Blog d'humeurs,
blog de textes personnels,
de recettes de cuisine ou de coups de gueule,
blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

mardi 26 février 2013

NVB ou le retour de l'obscurantisme


Notre gouvernement fait vraiment très, très fort en ce moment, et multiplie les initiatives qui, à moi, me paraissent plus que douteuses ou problématiques.

Dernier exemple en date, dont j'ai pris connaissance hier : la ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a « découvert » que des femmes s'informaient sur Internet à propos de l'IVG. Et que se passe-t-il quand une femme utilise le plus célèbre moteur de recherche du net pour s'informer (vous pouvez essayer pour voir) ? Elle tape « ivg » sur ledit moteur de recherche, et tombe, soit en première intention, soit en seconde, sur le site www.ivg.net (normal, me direz-vous, au moins, là, on est vraiment dans la réponse à la question posée, ouf, ça prouve que G****e fonctionne correctement au moins).
Sauf que madame Najat Vallaud-Belkacem, ça ne semble pas lui plaire du tout, ça, parce que le site en question n'est pas franchement pro-ivg. Il est surtout favorable à une juste information des femmes se posant la question d'un recours à l'avortement, et informe en particulier sur les risques qu'elles courent en franchissant le pas.

J'y suis allée hier, par curiosité, pour savoir ce qui faisait si peur à notre chère ministre. On y trouve un certain nombre de témoignages de femmes ayant avorté, qui, pour beaucoup, ne s'en remettent pas (dans le sens où elles se posent des questions, même des années après, ou regrettent simplement leur geste et n'ont qu'un désir : mettre au monde cet enfant qu'elles ont tué, puisqu'il faut appeler un "chat" un "chat"). On y trouve aussi une étude à propos du recours à l'IVG chez les adolescentes, et en particulier du risque accru qu'ont ces jeunes filles d'avoir par la suite des problèmes psychiques, voire des maladies mentales. Ce risque, selon l'étude, serait supérieur pour les jeunes filles ayant recours à l'IVG par rapport à celles qui mèneraient à terme leur grossesse, même non désirée.

Je ne vais pas faire ici un catalogue exhaustif de tout ce que contient ce site (il y a entre autres un numéro gratuit que l'on peut appeler quand on se pose des questions, et qui permet d'avoir en ligne un conseiller, simplement pour parler).
Ce que je constate, c'est que la ministre entend poser la question du référencement des sites internet sur le moteur de recherche, et sans doute favoriser (par je ne sais quel moyen, mais elle a suffisamment de ressources pour finir par trouver) le référencement de sites plus favorables à l'IVG que ivg.net. On sait par ailleurs que le Planning Familial, depuis longtemps, ne joue plus son rôle de prévention, et préfère encourager à l'avortement que donner des informations fiables concernant, par exemple, l'accouchement sous X ou les procédures permettant de confier un enfant non désiré à l'adoption.

Alors tout ça, ça m'amène quand même à me poser une fois de plus la question de la logique du gouvernement qui dirige actuellement notre pays.
On nous dit, et on le clame bien haut et bien fort, qu'il faut absolument l'égalité pour tous, la parité entre hommes et femmes, renforcer les droits des femmes, etc. C'est beau, c'est bien, c'est politiquement correct, c'est très, très louable (je ne vais pas, en tant que femme, prétendre le contraire !). Sauf que ce que je vois, de mon petit bureau d'Ebersheim, c'est que sous le prétexte d'assurer aux femmes le droit de disposer de leurs corps comme elles l'entendent, sous prétexte de leur permettre de s'affranchir du « poids » de la maternité (subie sous-entendu), on leur nie le droit à une information complète, en voulant carrément supprimer l'accès à l'information elle-même. Et ça, pour la documentaliste que je suis, c'est purement et simplement insupportable.

Mon travail et sa déontologie sont clairs : ce qui prime, c'est la pluralité pour avoir une information éclairée et complète. Par exemple, si une bibliothèque est abonnée à un quotidien de gauche, elle doit aussi s'abonner à un quotidien de droite pour assurer aux lecteurs potentiels des points de vus divers et donc divers angles d'approche d'un problème, ce qui permet de se faire une opinion nuancée du problème en question. Et ce quelles que soient les opinions politiques ou religieuses des documentalistes.

