Blog d'humeurs,
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On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

jeudi 29 août 2019

La violence des réseaux sociaux... vraiment ?

Ce mercredi 28 août au matin, à la radio (vous savez, le flash-info de 7h00 à 7h02, suivi de la météo ?) m'a fait quelque peu bondir hors de mon lit (pourtant, je n'avais pas vraiment passé une bonne nuit, avec une belle insomnie comme il ne m'en était plus arrivé depuis des mois, mais c'est un autre sujet).
J'ai entendu ce matin-là le présentateur des infos qui disait, m'a-t-il semblé, qu'il fallait lutter contre la "violence des réseaux sociaux".

Soit. Je vois tout de suite à quoi il est fait allusion, là. Les "réseaux sociaux", c'est Twitter, Facebook, Instagram, Youtube, Whattsap, Snapchat et consorts. Ce sont des plate-formes internet par l'intermédiaire desquelles des personnes, qui se connaissent ou non dans la "vraie vie", entrent en contact les unes avec les autres et interagissent. Il est possible de retrouver des copains perdus de vue, ou des membres de la famille un peu éloignée (voire très éloignée aussi), d'organiser des rencontres, des événements, de partager des informations, des découvertes... etc. Vous connaissez le principe puisque, comme moi, je suppose que vous en utilisez au moins un.

Ce qui m'a fait bondir tout d'abord, c'est la question de leur "violence". Peut-on, en effet, parler de "violence" quand on parle d'un réseau social ? Un réseau social peut-il être violent par lui-même ?
Les outils, les instruments, ne sont "violents", à mon sens, que par l'usage qui en est fait. Je peux très bien utiliser Facebook ou Twitter pour rester en contact avec des personnes qui sont loin géographiquement, par exemple. Il n'y a là aucune "violence". Juste un "lien" entre des personnes. En revanche, je peux aussi utiliser Facebook ou Twitter pour organiser une manifestation qui pourra s'avérer violente ou tenir des propos violents contre l'un ou l'autre de mes contacts. 
C'est exactement la même chose que l'énergie atomique. Est-elle bonne ou mauvaise ? En soi, elle n'est ni bonne, ni mauvaise. Tout dépend de l'utilisation qu'on en fait. L'utiliser pour produire de l'électricité, en soit, c'est une bonne chose. Mais en faire des bombes est une utilisation bien plus discutable, il me semble...
La "violence des réseaux sociaux" n'est donc pas une réalité. La réalité de cette violence, c'est celle des utilisateurs de ces réseaux. Soit ils sont violents (en parole en premier lieu, dans leurs écrits, ou en actes si les réseaux les incitent à se rendre à une manifestation où ils vont faire preuve de violence par exemple), soit ils ne le sont pas (beaucoup de personnes tentent de discuter avec les autres sur un mode apaisé, nombre d'utilisateurs ne font que suivre une personne ou une autre sur Facebook, Instagram ou Twitter, par exemple). Mais ce ne sont pas les réseaux en eux-mêmes qui sont violents. Ce sont les usages que l'on en fait. Rien d'autre.

Alors on pourrait penser que le présentateur des infos voulait parler de la lutte contre la violence des utilisateurs des réseaux sociaux. Ce serait parfaitement logique, sain et normal. D'ailleurs, l'utilisation des réseaux sociaux en question suppose l'adhésion aux conditions d'utilisation qui prohibent l'incitation à la haine, la tenue de propos haineux, diffamatoires, antisémites, racistes, etc. C'est-à-dire que tout utilisateur d'un réseau social est tenu de respecter la loi, purement et simplement.
Pourtant, il faut bien avouer que sur les réseaux pullulent des commentaires qui, s'ils ne contiennent pas toujours des propos haineux, insultants ou diffamatoires en tant que tels, n'en sont pas moins violents pour autant. Si l'on peut regretter que certains n'aient que la violence verbale pour parvenir à s'exprimer, il convient toutefois de préciser que l'usage des réseaux, c'est comme n'importe quelle discussion en société : si on émet un avis en public, on se retrouve potentiellement face à des contradicteurs. Tout simplement parce qu'il y aura toujours quelqu'un qui ne sera pas d'accord avec ce que je dis publiquement. Et tant mieux ! Internet, c'est comme dans la vraie vie : ce n'est pas parce que j'écris derrière mon écran que ce que je dis reste privé. Au contraire. Tout ce qui est écrit ou dit sur Internet est potentiellement public, y compris sur des plateformes dites "privées"...

Le problème spécifique aux réseaux sociaux, c'est qu'on n'y intervient pas, en général, sous son propre nom. Et même si on le fait, il y a une distance indéniable qui s'instaure avec la personne que l'on suit ou à qui on répond, du fait même que le "contact" soit virtuel, par l'intermédiaire d'un écran d'ordinateur ou de smartphone. En clair, je ne dis pas vraiment la même chose à une personne que j'ai en face de moi qu'à une personne que je ne connais pas personnellement et à qui je ne fais que répondre suite à un propos qu'elle a pu tenir sur Internet. L'écran met une distance et une sorte de "protection" virtuelle entre les personnes qui fait qu'en général, on tient sur les réseaux des propos bien plus outranciers et moins policés que ce qu'ils seraient si la discussion avait lieu en face-à-face.

Les gouvernements se heurtent à cette question depuis longtemps, parce que depuis sa création, Internet est un espace extrêmement libre. Ce n'est pas un espace de non-droit, mais c'est un endroit où la liberté d'expression est fondamentale et facilitée par le fait que l'on peut s'inscrire sur un site hébergé dans un autre pays que celui où l'on réside.
Par exemple, la jeune pakistanaise Malala, Prix Nobel de la Paix, a longtemps écrit sur un blog hébergé en Angleterre et a, de ce fait, échappé à la censure des Talibans dans son pays, dont elle dénonçait la violence (réelle cette fois-ci) à l'égard de la population civile et en particulier des femmes. Le combat de Malala portait sur l'accès à l'éducation des filles, interdite au Pakistan par les Talibans au début des années 2000. Pour rappel, cette jeune fille, qui avait 17 ans en 2010, a été victime d'un attentat à la sortie du bus scolaire. Elle a été soignée en Angleterre, où elle vit depuis et continue son combat.

Tout cela pour dire que la liberté d'expression est une donnée fondamentale d'Internet et qu'il est donc forcément difficile d'interdire ou d'empêcher les propos violents.

Mais ce n'est pas tout. Ce que j'ai perçu dans ces quelques mots à sept heures du matin allait beaucoup plus loin que cette violence-là. Le raccourci fait par le journaliste était incroyable, puisqu'il semblait dire (je me trompe peut-être ?) qu'il fallait lutter contre la violence des réseaux sociaux, c'est-à-dire que les réseaux sociaux étaient responsables de l'atmosphère de violence qui règne dans notre pays. J'ai immédiatement pensé, bien sûr, aux Gilets Jaunes et aux Black Blocs, mais on pourrait penser aussi aux Printemps arabes, aux contestataires du G7 qui vient de se terminer à Biarritz, aux manifestants de Hong-Kong...

La question que je me suis posée, c'est "d'où vient réellement la violence ?"
Que ce soit les Gilets Jaunes, les manifestants de Hong-Kong ou les contestataires du G7, il est toujours question de manifestations, de personnes qui luttent pour qu'une situation insupportable de leur point de vue change. En cela, les réseaux sociaux n'ont rien inventé et ne sont en aucun cas responsables de cette violence. Sinon, Internet n'existant pas en Mai 1968, ni a fortiori en 1789, en 1830 ou en 1848, la France n'aurait pas connu tous ces soubresauts qui ont fait de notre pays celui qu'il est.
Alors, cette violence, elle vient d'où ?

J'ai une vague idée, là, comme ça.
Les inégalités ?
La fin des services publics ?
Les taxes ?
La hausse des prix de l'eau, du gaz, de l'électricité à cause, ou en dépit, de l'ouverture à la concurrence ?
La dégradation des conditions de travail dans les entreprises, les hôpitaux ?
Le grand n'importe quoi dans l'Education Nationale ?
La détérioration de l'offre alimentaire ?
La hausse des coûts de santé, due en partie au déremboursement des médicaments, de certains soins, au plus grand profit des mutuelles, laboratoires pharmaceutiques et autres compagnies d'assurances ou, plutôt, de leurs actionnaires ?
L'augmentation des maladies graves, chroniques, auto-immunes... qui saccagent la vie de nombreuses familles ?
L'utilisation d'armes de guerre dans les manifestations, provoquant de fait la remise en cause du droit de manifester, pourtant inscrit dans la loi ?

