre au monde des enfants et les entourer d'amour, de cet amour imparfait à la manière humaine mais qui est sans doute ce qu'il y a de plus proche de l'amour du Père pour chacun de ses enfants. On pourrait d'ailleurs en dire autant de la paternité. Un jour, il faudra quand même que j'en parle ici !