Là, ce que propose la ministre aux droits des femmes (1), c'est purement et simplement de mettre en avant, et de créer un site internet pour contrer une information mise à la disposition des femmes (à savoir qu'un avortement, si, si, ça a des conséquences), de manière à favoriser ce qu'elle considère sans doute comme un droit fondamental. Sauf qu'à ma connaissance, toutes les femmes ne sont pas obligées d'être d'accord avec elle et sa vision des choses. Elles ont aussi, il me semble, le droit fondamental de se faire leur propre opinion par rapport à leur avenir et à l'avenir éventuel de leur enfant, si elles décident finalement de le garder.

Au Moyen-Age, et après aussi, maintenir volontairement une population ou une fraction de la population dans l'ignorance, ça s'appelait simplement de l'« obscurantisme »...

Il y a donc des choses que je ne comprends pas dans la logique de cette ministre. Les femmes ont le droit de savoir ce que font les médecins avec leur corps, il me semble. Le « droit » de disposer de son corps, ce n'est pas seulement le droit de faire n'importe quoi avec (du genre coucher avec n'importe qui, quelles que soient les conséquences, au nom de la sacro-sainte Liberté si chèrement acquise en 1968 par exemple). C'est aussi et surtout, il me semble, le droit de connaître les risques que l'on court en pratiquant une intervention ou une autre, le droit de préserver son corps d'une éventuelle mutilation (je pense en particulier à l'excision, mais on peut trouver des tas d'exemples). S'il y a quelque chose de bien dans cette histoire de droit à disposer de son corps, c'est bien ça : dans ce « mon corps m'appartient », personnellement, je vois surtout le fait que personne n'a le droit de prendre des décisions à ma place en ce qui concerne mon corps et son intégrité. D'ailleurs, un chirurgien informe bien ses patients des risques opératoires encourus, des risques liés à l'anesthésie (la consultation avec l'anesthésiste est, si je ne m'abuse, obligatoire avant toute intervention chirurgicale), ceci afin que le patient puisse prendre une décision libre et éclairée. Ça fait partie des protocoles de base en milieu hospitalier, et ça s'appelle tout simplement le respect du patient. Pourquoi donc ce même principe de base (une décision libre et éclairée par une information complète sur les bénéfices et les risques de l'intervention) ne pourrait-il pas être appliqué dans le cadre de l'IVG ? Pour éviter qu'il y ait une baisse du nombre d'avortements en France ? Comment ? 200.000 avortements par an, ça ne suffit pas ? Il en faut plus ? Ah oui, c'est vrai qu'avec les problèmes de pilule qu'on rencontre aujourd'hui (à cause, mais ça, ce n'est pas vraiment de la faute du gouvernement actuel), il y a fort à parier qu'on risque une recrudescence des avortements suite à des abandons de pilule... (Vous inquiétez pas, madame la ministre, des avortements, vous en aurez en nombre dans les mois qui viennent si les labos pharmaceutiques et les médecins ne parviennent pas à faire preuve d'un peu plus de bon sens...) (en plus, c'est cool, depuis le 1er janvier, tous les avortements sont remboursés à 100% ! Chouette, alors ! Allons-y gaiement : la pilule, elle (surtout celles de 3e et 4e génération), est chère et n'est pas remboursée !)

Lors du vote de la loi Veil, en janvier 1975, il a été prévu un entretien avec un médecin, puis un entretien avec un psychologue, et un délai de sept jours préalable à toute interruption volontaire de grossesse. Ce qui veut bien dire, et le législateur en était parfaitement conscient en 1975, qu'une IVG n'est pas un acte anodin comme on voudrait nous le faire croire aujourd'hui. Loin d'être banal, cet acte a de lourdes conséquences psychiques et, dans certains cas, physiques aussi sur la femme qui le subit, et ce y compris si elle a toutes les informations dont elle a besoin pour que cette décision soit libre et éclairée.
Dans certains témoignages que j'ai lus il y a déjà un bon bout de temps (comme quoi, ces questions ne datent pas d'aujourd'hui et ont vraisemblablement toujours posé problème), certaines femmes disaient que bien des années après l'avortement, elles se posaient toujours la question de cet enfant qui n'est jamais né : Qui était-il ? Était-ce une fille ? Un garçon ? Qu'aurait-il fait dans sa vie adulte ? Etc. Et ces femmes n'oublient pas qu'elles ont porté un bébé : c'est inscrit dans leur corps, quoi qu'en disent tous les « pro-avortement » qui cherchent à minimiser l'impact de l'IVG sur le psychisme des femmes. Et le corps se souvient de ce qu'il a vécu par le passé...