Avant de s'interroger sur la "violence des réseaux sociaux", qu'on pourrait expliciter en "la violence des utilisateurs des réseaux sociaux", il faudrait peut-être s'interroger sur la violence subie en France et dans le monde par les citoyens. Entre ceux qui se battent pour avoir simplement le droit d'aller à l'école, ou bien de pouvoir vivre décemment de leur travail, ou encore de simplement pouvoir garder leur travail, ceux qui défendent des idées et une vision du monde plus humaine, qui tentent d'attirer l'attention sur la dégradation du climat, qui dénoncent ceux qui disent une chose et font l'inverse... il y a de quoi être à cran, en effet.
Je ne suis pas en train de légitimer la violence des Black Blocs, loin de là. Mais je m'insurge quand j'entends qu'il faut lutter contre la violence des réseaux sociaux, parce que c'est un non-sens total. Et, surtout, il me semble que c'est encore une fois un moyen d'enfumage drôlement efficace. 
Parce qu'on a tous en tête les manifestations de la fin de l'année 2018 et du début de 2019, avec ces commerçants obligés de barricader leurs commerces sous peine de les voir saccagés toutes les semaines. Ou encore les tags et les propos racistes qui défigurent à la fois nos monuments et nos esprits.
Mais s'entêter, comme le fait notre gouvernement, à vouloir contrôler et circonscrire la violence de la rue à l'aide d'armes de guerre (les LBD sont quand même responsables de plusieurs milliers de blessures, de pas mal de mutilations et peut-être d'un décès, ce n'est pas rien !) sans remettre en question tout ce qui alimente et nourrit cette violence dans la société, c'est au mieux de l'incompétence, au pire de la malhonnêteté et du banditisme.

Pourtant, des solutions existent. Seulement, elles supposent de remettre le paquet sur les services publics, de s'affranchir des règles absurdes du libéralisme à tout crin, de redonner du travail aux Français en France, donc de relocaliser la production des produits que nous consommons, d'abandonner cette idéologie mortifère qui consiste à vouloir produire toujours plus de biens dont nous n'avons pas besoin... En bref, un peu (beaucoup !) de modération dans nos achats, plus de redistribution des gains des grandes entreprises au profit des employés et non plus seulement des actionnaires, plus de justice sociale et fiscale, pour ne citer que quelques idées en vrac, ça réglerait déjà quelques petits problèmes et ferait sérieusement baisser le niveau d'énervement dans notre pays.
Mais bon, on en est loin. Parce qu'il faudrait savoir qui tire les ficelles en réalité. Quand j'ai appris qu'aux Etats-Unis, il y avait plus de lobbyistes que d'hommes politiques, je me suis dit que, malheureusement, on n'était pas rendus... comme on dit en Bretagne !

jeudi 11 juillet 2019

Ce matin, j'ai appris la mort de Vincent Lambert...

Je suis dans un état un peu second depuis le début de la journée. J'ai appris la nouvelle un peu après 8h50, soit environ une demi-heure après le décès de cet homme que je ne vais pas vous faire l'injure de vous présenter. Tout le monde, en effet, en France et même à l'étranger a, semble-t-il, son avis sur la question.

Ben pas moi. Ou plutôt, j'ai un avis sur des questions relatives à la vie et à la mort de Vincent Lambert, mais pas sur ce qu'il aurait voulu, lui. Je n'en sais rien. Et je vais commencer par ça, comme ça, cette question sera évacuée et je pourrai me concentrer sur ce qui m'occupe vraiment, à savoir les questions que sa vie et sa mort posent aujourd'hui.

Pourquoi je n'ai pas d'avis sur ce que lui pensait ? Ben parce que je ne l'ai jamais entendu dire, ni vu écrire, quoi que ce soit. Parce que je ne le connaissais pas. Parce que, comme tout le monde, je n'ai découvert son histoire qu'en 2013 à peu près, au moment où le drame qui a bouleversé sa vie et sa famille a été médiatisé et judiciarisé.
Donc, objectivement, tout ce que je sais de lui, c'est ce qu'en ont dit les médias, ses parents, les avocats de ses parents, et ce que ses frères, sœurs, femme, neveu... ont dit de lui à travers les médias, dans les articles sur lesquels je suis tombée.
Du vent, donc, en ce qui concerne sa parole à lui.

Ah, si, il y a une page Facebook qui existe et que j'ai découverte aujourd'hui. Elle s'intitule "Paroles de Vincent L.". Vous pourrez aller voir, je ne mets pas le lien ici, parce que je trouve cette page assez nauséabonde, pour tout dire. Dans le sens où quelqu'un (je ne sais pas du tout qui) "parle" à la place de Vincent Lambert et lui fait dire un certain nombre de choses, toutes en faveur de sa mort, sur le mode "Laissez-moi partir, mes chers parents, j'ai déjà trop souffert, je resterai avec vous jusqu'à la fin, mais laissez-moi partir". C'est dégoulinant de bons sentiments, de compassion... mais surtout, ce n'est bien entendu pas Vincent lui-même qui parle, puisqu'il en était incapable. Donc il s'agit de quelqu'un de sa famille, ou un de ses amis... qui, on le comprend bien, ne supporte plus cette situation et demande, au nom de Vincent, qu'il soit euthanasié.

Oups. J'ai peut-être dit un gros mot ?
Zut.

En tout cas, cette page, je la trouve indécente. Ce n'est que mon avis, bien sûr, et je comprends que certains se sentent confortés, réconfortés aussi, en lisant ces lignes apparemment apaisantes. Mais ce qui me gêne, c'est que justement, l'apaisement n'est qu'apparent. J'y reviendrai.

Alors, disais-je, je ne sais rien, pour ma part, de ce que voulait réellement Vincent Lambert. Nous avons, d'après ce que j'ai lu, l'avis de sa femme Rachel et de cinq ou six de ses frères et soeurs, ainsi que de son neveu, sur des "directives anticipées" qui demandent qu'aucun acharnement thérapeutique ne soit pratiqué. Soit.
Petit rappel des faits : Vincent Lambert a eu un accident de la route, à moto, en se rendant à son travail en 2008. Et jusqu'en 2013, personne n'a entendu parler de lui. En 2013, la bataille judiciaire commence, sa femme n'étant pas d'accord avec les parents de Vincent. Pour une raison que j'ai oubliée, elle demande à ce que Vincent meure et elle est appuyée en cela par le médecin de l'hôpital où Vincent est en soins palliatifs. Les parents ne sont pas d'accord et invoquent le fait qu'il n'est pas en fin de vie, que la question de la vie ou de la mort ne se pose donc pas. Ils demandent à de multiples reprises son transfert dans un établissement spécialisé pour les malades dans son cas, proposent de l'accueillir chez eux pour pouvoir s'en occuper eux-mêmes... mais c'est leur belle-fille Rachel qui a la tutelle et qui prend donc les décisions. Pour des raisons que j'ignore, le transfert est refusé, tant par les médecins que par sa femme. Alors que, clairement, la place d'un handicapé sévère comme Vincent n'est pas du tout dans un service de soins palliatifs, dont le rôle est d'accompagner les mourants jusqu'à la fin de leur vie. Pas de servir de mouroir à un handicapé parce qu'on a décidé de le tuer mais qu'il s'accroche à la vie.
En 2013, un "arrêt des soins" (entendez par là l'arrêt de l'alimentation de Vincent, mais pas de l'hydratation) est arrêté au bout de 3 ou 4 semaines, je ne sais plus : il n'est toujours pas mort. C'est là que l'affaire prend un tour vraiment national et où on commence à voir Vincent sur les images du JT, sur les réseaux sociaux, etc.
Finalement, après un nouvel arrêt des "soins" en mai dernier, alimentation et hydratation repris dès le lendemain, puis arrêtés à nouveau début juillet, arrive l'épilogue de ce matin : la mort au bout de neuf jours d'agonie.

