Blog d'humeurs,
blog de textes personnels,
de recettes de cuisine ou de coups de gueule,
blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

samedi 28 mars 2020

Foi et Covid-19 #2

Je me remets à écrire ici... comme si le confinement changeait tout. Et d'ailleurs, il change tout. Ou plutôt, la pandémie, la situation exceptionnelle que nous vivons est totalement différente de ce que nous avons l'habitude de vivre, qui fait notre quotidien, au point que nous trouvons normales des situations qui ne le sont pas, ou qui ne le sont pas pour tout le monde.

En ce moment, par exemple, je découvre la pénurie. Pénurie dans les magasins. Oh, rassurez-vous, nous ne mourrons pas de faim, c'est impossible. Mais les produits que j'ai l'habitude d'acheter en supermarché, par exemple, ne sont pas toujours présents, parce que les systèmes de distribution sont perturbés.
Pour les produits frais, par exemple, le magasin n'a tout simplement pas été livré en fin de semaine dernière, parce que la plupart des fruits et légumes viennent d'Espagne et d'Italie, deux pays gravement touchés par le Covid-19 et totalement confinés. Donc les marchandises n'arrivent plus chez nous, bien sûr. Ou au compte-goutte, de manière temporaire ou plus durable.
Alors j'apprends à découvrir d'autres produits, à chercher par quoi remplacer... Parfois c'est mieux, parfois c'est plus cher, parfois moins, parfois c'est moins bon, parfois il faudra attendre une autre semaine que le produit soit à nouveau disponible. En attendant, je peux prendre carrément autre chose, ou bien me priver de ce que je voulais acheter et que j'achète par habitude.
Ou comment le Covid-19 me rappelle le jeûne...

Deuxième aspect de ce problème de pénurie : son corollaire, le rationnement. À la maison, nous mangeons beaucoup de fruits et de légumes. Et bien sûr, en période de pénurie, surtout de produits frais, il y en a moins. Alors nous sommes obligés d'apprendre à manger moins, aussi. Mercredi, les enfants voulaient manger des pommes caramélisées à la poêle, avec beurre, sucre et cannelle. En ce 25 mars, solennité de l'Annonciation, j'ai autorisé ce dessert plus festif que d'habitude. L'une de mes filles, qui aime particulièrement ce dessert, m'a demandé si elle pouvait manger une deuxième pomme. J'ai du refuser, pour que tout le monde, à la maison, puisse avoir assez de fruits jusqu'au prochain ravitaillement, deux jours plus tard.
Nous vivons, par habitude, dans un monde et un pays où il n'y a qu'à se rendre dans un supermarché quand il n'y a plus de fruits, de légumes, de pâtes ou de sauce tomate. Et là, brusquement, nous découvrons ahuris ce que des millions de personnes vivent au quotidien : l'accès à la nourriture, même s'il est facile dans notre pays, y compris en temps de confinement, n'est pas infini. La nourriture a besoin de soins, des mains des producteurs pour terminer dans nos assiettes. Elle a besoin du travail de l'agriculteur, de celui qui va récolter les fruits, les asperges et les pommes de terre. Et si cet agriculteur est tombé malade, ou si son tracteur est en panne et que la pièce manquante ne peut être montée parce qu'elle n'a pas pu être expédiée de Chine, où elle est fabriquée, l'accès à la nourriture produite par cet agriculteur va être plus compliqué.
Ou comment le Covid-19 me rappelle la tempérance...

Et puis, la crise que nous traversons ne vient certainement pas de nulle part. En novembre 2019, nos hôpitaux faisaient déjà face à une autre épidémie, celle de la bronchiolite, durant laquelle certains enfants ont dû être hospitalisés à plusieurs dizaines de kilomètres de leurs familles, faute de lits ou d'hôpitaux à proximité de chez eux. Et déjà, depuis plusieurs mois, depuis un an, en fait, les services d'urgences sont en grève pour réclamer du personnel, des moyens financiers, des lits, du matériel. Je m'en souviens parfaitement, parce que l'été dernier, avec mon mari, nous avons passé une après-midi entière avec notre fille à l'hôpital, en attente d'un médecin disponible pour réaliser une radiographie. Et encore, nous nous sommes estimés heureux de n'avoir pas trop attendu à l'époque. En plein mois d'août, nous n'avons patienté que trois heures dans la salle d'attente.
On peut déjà s'interroger sur les causes de la crise sanitaire que nous vivons. Son aspect le plus évident, c'est le manque de lits, de personnel, de matériel médical, de masques, d'équipements de protection (blouse, gel hydroalcoolique...). Pourquoi ?
Est-ce que nos hôpitaux ne savent pas gérer les stocks ? Est-ce qu'il n'y a plus assez de candidats aux professions médicales ? Est-ce qu'il n'y a pas assez de postes disponibles ? Les métiers du soin sont-ils trop durs physiquement ? moralement ? Nos soignants gagnent-ils bien et assez leur vie ?
On peut toujours gloser sur ces grands "pontes" des hôpitaux universitaires, qui gagnent largement de quoi vivre. Qu'en est-il du brancardier ? De l'infirmier ou de l'infirmière ? De l'aide-soignant(e) ? De l'interne ? Du ou de la secrétaire médical(e) chargé(e) d'accueillir les patients dans nos hôpitaux ?
On reparle beaucoup, en ce moment, de l'épidémie de grippe A H1N1 et des coups que Roselyne Bachelot a pu prendre quand elle a passé des commandes importantes de masques et de vaccins contre cette fameuse grippe. Face à un risque important d'épidémie, de morts, elle avait décidé de faire ce que n'ont plus jamais fait, depuis, nos responsables politiques : avoir les moyens de protéger la population face à un risque non négligeable d'épidémie.
À l'époque (et j'étais parmi ceux qui doutaient du bien fondé des décisions qu'elle avait prises), elle avait été vivement critiquée pour le coût financier de ces mesures de protection.
Et aujourd'hui, on voit où nous conduit la logique comptable qui fait office de politique de santé publique : le drame. Des milliers de morts dans le monde, plus de mille à l'heure où j'écris ces lignes, en France... des milliers de personnes en réanimation, des milliers aussi qui ne sont plus admis à l'hôpital parce que leurs chances de survies sont minimes et qu'il faut garder les respirateurs et les lits de réanimation pour les patients qui ont des chances de s'en sortir...
Ou comment le Covid-19 nous réapprend la valeur de la vie humaine...