En tout cas, si cet entretien avec un psychologue a été décidé et rendu obligatoire par la loi, ce n'est vraisemblablement pas pour rien. Et faire croire aux femmes qui se posent la question de l'avortement que c'est un acte banal, sans danger, sans risque pour elles, c'est leur mentir, surtout si en plus on leur retire un certain nombre de sources d'informations susceptibles de les faire, sinon changer d'avis (cela ne regarde qu'elles et l'avortement est malheureusement légal en France), au moins réfléchir aux conséquences et prendre la décision en toute connaissance de cause.

Pour le coup, le comportement de madame Najat Vallaud-Belkacem me paraît criminel, simplement. Au nom du respect du droit à l'avortement, la ministre entend cacher aux femmes la vérité sur ce qu'elles subissent lors d'une IVG. À quand un procès contre la ministre des droits des femmes pour non respect du droit à la liberté d'information ? Ça me ferait bien rigoler, ça !

____________________
(1) Comme d'habitude, les commentaires sont aussi intéressants que le texte lui-même... Et puis, je me demande si notre ministre est vraiment pour la défense des droits des femmes, ou si elle est là uniquement pour défendre une certaine idée des droits des femmes. Pour ma part, je ne me retrouve absolument pas dans ces "droits" qu'elle entend défendre bec et ongles. Et pourtant, je suis une femme. Comprenne qui pourra.
Dans l'article, il est dit (et c'est NVB qui le dit) : "ces sites font du prosélytisme anti-IVG". Otez un doute de mon esprit : ce qu'elle veut faire n'est rien d'autre que du prosélytisme pro-IVG, non ? Que je sache, nous sommes en démocratie (elle, elle ne le sait peut-être pas ? Faudrait que le président normal pense à le lui dire, parce que visiblement, ça pose problème quand même, sauf si sa définition à lui de la démocratie est tout aussi partielle que celle de sa porte-parole... on peut se poser la question, d'ailleurs, quant on voit la manière qu'il a de traiter d'autres sujets de société, mais je ne vais pas revenir sur le "mariage pour tous", c'est un autre débat. Quoique.), et à ce titre, toutes les opinions ont quand même le droit de s'exprimer, non ? Ou alors c'est moi qui n'ai rien compris à la démocratie ??? En quoi le fait de faire du prosélytisme anti-IVG est un problème Ça rétablit un peu l'équilibre, puisque les femmes ne peuvent pas toujours trouver auprès des médecins les informations dont elles ont besoin pour se faire une opinion... Ah mais non : ça ne va pas dans le bon sens pour notre bonne ministre des droits des femmes... Zut alors !

samedi 2 février 2013

Nous mentirait-on ?


