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On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

jeudi 7 mai 2020

Covid-19 : Journal #2

Nous arrivons (enfin ?) à la fin de ce confinement qui dure depuis maintenant presque deux mois. Et vient maintenant le temps des questions.
Tout d'abord : comment allons-nous sortir de ce confinement ? Comment les enfants vont-ils retourner à l'école ? À quelles conditions ? Quand exactement ?
Et puis, il y a des questions qui me taraudent depuis quelques temps, à savoir la "responsabilité" des "citoyens", que notre cher Premier Ministre appelle de ses vœux. On en serait presque à se dire que la réussite du déconfinement ne sera une réalité que si les "citoyens" de ce pays font preuve de responsabilité. Contrairement au gouvernement ? Malgré le gouvernement ?

En fait, je me demande vraiment ce qu'il faut penser de toute cette crise.
Dans un premier temps, on nous a caché la vérité ("ce n'est qu'une grippette"). Puis on nous a infantilisés ("ce n'est pas la peine de porter des masques, de toute façon, c'est difficile de porter un masque et un masque qu'on ne met pas correctement, c'est contre-productif et ça risquerait d'aggraver la crise").
Et aujourd'hui, il faudrait qu'on soit responsables.
Soit.
Le gouvernement (Premier Ministre, Président, Porte-parole, Ministres de la santé, de l'éducation et/ou du travail en tête) me semblent être de véritables girouettes. Et ils me semblent prendre les Français pour des imbéciles.
Vous croyez vraiment, chères "élites", que nous, parents d'enfants, enfants de personnes âgées, sommes irresponsables au point de faire prendre des risques à ceux que nous aimons, et à nous-mêmes ?
Vous croyez vraiment que nous vous avons attendus pour savoir quoi faire et comment le faire ? Pour nous rendre compte que les masques sont tout simplement indispensables pour ne pas propager ce virus ? Pour comprendre la gravité de la situation, quand on comptait déjà le nombre de morts et de personnes en réanimation, alors que vous continuiez à nous chanter le refrain "Tout va très bien, Madame... " ?

Alors aujourd'hui, je me dis qu'il va falloir vraiment que les pendules soient remises à l'heure. Soit les Français sont des irresponsables et des imbéciles, et il nous faut alors des chefs dignes de ce nom (mais aussi des gens capables d'expliquer simplement à tous ces irresponsables et ces imbéciles que nous sommes l'importance des masques, des gestes barrières et de la reprise du travail dans des conditions complexes), soit les Français sont des gens responsables, et alors il faut que le gouvernement en tire toutes les conséquences. Et en particulier qu'on arrête de nous dire tout et son contraire en l'espace de quelques jours.
Parce que, en 48 heures, on a eu : "Il faut fermer les écoles" (le 13 mars) et, le même jour : "Il faut maintenir les élections municipales". Puis, le 16 mars : "Restez chez vous" (sans prononcer une seule fois le mot "confinement" : chapeau, l'artiste !)
Et puis on a eu aussi "Les masques ne servent à rien", "Tout le monde doit porter des masques", "Les masques FFP2 sont à réserver au personnel médical" et "Soyez responsables, faites vous-mêmes des masques" et "Des masques grand-public, en tissu, lavables, vont être livrés pour tout le monde".
Alors il faut savoir : on va avoir des masques, ou bien il faut les faire soi-même ? Je suis prête à me mettre à ma machine à coudre, mais je vais avoir un problème basique très simple : pour pouvoir faire mon masque, il va falloir que je puisse sortir et aller dans le magasin de tissu où je m'approvisionne habituellement pour y acheter... de l'élastique ! Ben oui, c'est aussi simple que ça. Je pourrais toujours commander par Internet, mais... en fait, non, parce que les délais postaux se sont considérablement allongés ces dernières semaines. Et si ça se trouve, je recevrai mon élastique une fois que nous serons de retour en confinement, si ça se passe mal. Bref. C'est assez ubuesque, semble-t-il...

Donc, partons du principe que les Français ne sont ni des imbéciles, ni des irresponsables. Oui, il y a des gens qui ne comprennent rien d'autre que la trique et le bâton, mais ma grande foi en l'humanité me fait penser que ces gens-là ne sont pas une majorité et que la plupart de nos concitoyens sont juste des personnes qui cherchent à vivre normalement, en prenant soin de leurs proches, enfants, parents, grands-parents, et, surtout, qu'ils n'attendent plus, depuis un certain temps, que l'Etat vienne à leur secours. Tout simplement parce qu'ils se sont bien rendu compte que l'Etat ne venait jamais qu'au secours des mêmes, toujours des mêmes depuis au moins dix ans : les grandes banques, les grandes entreprises, les grandes fortunes. Les autres, la plupart des autres, c'est encore et toujours la débrouille, l'inventivité et le bricolage en attendant que la situation s'améliore. Et heureusement, d'ailleurs, parce que sinon, la situation serait sans doute bien pire qu'elle n'est aujourd'hui, quand on voit la manière dont cette crise a été gérée depuis son démarrage.