Dans cette affaire, plusieurs choses me posent question. Tout d'abord, cette histoire de directives anticipées. A priori, on n'a que la version de Rachel, pas celle de Vincent Lambert. En toute bonne foi, on peut se dire qu'effectivement, ils ont pu en discuter entre eux. Mais ça veut dire quoi, "acharnement thérapeutique" ? Dans le cas de Vincent Lambert, il y aurait eu acharnement s'il était sous traitement médicamenteux, sous respiration artificielle, sous stimulation cardiaque, etc. Mais non. Pour tout "traitement", il n'avait qu'une sonde lui permettant de vivre, lui délivrant de l'eau et de la nourriture. Il respirait seul, déglutissait seul, n'avait pas de traitement médical autre que la sonde, qui n'est pas un traitement, mais un moyen.
C'est-à-dire qu'en fait, on lui donnait, par un moyen médical, ce que tout le monde est en droit d'attendre a minima : manger et boire. Ce sont juste des choses essentielles, pas que pour lui, mais pour moi, pour vous, pour mes enfants, pour mon mari, pour tout être vivant. Boire et manger. Rien d'autre.
Si boire et manger c'est de l'acharnement thérapeutique, alors il va falloir mettre tout de suite toutes les industries agro-alimentaires à l'arrêt... (pour le coup, je pense que ce serait une bonne chose, mais pour des raisons totalement autres dont je parlerai peut-être un jour).
Pour le coup, s'il avait été dans un établissement spécialisé et réellement adapté à son handicap, comme le demandaient ses parents, il aurait eu des chances de récupérer, peut-être, un peu d'autonomie, de conscience, de possibilité de communiquer avec ceux qui l'entouraient... via des stimulations, rééducations et autres soins de confort destinés à l'aider à mieux vivre son handicap. Au lieu de ça, il est resté en soins palliatifs, dont le rôle, encore une fois, n'est pas du tout de rééduquer des patients dont on sait qu'ils sont, eux, réellement en fin de vie... Bref.

Une autre chose me pose sérieusement problème, ici, c'est le parti-pris quasi général contre les parents de Vincent Lambert, particulièrement pour des raisons religieuses. Une chose m'a particulièrement frappée dans tous les articles que j'ai lus ces dernières semaines, c'est que sa mère, Viviane, ainsi que son père Pierre sont systématiquement présentés comme "Catholiques fervents". Personnellement, quand je vois ces qualificatifs dans un article où il est question de décider de la vie ou de la mort de quelqu'un, mon cerveau entre tout de suite en mode "Ben oui, les Catholiques, c'est ceux qui sont contre l'euthanasie, l'avortement et le mariage pour tous". Et si on ajoute "fervents", ça donne tout de suite l'impression qu'on n'a pas le droit de dire "intégristes" parce que ce serait sans doute faux, mais qu'on veut dire par là qu'ils sont très pratiquants et qu'ils suivent les préceptes de leur foi de manière plus régulière et systématique que d'autres croyants, plus "tièdes", eux.
Ben oui. Figurez-vous que des "catholiques fervents", il y en a. Et qu'ils ne sont pas intégristes ni traditionalistes pour autant. Simplement, ils vont à la messe, régulièrement (et pas juste à Noël et à Pâques pour faire plaisir à Mamie) (pardon), et pour beaucoup, ils tentent de mettre en conformité leur vie avec leur foi. C'est-à-dire de simplement être cohérents entre ce en quoi ils croient et ce qu'ils font au quotidien. Et on peut difficilement reprocher à quelqu'un qui croit que tuer est un péché mortel (selon le commandement qui dit, dans l'Ancien Testament, "Tu ne tueras pas") de vouloir défendre à tout prix le droit pour quelqu'un de vivre.
Au-delà de ça, le "catholiques fervents" des articles que j'ai vus a l'étrange pouvoir d'escamoter le fait qu'il s'agit là d'un père et d'une mère qui refusent tout simplement de baisser les bras et de laisser tomber leur enfant qui souffre et que la vie n'a pas gâté, c'est le moins qu'on puisse dire. Alors oui, j'ai déjà entendu les "la maman est étouffante, elle devrait laisser sa femme prendre les décisions et s'effacer". Certes, parfois, les mamans sont un peu protectrices envers leurs enfants. Mais, voyez-vous, je trouve ça un peu normal, finalement. C'est difficile, pour une maman, de voir mourir un de ses enfants. C'est même un drame absolu, une blessure dont on ne se remet jamais. Et ce quel que soit l'âge auquel l'enfant meurt. Parce qu'il n'est vraiment pas dans l'ordre des choses de voir mourir l'un de ses enfants. L'ordre des choses, c'est celui des générations : les parents meurent, normalement, avant leurs enfants. C'est un fait, simple, et lié à l'évidence que les enfants sont tout simplement plus jeunes que leurs parents. Oui, je sais, j'enfonce des portes ouvertes... encore.
Ce qui me choque, là, c'est que le combat de Viviane Lambert, qui est avant tout celui d'une mère qui se bat pour sauver son enfant, est réduit à un pseudo combat idéologique de défense de la vie pour des raisons religieuses. C'est tout simplement abject.
Que la position de Rachel Lambert et des frères et sœurs de Vincent soit contraire est tout aussi normale et logique : ils voient celui qu'ils ont connu debout, souriant, sans doute blagueur et bon vivant, dans un état proche du néant, où il leur est quasiment impossible de communiquer avec lui. C'est au moins tout aussi inacceptable pour eux que de voir son fils mourir pour Viviane Lambert.
Alors je ne m'aventurerai pas à juger qui que ce soit dans cette histoire. Je peux comprendre les uns comme les autres, étant moi aussi à la fois mère, épouse et sœur... Qu'aurais-je fait si je m'étais trouvée dans la situation de Viviane ? De Rachel ? De la sœur de Vincent ? Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que quand mon fils de cinq mois s'est retrouvé à l'hôpital en danger de mort, j'étais prête à tout pour qu'il reste en vie...

Et puis, il y a le contexte dans lequel se déroule cette affaire.

Petit rappel.
Hier, le gouvernement a annoncé le déremboursement progressif des traitements homéopathiques. Nous sommes en pleine polémique à propos du baccalauréat, dont certaines notes seraient totalement artificielles à cause de la grève (justifiée ou non, là n'est pas le sujet) des enseignants qui devaient les corriger. Dans le même temps, les urgences hospitalières sont au bord du malaise cardiaque, puisqu'on demande aux soignants de faire plus, avec moins de personnels. On a aussi un vrai problème avec la police qui, lors des manifestations des Gilets Jaunes, a pour instructions de la part du Ministère de l'Intérieur de tirer sur les manifestants à coup de LBD (arme de guerre, interdite dans les manifestations quand même...). J'ai appris aussi tout à l'heure, à ce propos, qu'une femme de 80 ans, morte au début du mois de décembre 2018 en marge d'une manifestation des Gilets Jaunes à Marseille, avait en fait été la cible de deux tirs directs de LBD (et non pas victime collatérale d'un jet de grenade lacrymogène mal assuré par la police). On est donc en plein dans un contexte de violences policières (mais je me garderais bien de jeter la pierre sur les policiers qui, pour le coup, reçoivent directement leurs ordres du Ministre de l'Intérieur). On peut ajouter à ce tableau la nouvelle épine dans le pied de notre "Jupiter" national : les frais de restauration de François de Rugy... Décidément, le mois de juillet n'est pas très heureux pour Emmanuel Macron. L'an dernier, c'était Alexandre Bénalla qui défrayait la chronique...

Alors vous allez me dire : "Amélie, tu t'égares, tout cela n'a rien à voir avec Vincent Lambert".
Oui, vous avez raison. Mais tout cela participe d'un climat "un peu" tendu, et ces éléments mis bout à bout commencent à faire beaucoup de choses qui ne fonctionnent pas dans notre pays. L'éducation nationale, la police, les hôpitaux... sans parler de la polémique sur la privatisation des Aéroports de Paris et de la Française des Jeux, de la PMA et de la révision des lois bioéthiques à venir en septembre... Oui, ça fait beaucoup. Alors ça n'a a priori rien à voir. Mais en fait, si, un peu quand même.
Parce que ce que j'observe, depuis le fin fond de mon Alsace Centrale, c'est que depuis quelques temps, quelques années (et ce n'est pas le seul fait d'Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et, avant lui, Jacques Chirac puis François Hollande avaient déjà bien entamé les choses), il y a comme une casse systématique de tout ce qui fonde notre société, et en premier lieu nos services publics et de notre solidarité nationale. Pour La Poste, EDF et GDF, ils ont tout simplement vendu les parts à des actionnaires. Pour l'hôpital, la police et l'école, ils font autrement : toujours moins de personnels, toujours plus de rendement avec toujours moins de moyens. Et puis, un jour, ils diront : "Vous voyez, les gens se tournent tous vers des écoles privées/cliniques privées/milices privées (rayez la mention inutile). Nos services publics nous coûtent trop cher, il faut faire des économies. Alors nous allons supprimer les services publics, mais ne vous en faites pas, avec l'ouverture à la concurrence, les grands gagnants, ce seront les usagers : les prix vont forcément baisser !"