Le sujet qui me préoccupe en ce moment, et pas qu'un peu, c'est, vous vous en doutez peut-être si vous avez lu les billets précédents (très rares, je vous le concède volontiers), l'ouverture du mariage aux couples de même sexe.
Je me pose quantité de questions quant à cette loi, et les plus irritantes ne sont pas forcément celles que l'on croit.
Selon les interprétations que l'on donne au mot "mariage", les raisonnements des "pour" et des "anti" mariage homosexuel se tiennent de bout en bout. Pour certains, le mariage est avant tout une célébration de l'amour entre deux personnes, et l'institution de cet amour au travers de celle du mariage permet en plus de protéger le conjoint en cas "d'accident de la vie", comme le veut l'expression consacrée.
Pour d'autres, il est aux fondements de la société, puisqu'il organise la filiation et fait de la famille "traditionnelle" le socle de la société (puisque la famille est, jusqu'à maintenant du moins, la base des relations en société). Il n'y a qu'à voir l'importance que prennent les relations familiales et intergénérationnelles, qui sont bien loin devant les aides que peut apporter l'Etat aux familles en difficulté. Quand on y réfléchit un peu : qui est en première ligne quand une femme a de jeunes enfants, pour en prendre soin quand la mère va travailler ? Il s'agit souvent, très souvent même, de la grand-mère. Quand une personne âgée devient dépendante, quelle est la première personne qui vient l'aider, naturellement, et sans compter son temps et son énergie ? Là encore, en général, les enfants, voire les neveux et nièces si la famille "élargie" est très soudée et proche géographiquement. Au point que l’État a même reconnu ce fait en créant le statut "d'aidant familial" et un congé spécifique pour permettre à l'aidant en question de cesser temporairement de travailler afin d'être plus disponible pour aider son parent dépendant, voire pour l'accompagner jusqu'à la mort si la mort est proche.
On peut donc en conclure que l’État "subventionne" l'entraide familiale, au même titre qu'il a créé les différentes aides à la famille (allocations, aides pour l'emploi d'une nourrice ou le paiement de la crèche par exemple, sans parler des maisons de retraite et de leur financement, voire des allocations pour les personnes handicapées) pour pallier les manques quand les familles ne peuvent pas aider (problème de la distance entre les enfants et les parents entre autres, mais aussi de revenus...).

On se retrouve donc avec deux conceptions différentes du mariage, l'une très proche du "contrat" privé entre deux personnes, l'autre qui s'entend comme institution de base de la société, intéressant donc l'ensemble de notre vie en société.
Ce que nous propose le gouvernement, c'est une modification radicale du mariage, au moins dans son acception comme "institution" en ce qu'elle organise la société par la filiation et l'inscription dans les générations. Parce que finalement, que le mariage soit un contrat d'amour entre deux personnes, la société s'en fiche un peu (totalement, même) : les personnes, quel que soit leur sexe, ont aujourd'hui le "droit" de s'aimer, en ce sens que personne de normalement constitué n'ira dans la chambre du voisin pour savoir ce qu'il peut bien fabriquer dans son lit avec la personne qu'il aime, et surtout, quel est le sexe de cette personne.
On voit bien que l'enjeu, là, est bien au niveau sociétal, et non pas au niveau personnel. 

Et pourtant, le gouvernement nous ment.
Il nous ment à plusieurs titres.
J'ai lu pas plus tard qu'hier (et c'est un argument que l'on entend depuis longtemps maintenant) qu'autoriser le mariage pour des personnes de même sexe n'enlève rien aux couples hétérosexuels. Permettez-moi d'émettre un doute, si peu fondé soit-il apparemment. Si vraiment le mariage ne change rien pour les couples hétérosexuels, peut-on m'expliquer pourquoi il est impossible alors de créer une union civile pour les couples homosexuels et de laisser le mariage aux seuls couples hétérosexuels ? Quel serait le problème de créer deux institutions, l'une pour les homosexuels, et l'autre pour les hétérosexuels ? Si les homosexuels veulent le mariage, c'est bel et bien que le mariage permet quelque chose que les couples homosexuels ne peuvent pas avoir pour l'instant. Alors quel est cet enjeu derrière le mariage, si ce n'est d'une part la question de la protection du conjoint (automatique dans le mariage par la pension de réversion et l'obligation d'assistance qui découle du mariage) et d'autre part la filiation ? On voit bien là que si, au contraire, l'autorisation donnée aux couples de même sexe de se marier civilement change bien tout pour les couples hétérosexuels, puisque c'est le sens même du mot "mariage" qui est radicalement transformé. Le mariage est compris, jusqu'à présent dans notre société, comme l'institution qui permet à un homme et à une femme non liés biologiquement entre eux de s'unir et par voie de conséquence d'avoir des enfants. La loi le permet (d'avoir des enfants) mais ne l'oblige pas pour autant : on peut se marier à n'importe quel âge, y compris après l'âge de fécondité de la femme, et on peut aussi se marier sans avoir envie d'avoir des enfants. La possibilité d'en avoir est là, et le mariage organise la protection du conjoint et des éventuels enfants à venir, un point c'est tout. Or le fait d'avoir naturellement des enfants étant impossible dans un couple où les deux personnes ont le même sexe oblige à modifier le sens même et les fondements du mariage, soit en l'affaiblissant (en lui faisant perdre une grande part de sa signification), soit en faisant de la seule protection du conjoint l'essence même du mariage (et en laissant de côté la filiation, pourtant à la base du mariage lui-même). Les revendications affichées des "couples" homosexuels étant évidemment de pouvoir assurer une filiation dans leurs propres "familles", ce n'est pas la protection du conjoint qui est prioritaire (même si elle n'est sans doute pas absente du débat par la question de l'héritage notamment, ce que l'on peut très bien comprendre en soi), mais la question de la filiation à travers l'adoption notamment (puisque, je le répète, la procréation naturelle est impossible dans ces couples).
Alors en quoi le gouvernement nous ment-il ?
Il nous ment en nous disant que le mariage homosexuel ne va rien changer pour les couples hétérosexuels, puisqu'il change le sens même du mot et donc de l'engagement.