Alors pour le déconfinement, j'ai en ce qui me concerne pas mal de questions, notamment à propos de l'école.
Les informations que j'ai eues, c'est que les enfants qui iront à l'école n'auront pas forcément cours tous les jours, mais sûrement à mi-temps (une semaine sur deux ou deux jours par semaine, ça a l'air de s'orienter, chez nous, vers un sondage des familles par la directrice de l'école. Je suppose que la formule qui emportera le plus de suffrages sera mise en place. Une manière démocratique, en somme, de s'organiser quand le flou artistique règne à tous les étages).
De plus, les enfants ne seront pas forcément avec leur maître ou maîtresse habituel(le), certain(e)s restant en télé-travail, d'autres assurant le présentiel (histoire, sans doute, de limiter le nombre d'adultes dans les écoles). 
Puis, les enfants seront sommés de ne pas s'échanger de matériel, que ce soit un stylo ou un jeu. Ils ne pourront pas non plus jouer à plusieurs, mesures de distanciation sociale obligent. De la même manière, la maîtresse, qui aura donc à gérer des élèves de plusieurs classes différentes qu'elle ne connaît sans doute pas très bien, n'aura pas le droit de toucher un objet qui sera passé entre les mains d'un élève (stylo, cahier, feuille de papier...). Ce qui veut dire aussi qu'elle ne pourra pas corriger un cahier. Tout va donc se passer sous forme d'auto-correction. Alors l'auto-correction, c'est bien quand la maîtresse utilise le tableau et écrit dessus ce que les enfants doivent avoir dans leur cahier. Mais quand il y a plusieurs niveaux, ça devient vite compliqué, même s'il ne faut pas négliger l'inventivité et la débrouillardise des institutrices et instituteurs dans ces cas-là. 
Et puis, les enfants, après deux mois, grosso-modo, où ils n'auront pas pu voir leurs camarades de classe et jouer avec eux, ce qu'ils attendent du déconfinement, c'est justement de pouvoir reprendre leurs jeux, dans la cour. Et ça, ben... ça va pas être possible !

Diantre ! Mais c'est quoi, alors, l'intérêt du déconfinement des enfants et de la reprise de l'école, si cette reprise doit se faire au détriment des élèves, de leurs apprentissages, de leur socialisation, de leur santé et de celle des adultes qui les accompagnent, si cela doit être plus problématique encore que l'école à la maison ?
Ah oui. J'oubliais. 
L'économie.

La reprise du travail pour les parents.
Mais... cela veut donc dire que l'école, c'est, finalement, un moyen hyper-pratique pour les parents de faire garder leurs enfants à peu de frais ?
Ou bien un moyen hyper-pratique pour l'Etat de faire travailler les parents sans qu'ils aient à se soucier de la sécurité de leurs enfants ?
Ou bien encore cela veut-il dire que la reprise de l'économie, du travail, est plus importante que la santé des personnes ?
Non.
Ça ne peut pas être ça ! Ce serait par trop cynique !!!

En tout cas, il reste beaucoup de flou dans toute cette histoire. 
Déjà, la première question, c'est "quand ?". Parce que si notre Premier Ministre s'est amusé à classer les départements français en fonction du nombre de malades et des capacités des hôpitaux à prendre en charge les malades en leur attribuant une couleur rouge, orange ou verte, ce n'est sans doute pas simplement pour décorer les murs du ministère de la santé ou pour passer le temps.
Donc ce "classement" implique forcément des modalités de déconfinement différentes en fonction des départements, ce qui me semble, pour le coup, parfaitement logique, en ce sens que la situation n'est absolument pas la même dans une région comme l'Alsace (oui, désolée, j'en suis restée à l'ancien découpage administratif avec 22 régions), où le nombre de cas, de décès et d'hospitalisations reste très importants, et en Bretagne, où les médecins n'ont vu que quelques cas de Covid-19 isolés et où la situation est bien moins critique que dans l'Est de la France ou la Région parisienne, par exemple.
Ah oui, mais alors ça va poser un vrai problème logiciel, ça.