Alors ça, c'est marrant, parce que c'est exactement ce qu'ils ont dit pour l'électricité et le gaz. Et aussi pour le train. Et au final, les tarifs augmentent tout le temps. Elle a bon dos, l'ouverture à la concurrence !

Pour en revenir à Vincent Lambert (parce que, oui, je me suis un peu éloignée du sujet, pardon), il me paraît quand même extrêmement troublant de voir que sa mort intervient juste au début de l'été, mais surtout deux mois environ avant la révision des lois bioéthiques, dont l'objectif affiché par le Président et son groupe "en marche" est de légaliser la PMA pour toutes les femmes. Le Président et ses conseillers ne sont pas fous. Ils savent très bien que la majorité des citoyens ne sont pas favorables à cette mesure. Parce que la "PMA pour toutes" est (comme je le disais déjà en 2012 lors des débats sur le "Mariage pour tous") l'antichambre de la "GPA pour tous". Avec, bien sûr, le remboursement des soins par la Sécurité Sociale à la clé. Parce que sinon, on ne règle pas du tout le problème de l'accès à ces techniques pour celles qui voudraient y avoir recours mais qui n'en ont pas les moyens financiers. Donc cette mesure ne passera que si elle est assortie de la gratuité de la PMA pour tout le monde. Ou plutôt de son financement par la Sécurité Sociale, donc par nos cotisations.

Alors du coup, les choses s'éclairent un peu. La fonction publique (et particulièrement la fonction publique d’État) coûte cher, particulièrement à l’État. Or la police, l'armée, l'éducation nationale et les hôpitaux relèvent tous du financement par l’État. Pour la fonction publique territoriale, ça relève des régions, des départements, des mairies, mais ça, pour l’État, c'est moins grave parce que, justement, les dotations aux collectivités territoriales ont baissé depuis plusieurs années. Alors l'impact est moindre.
Il faut donc trouver de l'argent. Pas que pour la PMA, d'ailleurs. L’État a toujours besoin d'argent, pour tout. Pour financer les baisses d'impôts pour les plus aisés, par exemple (la fin de l'ISF alors que l’État n'a plus d'argent, ça vous paraît logique, vous ?). Mais pas que. On va pas refaire "Les Gilets Jaunes-bis" ici. Ils le font très bien tous seuls.

Mais il y a une autre loi que l’État voudrait peut-être faire passer en même temps que la PMA, à l'occasion de la révision de la loi de Bioéthique, c'est celle de l'euthanasie. Si je me fais l'avocat du Diable, avouez que ce serait tout bénéfice. L'euthanasie, ça coûte beaucoup moins cher que les soins palliatifs ou que les maisons de retraite (de toute façon, les maisons de retraite sont financées en grande partie par les résidents eux-mêmes, et ça leur coûte d'ailleurs vraiment très, très cher !). Euthanasier certains malades ou handicapés, ce serait une bonne façon de faire des économies. Services et institutions spécialisés, soins aux handicapés, financement des associations d'aide aux malades, recherche médicale, services hospitaliers de long séjour, allocations diverses et variées pour incapacité totale ou partielle du fait du handicap, pensions de retraites... tout cela a un coût non négligeable pour l’État dont le rôle est quand même, normalement, de faire en sorte que les citoyens puissent avoir accès à des soins et des services de qualité, permettant de mettre en œuvre notre belle devise républicaine : "Liberté, Égalité, Fraternité"...

Alors je sais bien que là, je vais me faire des ennemis (si ça n'était pas déjà le cas avec mes autres billets ou ce que j'ai dit plus haut, tout simplement). On va me traiter de complotiste, de conspirationniste, de Catho-Fascho-Islamo-Homophobe et autres. Mais j'ai l'habitude, j'ai déjà vécu ça sur Facebook, il y a quelques années. Alors en fait, je m'en fiche un peu. (OK, c'est pas bon pour mon amour propre, mais je m'en remettrai et même, ça me fera peut-être progresser encore sur le chemin de l'humilité). Mais franchement, vous trouvez que tout va bien, dans notre pays ? Vous trouvez que la crise que nous traversons tombe du ciel et que notre pauvre gouvernement fait ce qu'il peut pour la régler au mieux ?

Moi pas. Mais ce n'est que mon opinion, bien sûr.
Je n’ai volontairement pas abordé tous les problèmes qui se posent. L’environnement, le réchauffement climatique, la sixième extinction de masse des espèces, la crise économique qui se prépare, les problèmes d’alimentation, la question de l’approvisionnement en eau, de la qualité de l’air, de l’immigration de masse, que les raisons en soient le réchauffement climatique, la pauvreté ou les conflits armés, les perturbateurs endocriniens, l’explosion des cancers… (et cette liste est non exhaustive, malheureusement)

Alors je n'ai toujours pas d'opinion sur ce qu'il aurait fallu faire ou ne pas faire pour Vincent Lambert. J'ai des convictions qui me viennent de mon éducation, de ma foi, des limites qu'il convient, à mon sens, de ne pas dépasser pour permettre à tout le monde de vivre ensemble en bonne entente dans notre beau pays. Et l'interdit du meurtre, comme celui de l'inceste, du mensonge, en fait partie. Et puis je n'ai pas oublié la duplicité de nos gouvernants sur les questions sociétales : lors des débats sur le PACS, il nous avait été promis qu'il n'y aurait jamais d'autorisation de marier civilement deux personnes de même sexe. Et pourtant, depuis 2013, deux personnes de même sexe ont le droit de se marier. Dans la foulée, on nous a dit que le mariage ne signifiait pas pour autant le droit à l'enfant. En 2017, lors de sa campagne électorale, Emmanuel Macron a certifié que s'il était personnellement favorable à la PMA pour toutes, il ne l'autoriserait qu'à l'issue d'un débat apaisé sur cette question. En 2018, les débats organisés partout en France font remonter une hostilité envers la PMA pour toutes, en ce sens qu'elle prive volontairement un enfant de père alors qu'on connaît tous les situations compliquées que vivent déjà les familles monoparentales qui, elles, ne l'ont pas choisi (au niveau éducatif, financier...). Aujourd'hui, alors que la situation est loin d'être apaisée (c'est un euphémisme, désolée), la révision des lois de bioéthique est programmée pour le mois de septembre, avec, contre la volonté de la grande majorité des Français, la PMA pour toutes au programme. Est-ce que, par hasard, nos gouvernants nous prendraient pour des imbéciles heureux ?

Je pense, pour ma part, qu'"ils" avancent à petits pas. Un pion après l'autre, lentement, histoire qu'on ne le remarque pas trop. Et la mort de Vincent Lambert est une trop belle opportunité pour faire avancer un pion supplémentaire vers la légalisation de l'euthanasie. D'ailleurs, j'ai vu passer un article, en fin de matinée, quelques heures seulement après la mort de Vincent, où je ne sais plus quelle élue disait qu'il fallait absolument se poser la question de la légalisation de l'euthanasie, comme cela a déjà été fait en Belgique et aux Pays-Bas. Pour le "bien" des malades, bien sûr.
Et puis, bien sûr, ensuite, ce sera la GPA. Et la privatisation totale du système de santé, pour le plus grand bonheur des actionnaires... et des assureurs. Et nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer.

Comme beaucoup de gens dans notre pays, je n'ai plus du tout foi en nos "élites" auto-proclamées. Nous allons dans le mur, à une vitesse vraiment, vraiment grande, là.
Alors ?
Sérieux ! On attend quoi, pour les dégager ?

lundi 8 avril 2019

Pôle Emploi vs Education Nationale : Le match !

J'ai mis un peu de temps, mais j'avoue que maintenant, je m'amuse bien ! C'est que je suis actuellement au cœur d'un imbroglio que même Pôle Emploi a du mal à débrouiller... Il faut dire à leur décharge que la situation est loin d'être simple... comme vous allez pouvoir le constater dans les lignes qui vont suivre. Accrochez vos ceintures, c'est parti !

Tout a commencé en juin 2016, quand j'ai mis fin avec l'accord de mon employeur à mon contrat de travail. Comme il s'agissait d'une rupture conventionnelle, je pouvais sans aucun problème m'inscrire à Pôle Emploi qui, ô merveille ! devait me verser des allocations chômage.
Oui, mais voilà, comme j'avais travaillé 18 ans au même endroit, la "prime" de départ était assez élevée... occasionnant six mois de carence. Qu'à cela ne tienne : j'attendrais donc novembre pour percevoir mes premières allocations chômage.