Il nous ment aussi quand il nous dit que c'est une question d'égalité. Ce n'est pas une question d'égalité puisque tous les citoyens de ce pays (et c'est la déclaration universelle des droits de l'homme qui le dit, et qui est à la base de la Constitution qui fonde les droits et les lois en France) sont libres et égaux en droits. Attention, il s'agit bien des citoyens, pas des couples ! Et c'est là qu'est le mensonge le plus évident et le plus grossier aussi. Un couple n'a pas de droits en tant que tel. Il n'est pas un sujet de droits. Ce sont les personnes qui le composent qui sont sujets de droits. Donc la question de l'inégalité ne tient pas du tout, puisqu'il n'y a pas inégalité.
On va me répondre que si, puisqu'un couple hétérosexuel peut adopter, ce qui n'est pas le cas d'un couple homosexuel. Je réponds que non : ce n'est pas le couple lui-même qui adopte, mais les personnes qui le composent. La nuance est de taille quand même. Et la meilleure preuve, c'est qu'un  ou une célibataire peut adopter (ça, c'est historique, c'est, il me semble, lié aux guerres, mais peu importe). Alors on dit que puisqu'un célibataire peut adopter, l'argument comme quoi l'enfant a besoin des deux figures maternelle et paternelle ne tient pas, puisque chez un célibataire, il y a soit l'un, soit l'autre.
Oui mais non.
Là où on nous ment encore, c'est que quand un célibataire adopte un enfant, l'enfant ne voit pas pour autant sa vie et son identité devenir un mensonge en soi. Ce que propose la loi, c'est de remplacer la filiation homme-femme par une filiation femme-femme ou homme-homme, puisque l'adoption plénière efface la filiation biologique de l'état civil de l'enfant. Donc on dit à l'enfant, ni plus, ni moins : "tu as deux pères" ou "tu as deux mères". Ce qui n'est pas vrai fondamentalement, puisqu'un enfant naîtra toujours d'un homme et d'une femme, même s'il n'est pas exclu que la biologie permette un jour le clonage. Mais là, je ne sais pas où on va aller...

Mensonge, encore, sur les questions relatives à la PMA (Procréation Médicalement Assistée, ou encore AMP : Aide Médicale à la Procréation) et à la GPA (Gestation Pour Autrui, autrement appelée "Mères porteuses").
Les députés socialistes ont retiré du projet de loi la question de la PMA au motif qu'elle ne faisait pas partie des propositions de François Hollande, alors candidat, qui n'avait parlé que du mariage en lui-même. Là encore, ce n'est pas tout à fait exact, et dans tous les cas fort incomplet. La PMA a simplement été retirée du projet de loi parce que si elle y restait, la loi ne pouvait pas passer le barrage du Conseil Constitutionnel puisque la PMA est aussi une question éthique (à cause de son aspect médical et biologique) et qu'en tant que tel, elle ne relève pas uniquement du code Civil, mais demande à être étudiée au préalable lors d'un débat éthique, donc au sein de la société. Ce débat n'a pas eu lieu (parce que là aussi, on nous ment sur la question du débat de société !), donc la PMA ne peut pas être incluse dans le projet de loi. Mais ça ne change pas grand-chose, puisqu'en mars sera discuté un autre projet de loi, sur la famille encore, incluant la PMA et là, il est réellement prévu un débat sur les questions éthiques. Donc on va attendre le mois de mars pour le faire.