Ben oui.
Parce que le logiciel de l'Etat, c'est celui qui met l'égalité du citoyen devant la loi, le droit et toutes les décisions prises au premier plan. C'est sans doute pour cette raison, d'ailleurs, que certaines décisions paraissent aujourd'hui totalement absurdes et incompréhensibles, sauf si on les observe avec ce prisme de lecture-là. Par exemple, pourquoi des départements qui avaient réussi à commander des masques ont-ils vu leurs commandes réquisitionnées par l'Etat et stockées ?
Sans doute pour la simple raison qu'à ce moment-là, l'Etat étant dans l'impossibilité de fournir des masques à toute la population a décidé que ce serait tout le monde... ou personne. Et que donc, ce ne serait personne.
Pour l'école, qui dépend du Ministère de l'Education, c'est la même chose. Il faut donc déconfiner tout le monde en même temps, en aménageant ce déconfinement non pas en fonction des régions, ce qui serait parfaitement logique, mais en fonction des niveaux. Les CM2 d'abord, puis les grandes sections de maternelle et les CP, puis les autres élèves du primaire... mais pas les lycéens. Eux, ils peuvent rester chez eux. D'ailleurs, le bac a déjà été aménagé, alors ils n'ont plus grand-chose à faire au lycée, hein !
Sauf que, du coup, on va se retrouver avec des familles, quand il y a plusieurs enfants en primaire et/ou en maternelle, par exemple, où certains pourront retourner à l'école, mais pas les autres. Ou bien pas tout de suite.
Donc, la logique qui va prévaloir dans la grande majorité des familles qui en ont la possibilité, c'est de ne déconfiner personne, de laisser les enfants à la maison, de continuer l'école à la maison, sous la responsabilité des parents qui pourront se permettre de ne pas aller travailler. Ou qui pourront profiter du télé-travail.

Alors, finalement, c'est le citoyen qui prend la décision. La décision de retourner au travail si son employeur lui laisse le choix. La décision de renvoyer son ou ses enfants à l'école. La décision de porter un masque à l'extérieur (parce que non, ce ne sera sans doute pas obligatoire, sauf dans les transports en commun). La décision de se signaler au médecin ou à la fameuse brigade spécialement formée pour ça (pour être intrusive tout en étant humble ! Mais comment ils vont faire ?) en cas de symptômes potentiellement liés au Covid-19. La décision de rester confiné chez soi ou bien d'aller à l'hôtel...
Si c'est le citoyen qui est responsable de tous ces choix-là, alors c'est banco pour le gouvernement. Parce que du coup, si le déconfinement se passe mal, si l'épidémie repart, nos chers dirigeants pourront toujours dire : "C'est pas de notre faute !"

Il y a des baffes qui se perdent, moi, j'vous dis !

La situation est insoluble, parce que le gouvernement n'est pas honnête depuis le début. Ni sur la gravité de la crise, ni sur la question des masques et des tests, ni sur la sortie de crise et du confinement. Face à ce chaos le plus complet, face à ces revirements multiples, à ces injonctions absurdes et contradictoires, il devient très difficile de savoir ce qu'il convient de faire.
Juste un exemple sur le port du masque :
Il est plus que recommandé d'en porter un dès qu'on sort de chez soi, mais ce ne sera pas obligatoire sauf dans les transports en commun, au supermarché... dans tous les endroits où on est susceptible de croiser du monde. Oui, mais je fais quoi de mon masque en tissu fait avec mes jolies petites mains, si je suis allée à la grande ville en bus pour y faire quelques courses et déposer des chèques à la banque ? J'ai mis un masque pour aller dans le bus, puis j'ai marché dans la rue et j'ai enlevé mon masque pour respirer un peu mieux (parce que je ne sais pas si vous avez essayé, mais c'est assez contraignant de respirer avec un masque sur le visage) et/ou pour profiter de la douceur de la météo en ce printemps que nous vivons en grande partie confinés pour l'instant. Puis j'arrive à la banque, je vais donc devoir remettre mon masque. Sauf que si j'ai croisé quelqu'un dans le bus qui était porteur du virus et que ce quelqu'un a pu projeter sur moi des gouttelettes contaminées (ce qui ne devrait pas arriver s'il portait un masque, mais on sait que les masques grand public ne protègent pas à 100%), alors mon masque est lui-même certainement contaminé. Je vais donc le remettre sur mon visage en rentrant dans la banque et, au choix, me contaminer moi-même pour avoir touché le masque contaminé avec mes mains que j'avais pourtant désinfectées au gel hydro-alcoolique avant de partir, ou bien contaminer la personne au guichet de ma banque où je vais déposer mes chèques en souffrance depuis le début du confinement, parce que j'ai fait les courses pour mes voisins depuis qu'ils ne peuvent plus sortir de chez eux...
Moi, je vous dis, ça va être coton.

Et la question que je me pose, aussi, c'est, finalement, qui sera responsable en cas de problème durant le déconfinement ? L'Etat semble avoir posé tous les jalons pour se défausser. Alors qu'Edouard Philippe n'y était pas du tout obligé, il a présenté son plan de déconfinement aux députés et aux sénateurs. Une manière de leur dire : "Voilà ce que nous prévoyons de faire. Si vous êtes d'accord avec ce plan, alors en cas de problème, vous en porterez la responsabilité autant que nous. Et si vous n'êtes pas d'accord, alors vous serez les responsables des multiples faillites d'entreprises qui ne manqueront pas d'arriver si la reprise ne peut pas se faire".
C'est la même tactique que celle qui consiste à en appeler à la responsabilité des citoyens.
Dans tous les cas, c'est "Face, je gagne, et pile, tu perds".

Aahh !!! Vivement 2022 ! (ou pas...)