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lundi 14 mars 2016

De la tiédeur dans la foi...

J'ai reçu ce matin deux mails distincts, l'un faisant suivre avec joie une information assez étonnante pour notre pays, surtout quand on connaît le laïcisme dont il fait preuve : des catholiques priant à genoux dans la rue.
L'autre mail était en fait une réponse au premier, précisant que les images datent de 2012 et que les catholiques en question sont membres de l'Institut Civitas, soit un groupe proche de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (des intégristes catholiques, quoi).

Certes, ces images datent de 2012... il n'empêche que certaines choses me frappent, comme si ces manifestations (dans le sillage de La Manif Pour Tous, voire en marge de celle-ci) étaient quelque peu "prophétiques" dans la mesure où c'est après qu'a commencé la vague d'immigration massive que nous connaissons aujourd'hui, un peu plus de trois ans plus tard (l'immigration, notamment clandestine, est un fait récurrent dans notre pays, mais il a pris une ampleur inédite ces derniers temps). Le fait qu'il s'agisse d'une initiative de Civitas ne doit pas cacher un certain nombre de réalités : notre pays est en train de renier réellement ses racines chrétiennes en mettant les contingences économiques en premier plan, comme si l'économie était la seule question qui vaille la peine d'être examinée en ce moment. J'en veux pour preuve la polémique ahurissante autour de la légion d'honneur décernée il y a quelques jours au prince héritier d'Arabie saoudite, apparemment à sa demande

[Petite parenthèse : Sophie Marceau, quant à elle, a refusé cette même légion d'honneur, au motif justement qu'elle avait été attribuée au prince héritier d'Arabie saoudite, pays responsable de plus de 70 exécutions capitales rien que depuis le mois de janvier... et des voix s'élèvent, nombreuses, quelques jours après les faits, pour demander à la France de retirer la légion d'honneur à ce prince héritier...]

Bref, il semble que notre gouvernement soit plus sensible aux pétrodollars et aux contrats que l'Arabie Saoudite pourrait encore signer chez nous qu'aux Droits de l'Homme, pourtant nés chez nous... Cette affaire semble très loin de ce qui nous préoccupe... et pourtant le lien est assez rapide à faire. Il semble malheureusement qu'aujourd'hui, on respecte plus, dans les hautes sphères de notre pays, des Musulmans que des Catholiques. Il n'y a qu'à voir le nombre de profanations dans les églises, sans aucune réaction de la part des autorités. Je vais enfoncer des portes ouvertes, là, mais si le même nombre de profanations avaient lieu dans les mosquées ou les synagogues, nous serions carrément en guerre civile... et ce serait plutôt normal, tant est importante la notion de respect des droits de l'autre à croire et à pratiquer sa propre religion. Mais bizarrement, ce droit est plus évident pour les Musulmans (et pour les Juifs, mais là, c'est comme une sorte de syndrome lié à la Shoah, sans aucun mépris d'ailleurs pour les Juifs : ils ont payé assez cher le simple fait d'être de cette confession) que pour les Catholiques ou que pour les Chrétiens en général. Alors est-ce que c'est parce que justement, la France est un pays chrétien à la base ? Et que du coup, on vit encore avec l'illusion que les Chrétiens sont les plus nombreux et qu'ils oppriment les autres ?
Plus je réfléchis à cette question, plus je me dis que là encore, on se trompe lourdement. D'un point de vue numérique, les Chrétiens sont loin d'être majoritaires en France, même si le nombre de baptisés est et reste important. Quand on sait que 63% des Français (selon diverses sources, par exemple celle-ci ou celle-là, les statistiques basées sur la religion étant interdites en France lors des recensements de population) se disent Catholiques mais que seuls 4,5% sont pratiquants, il est à se demander quelle est encore l'identité religieuse de notre pays. Mais c'est oublier un peu vite le poids de l'histoire et tout ce que l'Eglise Catholique en particulier a fait pour notre pays au cours de l'Histoire... En tout cas, si le nombre de Catholiques diminue, celui des Musulmans augmente et il est fort difficile de quantifier le phénomène. D'une part à cause de ces fameuses statistiques officielles où il est interdit de demander la religion et d'autre part parce que nombre d'immigrés  originaires de pays à majorité musulmane résidant en France sont clandestins...