Oui, mais voilà (encore !) : en juillet, une de mes amies m'a embauchée pour de menus travaux de couture et j'ai pu bénéficier d'une petite rémunération durant quatre mois (août à novembre). Et mieux : en août, notre curé est passé me voir à la maison pour me proposer un travail. Il avait besoin d'une intervenante de religion au plus tard deux semaines après, à compter du 1er septembre, donc. Je n'avais pas l'impression de correspondre au profil, mais il a su me convaincre. J'ai donc dit oui, et la galère a commencé.

Parce que voilà : la particularité de ce "contrat" de travail... ben c'est qu'il n'y en a pas, malgré son nom. En tout cas, il n'y en a pas de formel, et le statut est assez bizarre.
Tout d'abord, mon employeur direct, c'est le Service Diocésain de l'Enseignement et de la Catéchèse, qui dépend directement de l'Evêché de Strasbourg (de l'Eglise, donc). D'ailleurs, pour devenir IDR, il faut une recommandation du curé de la paroisse dont on dépend, qui est chargé de s'assurer que toutes les heures de religion dans les écoles publiques des différentes paroisses qu'il a en charge seront assurées à la rentrée. J'ai donc un responsable direct, qui est le curé, un employeur direct qui est le SDEC et une chargée de suivi, employée du SDEC elle aussi, qui est mon interlocuteur avec le service qui m'emploie.
Mais le SDEC n'est pas chargé de ma rémunération. Eh non. Concordat oblige, c'est l'Education Nationale qui me paye, et c'est là que les choses commencent à devenir drôle.
Parce que mon "contrat" n'en est pas un. J'ai le statut de "contractuelle de l'Education Nationale", mais je n'ai pas de contrat de travail. J'ai juste un "arrêté" qui me donne l'autorisation de rentrer dans les écoles, que ce soit celle(s) où je suis officiellement en poste, ou que ce soit d'autres écoles où je suis amenée à remplacer des collègues qui auraient un empêchement (ce qui arrive quand même plusieurs fois dans l'année).

Petit rappel sur la façon dont les choses fonctionnent, pour ceux qui l'ignorent, chez Pôle Emploi. Que le demandeur d'emploi soit indemnisable ou non, il est tenu, pour pouvoir maintenir ses droits, de déclarer mensuellement sa situation. Pour le mois de septembre 2016, par exemple, même si  je n'étais pas indemnisable, puisque la carence courait encore, je devais déclarer à la fois les heures faites au niveau de mon emploi de couturière, et les heures effectuées en tant qu'IDR. Je devais aussi déclarer le salaire brut perçu.
Pour le premier contrat, pas de problème, puisque je disposais du bulletin de salaire correspondant. Mais quand j'ai essayé d'ajouter le second contrat pour la déclaration, j'ai été bien embêtée : je n'avais aucun élément me permettant de ne serait-ce qu'évaluer mon salaire brut : pas de fiche de paye, pas de salaire horaire brut (je n'avais qu'une estimation du salaire horaire net...). J'ai donc fait mes déclarations comme je pouvais, en me disant que j'aurais toutes les informations sur ma première fiche de paye. Mais je savais aussi qu'elle mettrait du temps à venir... Et vous allez voir pourquoi.

La première année, c'était encore relativement simple : nous avions l'obligation de déclarer, chaque trimestre, les heures effectuées selon l'emploi du temps communiqué au SDEC, pour chaque mois et dans chaque école. Ce document papier était signé par les directeurs des écoles et envoyé par nos soins à l'Education Nationale qui se basait dessus pour effectuer le paiement des heures. Evidemment, cela avait un léger inconvénient : les heures déclarées en décembre (pour les mois de septembre, octobre et novembre) n'étaient payées, au mieux, qu'en janvier... et on recevait la fiche de paye en février.
Vous comprenez tout de suite le problème que ça peut poser pour Pôle Emploi qui se retrouve avec une fiche de paye ne correspondant en rien aux déclarations mensuelles que tout demandeur d'emploi est tenu d'effectuer !

Avant même d'être indemnisable, la situation était donc déjà quelque peu complexe.
Et ça ne s'est pas arrangé. Parce que, bien sûr, Pôle Emploi a commencé à me demander des justificatifs et des explications. Sur le mode : "Vous n'avez pas envoyé de justificatif" ou encore "Notification de trop perçu" quand ils ont pu me donner mes indemnisations sur la base de mes déclarations (donc en novembre). Ce que je n'avais pas bien compris, c'est que, si la première fois ils versent les allocations sur la base d'estimations, en attendant le ou les bulletins de salaires correspondant aux déclarations et aux salaires réellement perçus, les fois suivantes, il "gèlent" les versements en attendant les éléments permettant de justifier les salaires perçus et de calculer le montant des allocations dues. Pour mémoire, quand on est au chômage, on a normalement droit à des allocations chômage. Si on ne travaille pas du tout pendant la période où on est indemnisable, les allocations sont versées en totalité à partir du moment où le demandeur d'emploi déclare 0 heures travaillées dans le mois. Pas de travail, pas de salaire, donc la totalité des allocations sont versées. Mais c'est un peu différent quand on travaille, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Là, le bulletin de salaire transmis sert à calculer le montant des allocations versées, puisque ce salaire est déduit des allocations dues, moins 30% du salaire (histoire que ça vaille un peu le coup de travailler quand même). En contrepartie, la période d'indemnisation est prolongée d'autant de jours que de jours travaillés durant la période d'indemnisation. Si on doit être indemnisé pendant deux ans et qu'on travaille deux mois durant ces deux ans, on sera indemnisé pendant deux ans et deux mois. Et ce, dans la limite de cinq ans. Faut pas pousser non plus...

Je me suis donc très vite retrouvée confrontée à plusieurs problèmes simultanément :
- la préparation des cours que je découvrais totalement, et ce pour trois niveaux sur cinq possibles (la première année, j'avais des CP, des CE2 et des CM2).
- les cours eux-mêmes (même si ce n'est que trois heures par semaine, ça prend quand même du temps)
- l'envoi des bulletins de salaires de l'Education Nationale au fur et à mesure qu'ils arrivaient, mais qui ne correspondaient à rien, puisque n'y figurent ni le salaire horaire, ni le nombre d'heures effectuées, ni la période de travail correspondante au salaire versé. La seule mention qui s'y trouve, outre le montant brut, le net et les cotisations, c'est "Rappel des années antérieures". Avec ça, on est bien avancé... parce que ça peut correspondre à n'importe quoi d'antérieur à la date indiquée sur la fiche de paye, y compris plusieurs années auparavant.
- des notifications de trop perçu chez Pôle Emploi parce que je ne donnais pas de justificatifs en temps et en heure (voir point précédent).
- le non-versement des allocations suivantes, faute de justificatifs pour les précédentes, d'autant plus que, comme mon compte faisait apparaître des trop-perçus, Pôle Emploi se remboursait sur les allocations à verser.
- l'obligation de rembourser les allocations que Pôle Emploi considérait comme non dues (quand elles n'étaient pas directement prélevées sur celles qui devaient être versées).
- mon incompétence crasse à utiliser leur site internet, du moins au début, ce qui fait que je n'ai pas eu les courriers qu'ils m'avaient envoyés depuis le mois de novembre 2016 avant... mai 2017 ! Si !

Bref. J'ai donc commencé par appeler l'inspection d'académie pour savoir comment résoudre ce problème de fiche de paye. Evidemment, pour ceux qui connaissent un peu l'Education Nationale, vous savez très bien dans quel labyrinthe administratif je venais de mettre le pied. J'ai donc appelé une première personne, qui m'a envoyée vers une seconde, qui n'était pas compétente pour régler mon dossier, qui m'a envoyée vers une troisième, qui était en vacances... C'était un peu "Les 12 Travaux d'Astérix", si vous voyez ce que je veux dire.

Au bout de plusieurs essais infructueux et prise dans le quotidien, j'ai finalement laissé tomber, en me disant qu'un jour ou l'autre, je trouverais bien une solution. Oui, mais voilà : je n'ai pas trouvé...

En 2018, ma situation s'est encore complexifiée parce que j'ai eu une demande pour un nouvel emploi, en tant qu'assistante maternelle, pour garder trois enfants un jour par semaine. Le souci, c'est que pour prétendre à cet emploi, il faut l'agrément... et une formation de 60 heures, en plus d'une formation de 8 heures aux premiers secours. Que je n'avais pas, bien sûr.
J'ai donc suivi toutes les étapes : réunion de présentation du métier et des démarches à effectuer, demande d'agrément, constitution du dossier, rendez-vous médicaux et dépistages obligatoires avec certificats à l'appui, formation aux premiers secours, formation initiale... au final, tout cela m'a occupée de février à début octobre 2018 ! Tout en assurant les cours et en travaillant les différents niveaux, puisqu'à compter de septembre 2018, je suis passée de 3 à 6 heures par semaine, mais pas avec les mêmes niveaux que l'année précédente et, qui plus est, avec un nouveau programme ! Caramba ! "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué", diraient les Shadoks !

