Blog d'humeurs,
blog de textes personnels,
de recettes de cuisine ou de coups de gueule,
blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

lundi 19 novembre 2018

Gilets jaunes et gros bloquages

Cela fait un petit moment que je n'ai pas pu écrire ici. Il faut dire que j'ai été pas mal occupée, entre formations, réorientation professionnelle, nouvelles activités, choses urgentes et moins urgentes, et accessoirement, les enfants et la maison qui ont bien plus besoin de moi que ce blog... Bref. Passons.

Ce qui m'a occupée récemment, c'est aussi un certain nombre de sujets de réflexions qui m'ont amenée à me renseigner (petitement, je ne suis pas une experte, loin de là !) et à essayer de comprendre un peu mieux certaines choses qui se passent dans notre pays.
Et ce que j'ai compris, eh bien c'est que... la situation est bien plus complexe encore que ce que j'avais imaginé au départ.

Tout a commencé avec des questions relatives à mon alimentation. Comment faire pour mieux manger ? Et puis, c'est quoi, "mieux manger" ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c'est manger ce qu'il y a de meilleur pour moi (au niveau micro-nutritionnel, macro-nutritionnel, environnemental, économique, social, etc.) ? Et là, déjà, c'était complexe, parce qu'entre la question du manger bio, local, mais aussi manger "utile" pour mon corps, en lui fournissant ce dont il a réellement besoin, cela implique un certain nombre de changements me demandant aussi de mieux connaître le fonctionnement de mon corps. Et donc de tester, de m'écouter (ou plutôt d'écouter ce que me dit mon corps et comment il réagit à ce que je lui donne). Bref, ça demande du temps et un peu de connaissances aussi. En faisant quelques recherches (merci Internet), je suis tombée sur des vidéos de Thierry Casasnovas, un homme de mon âge à peu près, qui revient de très loin et qui a réussi à remonter la pente grâce justement à une meilleure alimentation. Il va très loin dans ses expériences, mais il a une approche qui m'intéresse beaucoup parce qu'elle me permet de mieux comprendre comment mon corps fonctionne, en testant par tâtonnements et par expérimentations successives. En gros, j'essaie. Ce qui me fait du bien, je garde, le reste, je jette. Et ça marche.

Vous savez comment fonctionne Youtube : quand vous regardez une vidéo, la plate-forme vous en propose d'autres dont le contenu est assez proche et de proche en proche, vous finissez par vous perdre dans une masse d'informations. Mais au beau milieu de cette masse, je suis tombée sur un certain Pablo Servigne qui m'a entraînée dans une autre direction, complémentaire de la première et me faisant comprendre qu'il est vraiment temps de changer notre façon de faire. Parce que de toute façon, un jour ou l'autre, on y sera obligé.
Pablo Servigne est un collapsologue. La Collapsologie est une nouvelle science, un espèce d'OVNI scientifique. "To Collapse" en Anglais, ça veut dire "s'effondrer". En gros, il s'agit de la fin de nos modes de vie, de nos façons de consommer en particulier.
Les collapsologues envisagent plus que sérieusement, chiffres à l'appui, l'effondrement de nos ressources énergétiques (pétrole, gaz, etc.), de nos ressources en métaux (y compris les rares qui servent à confectionner nos produits de haute technologie type smartphones, tablettes, éoliennes, ordinateurs...), mais aussi alimentaires (extinction de nombreuses espèces animales et végétales), financières (tous les analystes financiers et économiques s'accordent pour dire qu'une autre crise économique majeure aura lieu, très bientôt, et qu'elle sera pire que celle de 2008), etc. Pour faire simple, nous sommes dans une voiture qui va trop vite et qui est sur le point de faire une grosse sortie de route. 
Tout risque donc d'aller très vite de travers.

Et puis, depuis quelques semaines, maintenant, ce fameux mouvement du 17 novembre a émergé sur les réseaux sociaux. Youtube n'a pas échappé à la vague, comme Twitter et les autres (je ne suis vraiment pas assez à la page pour tous les connaître). Et là, c'est très étrange, parce que j'ai eu l'impression, samedi dernier, en voyant le bazar que provoquaient les "Gilets jaunes", de vivre une sorte d'avant-goût de ce qui nous attend dans quelques temps, quand nous aurons de vrais problèmes à cause de l'effondrement de nos ressources. En clair, nous vivons dans un monde où nous exploitons davantage de ressources que celles qui sont disponibles. Ce qui veut dire que nous vivons à crédit et que tôt ou tard, nous allons connaître une pénurie. Vraisemblablement pas pour tout en même temps, mais dans un temps suffisamment court pour poser de sérieux problèmes d'approvisionnement et a fortiori, de survie pour ceux qui n'auront pas accès aux ressources vitales (eau, alimentation, etc.). Dit comme ça, c'est assez effrayant, en fait...
J'espère sincèrement que ni moi, ni mes proches n'aurons à vivre tout cela. Mais sans être pessimiste, j'ai actuellement un peu de mal à voir par quel moyen nous pouvons échapper à tout ça.