Mais qu'a donc de si urgent ce projet de loi sur le mariage pour qu'on doive le faire passer de force en février ??? N'y aurait-il pas, là encore, des enjeux cachés ?
Si on reprend un peu la chronologie prévue, en février (le 12), le vote devrait consacrer le mariage homosexuel. Soit. Cette loi donnera donc aux couples, quel que soit le sexe des partenaires, exactement les mêmes droits. Donc tous les couples auront le droit de se marier, d'adopter des enfants (peu importe qu'il s'agisse d'adoption internationale ou des enfants du conjoint), et de protéger le conjoint le plus faible au nom de la solidarité entre les époux.
Très bien.
La conséquence, c'est que tous les couples, et en particulier les couples homosexuels, auront donc la même appellation dans le code civil et dans tous les autres codes où ils sont mentionnés (code de la sécurité social, code pénal, etc.), et qu'il ne saurait y avoir de distinction légale, par la suite, entre un couple hétérosexuel et un couple homosexuel. Donc en modifiant en mars la loi sur la famille, on modifie la loi pour toutes les familles, qu'elles soient hétéroparentales, homoparentales, recomposées ou monoparentales. Toutes les familles seront impactées par cette loi, ce qui sera "normal" dans la mesure où il ne peut y avoir inégalité entre deux situations identiques (les couples homosexuels et hétérosexuels mariés, par exemple, seront tous à la même enseigne pour les questions dont relèvent les couples en général).

En modifiant les règles relatives au mariage avant celles relatives à la PMA, on enlève un obstacle dans la modification de la loi relative à la PMA, puisque celle-ci est déjà autorisée pour les couples mariés. Le débat n'a tout simplement plus lieu d'être : de fait, la PMA sera accessible à tous les couples (et en réalité aux seuls couples hétérosexuels et couples de femmes, les couples d'hommes ne pouvant y prétendre pour d'évidentes raisons biologiques et physiologiques. Il suffira alors de donner à la PMA un statut de "procréation alternative" pour qu'elle devienne autre chose qu'un traitement médical, pourquoi pas... Pour l'instant, il s'agit de pallier la stérilité du couple. C'est une question de santé. Mais si on change la définition en en faisant une question de procréation alternative, alors il n'y a plus aucun obstacle à la PMA pour les couples de femmes. Et, vous allez me dire, qu'est-ce que ça change ? Ça change, pour moi en tout cas, que je ne trouve pas normal de donner un traitement médical (puisqu'il s'agit quand même de ça, à la base), à quelqu'un qui n'est pas malade. Ça change aussi que ce traitement, remboursé par la Sécurité sociale, c'est finalement moi qui vais le payer, avec mes impôts. Et là, je ne suis pas d'accord. Je suis d'accord pour la solidarité, pour que la société, avec mes impôts, soigne ceux qui sont malades, qu'ils aient ou non les moyens de se soigner eux-mêmes, de même que quand je suis malade, une part de mes frais de santé est payée par la collectivité. En revanche, je ne suis pas d'accord pour que mes impôts payent les caprices de personnes homosexuelles qui ont fait le choix, à un moment ou un autre (même si on va me dire que l'homosexualité n'est pas un choix en soi, ce que je peux admettre sans problème), d'avoir un enfant sans passer par la case "homme-femme" pour le faire. Au final, si on utilise la PMA pour avoir des enfants quand on est un couple de deux femmes, c'est purement et simplement pour satisfaire un désir égoïste d'enfant à tout prix. Et surtout aux frais de la société.
Je vois d'ici les critiques : pour les couples hétérosexuels aussi, la PMA sert à satisfaire un désir d'enfant, et c'est la même chose dans tous les couples finalement. Sauf que biologiquement, l'union d'un homme et d'une femme conduit logiquement à la procréation, ce qui n'est pas le cas du tout de l'union de deux femmes ou de deux hommes, qui est avant tout (et uniquement, même), la recherche du plaisir immédiat. Si la donne a changé dans les couples hétérosexuels et a permis aussi la place prépondérante du plaisir dans la relation sexuelle, il n'empêche que le "risque" de la venue d'un bébé existe toujours, aucun moyen de contraception, à l'exception de l'abstinence, n'étant fiable à 100%. Et je précise tout de suite que le plaisir dans la relation de couple, qu'elle soit homosexuelle ou hétérosexuelle, ne me choque absolument pas en soi. En revanche, ce qui me choque, c'est que la recherche purement égoïste du plaisir dans le cadre d'une relation homosexuelle donne lieu à une demande de "droit à l'enfant" que l’État se devrait de combler par la loi, puisqu'elle est impossible à réaliser biologiquement.