En octobre 2018 toujours, j'ai, comme tous les trimestres, suivi une journée de formation continue pour mon emploi d'IDR. A cette occasion, j'ai appris que si moi, je ne pouvais rien faire de mon côté pour obtenir des informations sur la rémunération, le service qui m'emploie pouvait le faire...
Parce qu'entre-temps, bien sûr, ma situation n'avait pas évolué. Je n'ai perçu des allocations que deux ou trois fois dans l'année, dont une partie était considérée comme non due et que je devais donc par la suite rembourser...

Du coup, en novembre, j'ai communiqué à ma chargée de suivi le nombre d'heures effectuées depuis septembre 2016. Et les choses ont commencé à avancer un tout petit peu. Oh pas très vite, hein, faut pas non plus pousser. Mais quand même.
En février 2019 (il n'y a pas très longtemps, quoi !), j'ai eu l'immense surprise de recevoir un appel téléphonique d'une dame de l'Education Nationale ! Si ! Et elle était charmante et toute prête à m'aider. Après avoir repris tout le problème depuis le début, elle a admis que les choses étaient quand même compliquées...
Mais comme je ne suis pas la seule dans ce cas-là, elle avait une solution toute trouvée : communiquer à Pôle Emploi les attestations d'employeur correspondant aux deux premières années de travail. Mon "contrat" étant un CDD du 1er septembre au 31 août, renouvelé tous les ans, l'Education Nationale est tenue, normalement, de remplir une attestation d'employeur à Pôle Emploi, pour faire valoir les droits de ses contractuels. Sauf que, visiblement, ils ne le font pas de manière systématique, puisqu'elle a fait ces déclarations le 7 mars 2019 pour les périodes allant de septembre 2016 à août 2017 et de septembre 2017 à août 2018...
Mais c'était déjà mieux que rien. Au moins, me disais-je, Pôle Emploi avait maintenant les informations dont ils avaient besoin pour recalculer les montants dus pour les années 2016 à 2018...
L'autre volet de la solution consiste à m'envoyer, chaque mois, une attestation mentionnant le salaire horaire, le nombre d'heures et le salaire brut correspondant. Cette attestation est basée sur ma déclaration mensuelle (que, normalement, je n'ai pas à faire, puisque c'est le directeur de l'école qui doit le faire. Mais lui ne peut le faire que pendant 15 jours, à la fin de la période de déclaration, à cause du logiciel mis laborieusement en place à l'Education Nationale au mois de janvier 2018 ! Du coup, bien sûr, une attestation mensuelle basée sur les déclarations des directeurs des écoles n'est possible qu'après coup, c'est-à-dire que ça ne change rien du tout au problème.
Cette charmante dame de l'Education Nationale m'a donc établi des attestations mensuelles basées sur mes propres déclarations (puisque, bien sûr, elle n'a pas les détails des heures de chacun des 550 IDR que compte l'Alsace), avec tout ce qu'il fallait dessus comme informations. Je pensais que le bout du tunnel approchait ! Il me suffisait d'envoyer tout ça à Pôle Emploi pour voir ma situation régularisée ! Youpi !!!

Ben non.

J'ai bien envoyé les documents. Mais quelques heures plus tard, j'ai reçu un mail de Pôle Emploi me disant que j'avais reçu un courrier dans ma boîte sur mon espace personnel. Et ce courrier disait... que mes documents étaient rejetés ! Au motif qu'ils ne correspondaient pas à ce que je devais envoyer...
Là, mon sang n'a fait qu'un tour. Il faut savoir que quand on veut envoyer un document à Pôle Emploi, il faut envoyer un document à la fois. Je l'avais appris à mes dépends puisque j'avais envoyé toutes mes fiches de paye du CESU en une fois et je m'étais retrouvée dans la situation du rejet de ces fiches de paye. Je n'envoyais donc plus qu'un document à la fois depuis 2016. Sauf que là, c'était bien plusieurs documents, mais regroupés dans un seul fichier, puisque la personne de l'Education Nationale, pour que ça aille plus vite, avait scanné les documents et me les avait envoyés par mail avant de faire l'envoi par courrier. Mais ce faisant, elle avait créé un seul fichier PDF et c'est ce fichier que j'ai envoyé à Pôle Emploi.
L'autre problème est que quand je veux envoyer un document à Pôle Emploi, je dois préciser sur le site de quel type de document il s'agit (attestation d'employeur si fin de contrat, bulletin de salaire...). La difficulté, c'est que ces documents reçus de l'EN ne sont ni des bulletins de salaire, ni des attestations d'employeur puisque le contrat est en cours. Ne sachant pas quel type de document choisir, j'ai mis ce qu'il y avait sur le document lui-même, qui porte le titre d'"Attestation"...

J'ai alors cherché comment faire pour obtenir un rendez-vous avec un conseiller (parce que je vous passe les détails, mais ma conseillère, je ne l'ai vue que deux fois en deux ans et demi...). Et là, sur le site internet, je suis tombée sur "Faire une réclamation" ! Ben oui !!! La voilà la solution. En plus, Pôle Emploi s'engage en cas de réclamation à répondre dans les sept jours qui suivent. J'allais donc avoir une réponse, quelle qu'elle soit !

Six jours plus tard, j'ai une la grande surprise d'être appelée par une conseillère de Pôle Emploi. Si, si. Et ce qu'elle m'a dit m'a consternée :
"Votre dossier est vraiment très, très compliqué !"
Ben oui. Je sais. Et on fait quoi ?
"Je remarque que j'ai sur votre dossier une alerte par mois depuis novembre 2016 !"
Ben oui. Je m'en doute, puisque rien ne se passe normalement depuis novembre 2016....
"Madame, il va falloir que vous veniez dans nos locaux. Et ça va être long... je vais déjà faire le point avec vous."
Etc. Je vous passe la teneur de l'entretien, mais toujours est-il que j'ai compris que même s'ils avaient déjà tous les documents, j'allais devoir m'y rendre pour tout reprendre depuis le début...

Et ça, je l'ai fait ce matin. A 8h25, j'étais devant Pôle Emploi, attendant l'ouverture et prête à discuter pendant des heures s'il le fallait pour régulariser ma situation. En fait, ça n'a duré que 45 minutes. Comme quoi, ce n'est pas si compliqué que ça.
Mais ce qui est marrant, c'est que la personne que j'ai rencontrée m'a dit ce que je devais faire pour gruger le service ! Si ! Consciente des failles du système et de la complexité de ma situation, elle m'a demandé plusieurs choses :
- je ne dois plus envoyer le moindre bulletin de salaire émanant de l'Education Nationale, qui ne sont là que pour brouiller mon dossier.
- je dois envoyer tous les mois les attestations mensuelles établies par l'Education Nationale (ce qui m'oblige à faire plusieurs déclarations mensuelles : l'une à Pôle Emploi, l'autre à l'Education Nationale).
- Ces attestations, je dois les envoyer comme bulletins de salaires. Mais comme ce ne sont pas des bulletins de salaires, elles vont être rejetées.
- je dois alors appeler, juste après la notification de rejet, le numéro spécial puis le service financier et enfin demander un agent de l'agence dont je dépends pour leur demander de prendre le document en compte : ils vont alors ouvrir le document, voir son contenu et le comptabiliser pour le calcul des allocations qu'ils me doivent.


Quand je pense que tout ça, c'est basé sur mes déclarations ! C'est vertigineux... Si j'étais malhonnête...
Mais bon, je ne le suis pas ! 😉

En conclusion, je dirais que l'Etat n'est décidément pas doué. Dans le match qui oppose Pôle Emploi à l'Education Nationale, l'EN a bien tenté les feintes, a fait illusion pendant un (très long) moment, mais au final, c'est quand même Pôle Emploi qui marque sur ce coup-là.

Et moi, je devrais avoir un sérieux rappel d'allocations !


dimanche 31 mars 2019

Les proverbes Shadoks #2 : "Le passé ne sera jamais pire que l'avenir"

En faisant des recherches sur les proverbes Shadoks, je suis tombée sur celui-ci, que je ne connaissais pas : "Le passé ne sera jamais pire que l'avenir".
Honnêtement, le génie de Rouxel est vraiment dans la tournure des phrases, c'est réellement ça qui les rend drôles, absurdes.