Pour en revenir à ce mail que j'ai reçu, il me pose certaines questions de fond. Sans aller jusqu'à souhaiter le départ de notre pays des migrants qui y sont arrivés depuis quelques mois, je me dis qu'il faut essayer de faire preuve de bon sens et discerner jusqu'où on peut aller : est-ce que, parce que Civitas est d'extrême droite et liée à la Fraternité St Pie-X, cette organisation a tort sur toute la ligne ? Sans vouloir dire qu'ils ont raison sur tout, je me dis pour ma part qu'ils ont au moins le mérite et le courage de faire ce que nous, catholiques plus "ordinaires" et moins traditionalistes n'osons parfois même pas exprimer à nos proches quand ils ne partagent pas notre foi. Ils ont le mérite et le courage d'assumer et de proclamer leur foi au vu et au su de tous, y compris en se mettant à genoux pour prier dans la rue. Combien d'entre nous oseraient faire la même chose ? Combien d'entre nous pensent encore que la foi est une affaire exclusivement privée et qu'elle doit donc rester cantonnée à nos maisons, à nos chambres, et parfois à nos églises (quand on arrive à se prendre par la main pour aller à la messe de temps en temps) ?

Notre pays souffre de culpabilité aiguë concernant son histoire. Tellement aiguë que l'on n'arrête plus de demander pardon pour telle ou telle chose qui s'est passé dans les siècles derniers, depuis la colonisation jusqu'à l'inquisition, j'en oublie et des meilleures sans doute. Il est vrai que l'Eglise a fait des erreurs, mais il est faux de mettre toutes les erreurs commises dans les siècles passés sur le dos de l'Eglise. De nombreuses idées reçues sont véhiculées par les médias en particulier qui montrent à quel point ces mêmes médias (et donc l'opinion publique nourrie et "éduquée" par eux) méconnaissent les réalités de l'Eglise, de ses dogmes et de ses actions. 
Je ne vais pas refaire le laïus sur la prétendue misogynie de l'Eglise (l'hebdomadaire Famille Chrétienne a publié au mois d'août 2015 un excellent article sur le sujet). Mais en tout état de cause, il faudrait arrêter d'écouter tout et n'importe quoi, mais surtout pas l'Eglise elle-même, quand il s'agit de parler de ce que l'Eglise dit ou fait. Pourquoi serait-il plus légitime de lire un article du Monde ou de Libération que le Catéchisme de l'Eglise Catholique quand on veut connaître la position de l'Eglise sur les femmes, la contraception ou le pardon ? Zut alors, c'est vrai, ça ! 

Bref. Ceux qui veulent détruire la foi Catholique dans notre pays sont nombreux et ils utilisent pour cela les arguments classiques (misogynie, passéisme, liberticide...). 
Ce que j'observe, c'est que l'Eglise en France est en train de bouger. Il y a eu les manifestations monstres de 2012-2013, mais il y a aussi et surtout un courant souterrain extrêmement puissant, silencieux et quasiment invisible pour ceux qui ne veulent pas voir. Je parle de toutes ces initiatives prises par des personnes qui ne revendiquent d'ailleurs pas expressément leur appartenance religieuse mais qui, pour autant, sont animées par les valeurs chrétiennes et les portent haut au travers de leurs actions. Ce sont ceux-là, surtout des jeunes d'ailleurs, que l'on voit dans les mouvements politiques récents (type Sens Commun par exemple) ou dans les mouvements apolitiques de résistance (les Veilleurs, les Mères-Veilleuses, les Sentinelles...) ou encore qui s'engagent dans l'enseignement pour tenter de renverser la tendance (certains professeurs, de philosophie en particulier, mais pas uniquement bien sûr, œuvrant dans le privé comme dans le public, ou encore les cours Griffon, sur Internet, ou le Cours Alexandre Dumas en banlieue parisienne, qui a donné des idées à d'autres et est à l'origine de nombre de créations d'écoles libres hors-contrat, créations qui se multiplient ces dernières années, preuves que la faillite du système éducatif français n'est pas une fatalité...).
Dans l'un de mes précédents billets, je vous disais que malgré tout ce que l'on observe, il y a matière à garder intacte l'espérance.