J'ai l'impression que le mouvement des Gilets jaunes est une manifestation de petite ampleur du problème sous-jacent que nos gouvernants (et là, je ne parle pas seulement de la France, ni même de l'Europe, mais du monde entier) se refusent de voir : notre mode de vie, de consommation, n'est pas tenable dans le temps. C'est plus qu'une question de transition écologique. Vu l'ampleur du problème décrit par les collapsologues, on en est loin, maintenant. Il ne s'agit plus de transition écologique, tout simplement parce que notre planète, notre environnement, notre climat, a une grande inertie. Et qu'il faudrait sans doute plusieurs centaines d'années pour inverser la tendance, même si nous changions tout dans nos façons de vivre aujourd'hui...


La bonne nouvelle (parce qu'il y en a quand même !), c'est que, pour continuer à vivre, il va falloir se serrer les coudes. S'entraider. Travailler ensemble pour assurer le ravitaillement des différentes communautés. Préférer l'alimentation locale, produite sur place, de manière biologique, sans intrants (parce que de toute façon, on ne pourra plus les produire faute de matières premières pour le faire). Il va falloir mutualiser les savoirs, les compétences, et travailler en réseaux. Etre inventifs et faire preuve de débrouillardise. Et surtout, il va falloir revenir à l'humain. Parce que de toute façon, si nous vivons réellement une crise énergétique, il va être de plus en plus compliqué d'utiliser les moyens de communication modernes type ordinateurs, internet, téléphones... Et donc, nous allons devoir recommencer à nous parler, à travailler ensemble. 

En écrivant ces lignes, j'ai l'impression que cette situation devient réelle, pour la première fois depuis que j'étudie le problème, voici bientôt huit mois. Jusqu'à présent, l'effondrement me paraissait lointain, hypothétique, surréaliste. En fait, j'avais du mal à y croire. Mais la réalité du quotidien me remet à ma place. Les Gilets jaunes ont ceci d'agaçant qu'ils nous empêchent de vivre comme nous en avons l'habitude. Leurs barrages filtrants augmentent nos temps de transport, embêtent un certain nombre de personnes et font resurgir certains réflexes qu'on pensait oubliés, comme le stockage de denrées alimentaires, par exemple. Mais il faut bien constater quand même qu'ils mettent le doigt sur un truc qui nous est actuellement essentiel et dont nous pourrions bien être obligés de nous passer dans quelques années : le carburant. Pablo Servigne et d'autres collapsologues estiment que le pic de production de pétrole a été atteint en 2006, si je me souviens bien de ce que j'ai entendu. Ce qui veut dire que 2006 est l'année où l'on a produit le maximum de pétrole. Et que depuis, nous en produisons de moins en moins. Et comme il y en a de moins en moins, le prix du pétrole ne va pas cesser de monter dans les prochains temps. Jusqu'à ce que ça devienne intenable... Le problème, c'est que ça va être la même chose pour beaucoup d'autres ressources, si j'ai bien suivi.

Le mouvement des gilets jaunes a déjà provoqué pas mal de dégâts, notamment le décès d'une femme sur un barrage, et un certain nombre de blessés. L'agressivité dont font preuve certains, tant au niveau des "gilets jaunes" que des "bloqués" commence à poser question. Pour qu'on en arrive là dès le premier jour du mouvement, c'est que les gens sont vraiment "à cran". Ils en ont marre. Marre de devoir se battre tous les jours pour joindre les deux bouts, pour finir les mois sans payer trop d'aggios à la banque. Marre de compter chaque centime et d'arbitrer à chaque fois qu'ils font les courses, surtout quand ils savent que d'autres, bien mieux placés, ne savent plus quoi faire avec leur argent (ou avec celui de l'Etat, quand il s'agit des frais de manucure et de coiffeur de Madame Macron ou de la nouvelle vaisselle de l'Elysée...). Bref, le ras-le-bol est compréhensible, mais le problème, c'est qu'il se manifeste en ce moment dans une belle agressivité, qui n'est même plus cachée.

J'ai juste envie de crier au monde qu'il ne faut pas se tromper de cible. Le problème n'est pas, n'est plus le prix du diesel. Le problème, c'est notre manière de vivre, bien trop individualiste, gourmande en énergie, bien trop dispendieuse. À quand un retour à un mode de vie plus frugal, plus sain, plus altruiste ?