Mais plus je les lis (déconnectées du contexte proprement Shadokien dans lequel elles ont été écrites), plus je me dis qu'elles ont un sens très profond et, paradoxalement, vraiment sérieux.

Le meilleur exemple est justement dans cette phrase : "Le passé ne sera jamais pire que l'avenir".

En lisant cette phrase, j'ai été proprement sidérée par ce qu'elle a de visionnaire. En particulier au regard de ce que nous dit l'actualité en ce moment. Si on regarde le passé, il y a de multiples guerres, conflits... qui ont tous été pires que ceux qui les ont précédés, progrès technologiques obligent. Seconde guerre mondiale pire que la première (la Shoah, les camps, les bombes sur Hiroshima et Nagazaki...), Hollande pire que Sarkozy, Macron pire qu'Hollande, Mariage pour tous pire que PACS, PMA pire que Mariage pour tous, etc...
Bref. Si on regarde le passé, on peut dire qu'effectivement "le passé ne sera jamais pire que l'avenir".

Zut alors. Parce que ça veut dire quoi, pour notre avenir ? Qu'il sera bien pire encore que notre présent et que notre présent est pire que notre passé ? Ben ça promet...
L'insurrection de 2018, le mouvement des Gilets Jaunes nous promet-il quelque chose du même ordre que la Révolution Française, mais en pire ? Et après ? Les problèmes climatiques seront-ils pires que la canicule de 2003 ? Combien de morts ? de milliers de morts à cause de guerres, de canicules, de tornades, de tremblements de terre ?

Je m'interroge, parce que, si je n'ai pas beaucoup écrit ces derniers mois (et même depuis deux ans), cela ne veut pas dire que je n'ai rien fait. Au contraire. J'ai beaucoup cherché. Et de fil en aiguille, je suis tombée sur des trucs justement totalement hallucinants. Tellement hallucinants que je n'ai pas pu me résoudre à les croire. Et même encore aujourd'hui, j'ai du mal à formuler ces pensées, ces questions, tellement elles me paraissent dingues.
Alors ces quelques idées me posent vraiment question, mais à un moment, il va bien falloir les regarder en face. Non pas pour en rajouter sur le mode anxiogène déjà patent dans notre société, mais pour essayer de comprendre, même si on ne peut rien faire.

Par exemple, le rôle de Jacques Attali.
Une idée parmi d'autres.
Cet homme a été, si je ne m'abuse, un proche conseiller de François Mitterrand, en son temps. Il a, je crois, présenté Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy qui en a fait son conseiller. Puis Emmanuel Macron est devenu le ministre du budget sous François Hollande. Aujourd'hui, le même Emmanuel Macron est président de la république et a créé un nouveau parti qui se veut hors des partis politiques.
C'est également Jacques Attali qui avait présenté Emmanuel Macron à un certain... Rothschild, qui l'a pris très jeune comme associé dans la banque d'affaires du même nom. Bien avant l'entrée d'Emmanuel Macron en politique.
Alors je n'ai pas fait de recherches très poussées sur Jacques Attali. Seulement, on le voit parler dans des conférences, auprès des étudiants de Polytechnique, par exemple. Il est de plus enseignant dans une autre grande école et apparaît régulièrement sur les plateaux télévisés. L'une des émissions en question, avant l'élection de 2017, le montrait disant très clairement qu'en 2022, la France élirait non pas un président, mais une présidente. Et il avait également prédit l'élection de son petit protégé aux plus hautes fonctions de l'Etat Français... Diantre ! Cet homme serait-il doté de pouvoirs surnaturels ? Est-il voyant ? Extralucide ? Voyage-t-il dans le temps ?
Ou bien, plus simplement, les élections dans notre pays sont-elles réellement libres ? Sont-elles truquées ? Avons-nous réellement le choix de celui ou de celle que nous portons au pouvoir ? Honnêtement, j'en doutais déjà depuis l'élection de Nicolas Sarkozy (oui, je suis lente à comprendre). Il ne me paraît pas du tout normal d'avoir l'impression, comme c'est le cas depuis 2007, de ne pas avoir le choix. D'être dans l'obligation de choisir entre la peste et le choléra, pour faire simple. En gros, tout se passe comme si les dés étaient pipés, comme si les "petits" candidats n'étaient là que pour nous faire croire que nous avons le choix et qu'en réalité, le choix réel est fait depuis belle lurette, et qui plus est sans nous. Cela m'a particulièrement frappée lors de l'élection de 2017, bien sûr, où il est devenu évident que nous n'avions pas le choix. La mise sur la touche de François Fillon, touchant dans sa naïveté, a été pour moi une évidence. Je n'ai pas pu me résoudre à mettre le "bon" bulletin dans l'urne. Comme je ne pouvais pas non plus mettre le "mauvais", j'ai choisi le vote blanc. Une manière, diront certains, de botter en touche. Pour ma part, j'ai pris cette décision parce que justement, le choix ne me paraissait pas possible. Et ne me semble d'ailleurs toujours pas possible. Comment choisir entre le pire et le pire ? Comment mettre dans l'urne un bulletin portant un nom dont on sait qu'il va porter pour cinq ans la destinée de notre pays et que cela va nous conduire à la catastrophe ? Parce que le candidat Emmanuel Macron n'a pas menti. Il n'a pas trompé les Français sur ce qu'il allait faire. Ce qu'il avait annoncé, il est en train de le faire. Il n'avait pas tout annoncé, c'est vrai, mais ce qu'il avait annoncé ne me plaisait déjà pas. Alors comment croire que ce qu'il cachait allait remporter mon adhésion ?
J'ai lutté, j'ai cherché, j'ai tourné en rond pendant des heures afin de résoudre ce dilemme cornélien. Et j'en suis arrivée à la conclusion que ce ne sont pas, ce ne sont plus les citoyens qui décident. Alors, notre pays et son système politique sont-ils les jouets de personnages très haut placés qui tirent les ficelles du pouvoir et le distribuent à qui le souhaite ? Quel est le rôle d'un Jacques Attali là-dedans ?
Finalement, qui décide ? Est-on toujours en démocratie ?

Autre exemple : le réchauffement climatique.
Dans le billet précédent, j'ai évoqué HAARP, qui fait partie de ce que l'on pourrait appeler la "complosphère", à savoir que ce serait une information délirante qui n'est fondée sur rien de vrai et qui n'a donc aucune réalité.
Soit.
Alors, pour les "complotistes", c'est quoi, "HAARP" ? C'est un système d'ingénierie-je-ne-sais-quoi qui a un certain nombre d'effets très concrets, en particulier sur le climat.
Si j'ai bien compris, il s'agit de modifier le climat en balançant dans notre atmosphère un certain type d'ondes qui ont des effets assez étonnants et parviennent à modifier le climat de la planète, permettant de provoquer là une sécheresse ou une canicule, là une tempête tropicale ou une vague de froid. Et ce afin de faire plier les gouvernements réfractaires à certaines décisions prises au niveau supérieur, "supra-national", comme on dit. La tempête de 1999, l'ouragan sur Saint-Martin entreraient dans ce cadre.
Le système permettrait également de contrôler le cerveau humain. Rien que ça.