Mon espérance, elle est là. Elle est dans ces jeunes qui s'engagent. Parce que la réponse de cette femme (deuxième mail) à la joie du premier, c'est la réponse de la génération qui a connu la pratique religieuse avant Vatican II, qui a grandi et transmis la foi dans les années 1970 et 1980, autant dire qui n'a pas transmis grand-chose, faute d'avoir elle-même reçu assez pour redonner, ou à qui on a dit de mettre tout ce qu'elle avait reçu avant au panier...
Je ne suis pas en train de faire une critique de Vatican II : je ne connais pas assez la question pour me le permettre. Je suis en train de dire que j'observe actuellement un truc proprement hallucinant car assez inexplicable, sauf à compter sur la Grâce et sur l'efficacité de la prière de ceux qui ont tenu bon dans les années 1970 et 1980 : Il y a actuellement un renouveau de la foi chez les jeunes âgés de 18 à 30 ans (c'est-à-dire nés après 1985) et qui donc n'ont pas reçu grand-chose parce que leurs parents eux-mêmes ont soit été invités à virer le bébé avec l'eau du bain, soit ont fait partie du contingent qui a été catéchisé par ceux-là mêmes qui avaient invité les premiers à virer le bébé avec l'eau du bain. Du côté de la transmission, c'est donc un zéro pointé pour tous, que l'on voit d'ailleurs aujourd'hui chez les couples qui se marient à l'Eglise puis qui viennent demander à la même Eglise le sacrement du baptême pour leurs enfants : ils ne savent rien ou presque, et pourtant, la transmission de la foi est importante pour eux. Seulement, ils ne savent pas du tout comment faire et font donc appel à l'Eglise pour cela. 
Et pourtant on observe par ailleurs un phénomène curieux, très minoritaire encore, mais bien établi : un renouveau dans la foi venant des jeunes générations. Ces jeunes sont plus fervents, vont plus souvent à la messe (y compris en semaine), prient davantage que leurs aînés (et utilisent pour cela les réseaux sociaux voire créent eux-mêmes des applications sur internet pour le faire et pour inciter d'autres à le faire)... et s'engagent aussi davantage, en particulier en politique. Ils sont de la génération Jean-Paul II, Benoît XVI ou François, ils sont croyants, pour certains issus des communautés charismatiques ou y ont fait un passage... en tout cas, ils s'engagent.

Contrairement à Civitas, ils ne montrent pas grand-chose dans la rue (ce ne sont pas eux qu'on voit prier à genoux dans les rues de Paris). Mais ils n'en sont pas moins efficaces et engagés.
Alors mon espérance est là. Parce qu'on a beau dire ce qu'on veut : si les églises sont remplies de têtes blanches le dimanche, toutes ces têtes blanches finiront par disparaître un jour puisque la mort fait partie de la vie. La relève qui se prépare et qui est déjà engagée aujourd'hui a sans doute une autre façon de pratiquer que ceux qui vont à la messe aujourd'hui (à l'exception notable de quelques familles, adultes jeunes (entre trente et quarante ans) avec des enfants qui font partie de ceux qui ont continué à recevoir la foi de leurs parents, durant ces mêmes années 1970 et 1980), mais elle est solide sur des bases saines car nourrie aux enseignements de l'Eglise et de ses trois derniers papes qui se sont tous les trois spécialement adressés à elle (notamment durant les JMJ qui ont marqué tant de chrétiens depuis plusieurs décennies maintenant).
Cette nouvelle génération (qui prend naturellement la place de celle qui est absente, entre les jeunes et les têtes blanches) est un défi à l'Eglise catholique en France, parce qu'elle est en dehors des schémas classiques des pratiquants. Mais cette génération a la foi et elle est sans doute plus nombreuse qu'on le croît et sûrement plus nombreuse que les 40-60 ans qui, eux, manquent à l'appel... Alors s'il y a un véritable recul de la pratique dominicale dans notre pays, ce n'est pas pour autant que la foi, et en particulier la foi catholique disparaît.

En tout état de cause, je pense de plus en plus souvent maintenant qu'il est dorénavant indispensable de ne plus cantonner notre foi à la chambre à coucher ou au domicile. Nous sommes dans un pays libre et laïc. Laïc certes, mais si nous continuons à penser nous-mêmes que notre foi doit rester dans le domaine privé, alors nous donnons raison à ceux qui considèrent que ce n'est qu'une question privée et que ce n'est donc pas grave si on détruit les lieux de culte ou si on démolit les statues comme ça a failli être le cas avec celle de Jean-Paul II. Si la France est un grand pays, c'est aussi grâce à son histoire, profondément chrétienne. Preuve que la foi est tout sauf uniquement privée. En privatisant la foi (et notamment la foi catholique parce qu'il y a vraiment deux poids - deux mesures en la matière selon la confession à laquelle on fait allusion), on ne fait que nier et faire oublier notre histoire. Or d'autres portent hautes les couleurs de leur religion, n'en ont pas honte, la proclament et la pratiquent, avec, pour certains, l'objectif de l'imposer à tous. Réaffirmer notre appartenance à notre religion et à notre pays, avec son histoire, c'est aussi dire non à cette dictature qui se prépare et affirmer notre amour pour notre pays.

Alors sans forcément aller prier à genoux dans la rue, je ne veux pas, pour ma part, être "tiède" dans la foi. Il est de notre devoir d'en vivre. Parce que c'est sur nos actes que nous serons jugés au dernier jour.