J'ai mentionné plus haut la GPA. Là aussi, on nous ment, et à plusieurs titres en plus. L'autre jour, Madame Taubira a surpris tout le monde avec une circulaire demandant aux tribunaux d'accorder un certificat de nationalité aux enfants nés d'une GPA à l'étranger, si leur père est de nationalité française (ce qui n'est évidemment pas le cas de leur mère, la GPA étant illégale en France). Et le gouvernement nous dit, clame haut et fort qu'il est hors de question d'inclure la GPA dans la loi ???
Mais bien sûr que si, il en est question ! Et très vite, même !
Pourquoi ?
Parce que si la question était uniquement de donner une nationalité aux enfants nés d'une GPA à l'étranger, et donc de faire en sorte que ces enfants ne soient plus des apatrides, alors la logique voudrait que les parents de ces mêmes enfants, qui ont commis un acte répréhensible et puni par la loi soient punis. Pour mémoire, je crois qu'il est prévu, en cas de recours à la GPA, une amende d'environ 45.000 € et deux ans d'emprisonnement. Madame Taubira, proposant des lois et étant garante de ces mêmes lois, ne peut dire d'un côté "on donne une nationalité aux enfants nés d'une GPA parce qu'ils n'ont pas à subir les conséquences des actes délictueux de leurs parents" et ne pas punir les parents en question.
Donc si ces parents ne sont pas punis d'amendes et d'emprisonnement, c'est qu'il est d'ores et déjà prévu de légaliser la GPA, au nom, toujours, de l'égalité de droits entre les personnes.
Pourquoi ? Mais parce que, pour des raisons biologiques évidentes, seuls les couples de femmes pourront avoir recours à la PMA ! La loi autorisant le mariage pour les couples de même sexe crée donc, de fait, une inégalité entre les couples d'hommes et les couples de femmes ! Il va donc falloir rétablir très vite l'égalité en donnant aux hommes le seul moyen à leur disposition pour avoir des enfants : la GPA.
CQFD.

Donc, quand le gouvernement nous dit, par la bouche de M. Erwann Binet, de Madame Taubira, de M. Hollande soi-même qu'il n'est pas question de GPA dans ce projet de loi, ils jouent sur les mots. Bien sûr que la GPA en tant que telle n'est pas présente dans le projet de loi sur le mariage homosexuel. En revanche, le mariage homosexuel crée toutes les conditions nécessaires à la légalisation de la GPA (et avant, de la PMA) en France.