Alors bien sûr, ça paraît délirant. N'empêche que je ne peux pas oublier les derniers mois, les catastrophes "naturelles" de cet été, du printemps dernier, les jours ininterrompus d'orages tous plus violents les uns que les autres, ici, dans le Grand Est, qui plus est au printemps alors qu'on y est plutôt habitués, mais sur une durée bien plus courte, durant l'été. Les pluies continuelles, parfaitement inhabituelles sur une telle durée, de même que la chaleur qui a suivi durant l'été. Plus tout à fait inhabituelle d'ailleurs. On en a un peu l'habitude malheureusement, depuis 2003. Mais quand même. Quand il se met à neiger en Bretagne, ou que les températures y montent à plus de 25°C au printemps, ce qui était quand même rarissime quand j'étais enfant, quand en Alsace on se met à avoir des orages d'été au début du mois d'avril, quand il ne tombe pas une goutte d'eau durant plusieurs semaines et qu'ensuite c'est le déluge pendant des mois, quand en plein mois de décembre on passe en 24h de +10°C à 0° au même endroit, quand le vent se met violemment à souffler en mode "tempête hivernale sur les côtes bretonnes"... sauf qu'on est en Alsace... Avouez qu'il y a de quoi se poser des questions.
Parce que toutes ces perturbations climatiques ne sont pas sans conséquences sur les sols, sur les insectes, sur les productions agricoles... et sur les organismes humains bien sûr.
Par exemple la pluie. Une sécheresse prolongée, suivie d'une période de pluie intense, on pourrait penser que c'est tout bénéfice pour la terre. Ben non. Pas du tout. Parce que quand la terre est très sèche, par manque d'eau, elle se rétracte et devient dure comme de la pierre. Demandez aux agriculteurs ! Labourer la terre à ce moment-là est totalement impossible. Et c'est normal. Face à l'agression du soleil, la terre se protège en formant une sorte de croûte qui empêche le soleil de brûler la terre sur une trop grande épaisseur. La surface devient totalement imperméable.
Si, juste après, des trombes d'eau tombent sur cette terre extrêmement dure et fermée, l'eau ne peut absolument pas s'infiltrer dans le sol. Elle ruisselle à la surface et finit par former des torrents de boue qui dévalent le long des pentes, en emportant au passage la poussière et la terre qui se trouvent en surface, provoquant un amincissement de la couche de terre arable qui devrait normalement permettre aux cultures de pousser. L'érosion est impressionnante.
Le changement du climat provoque aussi une modification de la présence des insectes, nuisibles ou non, avec un déplacement des espèces vers les endroits où elles peuvent vivre. On peut par exemple voir là la raison de l'arrivée du moustique-tigre en Europe. En 2003, il avait été observé pour la première fois en Italie... alors qu'auparavant, il était cantonné de l'autre côté de la Méditerranée, il me semble. Quant aux êtres humains, il n'est pas besoin de rappeler les effets que la canicule peut avoir sur eux. Il n'y a qu'à se remémorer le nombre hallucinant de morts au mois d'août 2003...
Je ne vais pas aller plus loin, vous avez compris le principe. La question est de savoir si ces variations climatiques sont naturelles ou si elles sont provoquées. J'avoue ne pas pouvoir trancher cette question, tant les informations que j'ai pu trouver sont contradictoires. Par exemple, on sait que le climat suit un cycle qui va d'une période de glaciation à un réchauffement pour retourner à une glaciation. C'est parfaitement normal, et ces cycles se succèdent depuis des milliers d'années. Normalement, nous devrions aller vers une période de glaciation. Or ce n'est visiblement pas le cas. On pourrait simplement dire que l'activité humaine a fortement impacté sur le climat (ce qui, pour le coup, est parfaitement exact). Pourtant, il y a des personnes qui, au regard de l'évolution géologique de la planète et des différents cycles climatiques, soutiennent que l'impact de l'homme est minime, parce que trop court dans le temps pour influer sur l'évolution et le cycle naturel du climat à l'échelle mondiale. De fait, il n'y aurait aucune inquiétude à avoir : tout cela serait parfaitement naturel.
Sauf que justement, cela ne me semble pas naturel du tout.
Compte-tenu de la violence des phénomènes climatiques et de leur fréquence, il y a deux possibilités : soit ces phénomènes sont provoqués par l'homme avec un outil du type HAARP qui joue avec les ondes dans la ionosphère et impacte sur les rayons émis par le Soleil vers la Terre, soit ces phénomènes sont une réponse violente de notre planète elle-même aux agressions qu'elle subit de fait des activités humaines. On serait alors dans le cas d'une sorte de puissance ésotérique que certains nomment "Gaïa", la déesse-mère, terre nourricière capable de châtier ceux qui lui font du mal... Dans les deux cas, il n'y a rien de "naturel"...

Je me pose donc de nouvelles questions, au regard de la crise sociale que traverse actuellement notre pays.

Le mouvement des Gilets Jaunes est né d'une énième taxe imposée aux gens, pour une question liée justement au climat, au réchauffement climatique pour être plus précise, et cette taxe a pour but, officiellement du moins, de financer ce qu'on appelle la transition écologique, c'est-à-dire le passage à des véhicules moins polluants que ceux que nous avons aujourd'hui (pour faire dans le très simple et l'hyper-schématique, parce que c'est en réalité bien plus complexe que ça).
De là naissent plusieurs questions.
- 1 - Si la question du changement climatique est liée à la pollution par les véhicules diesel, comment expliquer que seules les voitures soient taxées, alors que ce ne sont pas les seules qui utilisent ce carburant ? Pourquoi les avions, les bateaux, les super-tankers, les porte-containers géants... bénéficient-ils d'un carburant moins cher, parce que bien moins, voire pas du tout taxé, alors qu'ils utilisent bien plus de carburant que les voitures, à l'échelle planétaire ?
- 2 - Si le problème vient bien des voitures, si le but de la taxe est de diminuer la pollution et d'inciter les citoyens français à changer leurs modes de vie, leurs habitudes et notamment en matière de transports, pourquoi dans le même temps fermer les lignes de train, bien moins polluantes, sur les petits trajets ?
- 3 - Si le problème vient de la route, pourquoi réduire le fret par rail à la portion congrue ? Pourquoi ne pas le rétablir, ce qui aurait pour effet de réduire le nombre de camions sur les routes ?
- 4 - Si le problème vient des voitures, pourquoi proposer une prime pour racheter des voitures tout aussi polluantes, au lieu de donner une prime, par exemple, à ceux qui renonceraient à la voiture (parce qu'ils vivent en ville et ont accès à un réseau de transports en commun performant) ?
- 5 - De même, si cette taxe supplémentaire doit servir à financer la transition écologique, comment expliquer que seulement 5 à 10% du montant prévu soit effectivement employé à la transition écologique, le reste alimentant le budget de l'Etat pour faire on ne sait quoi ?
- 6 - Si on voulait vraiment réduire la pollution, ne serait-il pas plus judicieux de limiter les transports mondiaux (super-tankers, porte-containers géants...) ? Pour cela, il faudrait produire moins loin des foyers de consommation. En clair, relocaliser la production industrielle. Ce qui aurait vraisemblablement un coût important en terme de masse salariale, mais qui serait sans doute au moins en partie compensé par la baisse des coûts de transport et donnerait du travail à un nombre non négligeable de personnes au chômage, qui auraient donc plus d'argent pour acheter des produits fabriqués chez nous, au lieu d'acheter de la m**** produite à bas coût sur le dos d'ouvriers mal payés à l'autre bout du monde...
- 7 - HAARP existe, c'est une certitude, puisque l'Union Européenne s'est penchée sur la question. Si l'UE aborde un problème, c'est bien que ce problème existe (parce que l'UE n'est pas Shadokienne. Je rappelle qu'une des devises Shadoks est : "S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème". Donc si l'UE aborde un problème, c'est qu'il existe, que ce problème ait ou non une solution). Donc puisque HAARP existe et que nos chefs d'état le savent, pourquoi n'utilisent-ils pas cet outil pour modifier le climat dans le bon sens (du type "éviter les canicules, les tempêtes, les sécheresses", etc.) ? S'ils ne le font pas, c'est qu'ils n'en ont pas la possibilité, les moyens, ou l'intérêt. Ou bien encore que ça ne marche pas ? Mais si, ça marche, parce que sinon, le climat ne serait pas devenu fou...
- 8 - Puisque HAARP existe et fonctionne, puisque ce truc influe sur notre climat dans le mauvais sens, pourquoi nos dirigeants n'en parlent-ils pas ? Pourquoi acceptent-ils que ce truc soit utilisé visiblement à des fins néfastes ? Est-il envisageable que HAARP soit utilisé aussi pour des fins positives ? Est-ce le cas ? La situation serait-elle pire sans HAARP ? Depuis quand tout cela dure-t-il ? Si c'est positif, pourquoi nos gouvernants en parlent-ils si peu ? Pourquoi le changement climatique est-il mis sur le dos des pets de vaches et des émanations de gasoil des voitures, alors que, visiblement, tout cela, c'est de l'enfumage au format XXL ?
- 9 - Si HAARP ne sert qu'à modifier en moins bien le climat, quel est le but recherché par ceux qui le font fonctionner ? Détruire la planète ? Pour quelles raisons ? Dans quel but ?

Je ne fais que poser des questions. J'aimerais que les réponses soient simples. Mais non. Parce que plus je cherche des réponses, plus je me rends compte que les débuts de solutions trouvés me renvoient systématiquement soit à des arguments contraires, soit à des impasses, soit à des aberrations ou à des conclusions qui, même si elles sont parfaitement logiques, défient tout raisonnement sain et allant dans le sens du progrès et du mieux vivre pour l'homme.
Ce qui ne peut qu'alimenter mon esprit d'écrivain et me donner des idées encore pires sur les intentions de ceux qui nous gouvernent... et sur l'avenir qui nous attend. Qui ne peut, effectivement, qu'être pire que le passé.


Et la boucle est bouclée.