Voilà donc ce qui occupe mon esprit depuis quelques temps, et que j'avais besoin de dire.
Notre gouvernement, depuis le début, nous ment. D'autres nous ont menti avant, et ne s'en cachent même plus : Madame Elisabeth Guigou, il y a quinze ans, nous avait assurés, au moment où le PACS a été créé, qu'il ne serait jamais question de mariage homosexuel.
Elle dit aujourd'hui qu'il en a toujours été question, mais qu'il y a quinze ans, la société n'était pas encore prête à l'entendre. Aujourd'hui, elle n'est pas encore prête à entendre parler de GPA. On parie combien que dans quelques années (et pas 15, je suppose qu'il n'en faudra que 2 ou 3, tellement les esprits sont bien préparés maintenant), la société sera prête à accepter la GPA ? Après tout, je finis par voir là un profond mépris de la gauche pour les citoyens. Par hasard, est-ce que les socialistes ne nous prendraient pas pour des imbéciles, des moutons de Panurge, des idiots ? Et pourquoi pas tout ça à la fois ? Notre Président clame haut et fort qu'il est formellement opposé à la GPA et qu'il n'en est pas question. Je ne sais pas pour vous, mais vue la tournure que prennent les choses, j'ai de gros doutes quant à sa sincérité sur ce sujet.

Je vous fais grâce des arguments relatifs à l'enfant ("c'est mieux pour un enfant d'avoir deux mères ou deux pères que d'être dans un foyer" ou encore "il vaut mieux des parents homosexuels que des parents pédophiles" (et là, bonjour l'amalgame !), ou "l'enfant n'a pas besoin d'un père et d'une mère mais d'un référent masculin et d'un référent féminin, il trouvera des personnes des deux sexes dans son entourage, ça ne lui posera donc aucun problème", etc.)
Tous ces arguments sont faux ou biaisés. Juste un point par rapport à la construction psychique d'un enfant : bien sûr qu'il vit dans une société mixte, où il rencontrera toujours des hommes et des femmes. Mais un enfant, quoi qu'on en dise, a besoin d'un homme et d'une femme pour l'élever, parce qu'il a besoin de savoir qu'il est né d'un père et d'une mère, et qu'en plus, rien ne remplace un père et une mère (les deux en même temps) dans sa construction psychique qui, si mes souvenirs sont bons, se fait alternativement par identification au père et à la mère. L'adoption de cette loi et par la suite de la PMA et de la GPA va priver certains enfants de ce double repère et de cette construction dans l'altérité, puisque l'un des deux sexes sera automatiquement "gommé" dans la filiation même de l'enfant. On est donc bien là dans un caprice d'adultes et non pas dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
La loi doit-elle entériner les caprices des adultes ???

Alors oui, je suis passablement énervée. C'est d'ailleurs de la faute de mes propres parents : ils m'ont élevée avec, parmi d'autres, le principe que le mensonge est une mauvaise chose. Donc je ne le supporte pas. Et là, en plus, le mensonge vient de l’État lui-même. Mais si l’État me ment, en qui, donc, pourrais-je avoir de nouveau confiance ? Je n'avais déjà pas grande confiance dans nos hommes politiques, dont j'ai compris depuis longtemps que beaucoup font ce "métier" non pas pour le bien de leurs concitoyens mais pour le pouvoir et surtout l'argent que cela leur donne. Le résultat de tout cela, c'est que je ne suis pas loin de penser qu'on va vers une société sans foi ni loi. Sans foi, c'est déjà fait ou à peu près, sans loi, on y est bientôt, puisque l'une des justifications de ce projet de loi, c'est "Ces situations existent, il faut donc les légaliser". Qu'est-ce qui va empêcher, un jour, de légaliser le crime, le meurtre, le vol, le viol, l'inceste ??? Avec cet argument, plus aucune vie en société ne tient. Et on nous dit que ce n'est pas vrai, et que le but de cette loi n'est pas de détruire la société par l'intermédiaire de la destruction préalable de la famille ? Mais, puisque les repères sociaux seront démolis, la famille n'existant plus en tant que telle, puisque les liens intergénérationnels seront devenus sans objet, vers qui les gens vont se tourner, si ce n'est l’État ? Ce sera alors, vraisemblablement, le règne de l'individualisme à tout crin (oui, je sais, on y est déjà, mais justement, le seul rempart qui reste contre cet individualisme forcené, c'est justement la famille) et la fin de la "société", en ce qu'elle est la possibilité pour les personnes de vivre ensemble...

Je ne veux pas de cette "société"-là. Malheureusement, si la loi passe, c'est là qu'on va, à plus ou moins brève échéance.