J'ai entendu l'autre jour un scientifique, philosophe, qui commence à se faire connaître sur les réseaux sociaux. Je ne suis pas assez calée en sciences pour savoir si ce qu'il dit est valable, mais il a émis une théorie qui m'a interpellée, où il soutient que ce virus ne vient pas de nulle part. Le virus lui-même est apparu en Chine, il aurait pu sans doute apparaître ailleurs. La théorie de ce scientifique, c'est que de nouveaux virus, plus ou moins virulents, vont suivre celui-ci, parce que la destruction de notre environnement favorise une plus grande promiscuité entre les espèces. Ce virus existait sans doute déjà auparavant. Il n'est pas né en décembre 2019. Il est arrivé à ce moment-là, parce que le "lieu" où il était s'est retrouvé en contact avec l'être humain à un moment donné, en décembre 2019, alors que ce n'était le cas auparavant. Ce même scientifique soutient, preuves à l'appui, que la crise que nous traversons nous semblera bien légère dans quelques temps, quand nous serons au creux de la vague, puisque nous sommes en train de vivre, dans le silence et l'indifférence quasi-totale, la sixième extinction de masse à l'échelle planétaire...
Ou comment le Covid-19 nous rappelle que notre "maison commune" est en train de brûler et que nous ne faisons rien pour éteindre l'incendie...

Alors, me direz-vous, et la foi dans tout cela ? Parce que c'est plutôt alarmiste, comme tableau, non ?

Je vois, actuellement, des élans de solidarité impressionnants, de personnes qui ne sont pas malades et qui font les courses pour les familles du voisinage, dont des personnes âgées, qui ne peuvent plus sortir de chez elles.
Je vois des messages de solidarité, des applaudissements, des initiatives de commerçants à l'égard des soignants, des médecins, des malades.
Eux ont compris la valeur de la vie humaine et ne se trompent pas quand il s'agit de savoir vers qui ils doivent se tourner et qui remercier pour la préservation de cette vie. De leurs vies, tout simplement.
Je me dis, ce soir, que l'être humain, en cas de coup dur, est capable de bienveillance, de solidarité, d'humanité tout simplement. Capable aussi, bien sûr, d'égoïsme, de repli sur soi, de mensonge... afin de sauver sa propre vie.
En l'homme, il y a toujours du blanc et du noir. Nul n'échappe au péché. Et il n'est pas du tout dans mon intention de critiquer telle ou telle personne pour telle ou telle attitude. Oui, il y a des réactions stupides. Et pourtant, chacun est capable d'avoir une attitude digne et bienveillante, altruiste.

Alors la foi ?

Ce matin, vendredi 27 mars, je suis allée prier dans l'église que j'ai pour mission d'ouvrir tous les jours, afin qu'elle reste ouverte durant le confinement, pour permettre à ceux qui le souhaitent de pouvoir s'y rendre, à tout moment de la journée, au cours de leur promenade. J'ai d'abord vécu un beau temps de louange, une sorte de joie intérieure d'être simplement devant le tabernacle de l'église. Alors que nous n'avons plus de célébration eucharistique depuis le 14 mars, je vis douloureusement la privation des sacrements. Et aujourd'hui, j'ai fait en quelque sorte l'expérience de la joie simple et de la consolation, devant le tabernacle, fût-il fermé.
Puis j'ai vu un SMS d'une de mes amies, aide-soignante à l'hôpital de la ville voisine de mon village. Elle y décrivait ce qu'elle vivait, comme tous les soignants. Des situations dramatiques et des conditions de travail qui lui font craindre, faute de moyens pour se protéger et protéger les patients dont elle a la charge, d'être elle-même vecteur de contamination et de devoir sans doute affronter, avec ses collègues, une vague de décès des personnes hospitalisées, y compris pour autre chose, au départ, que le Covid-19.
J'ai ressenti alors une vague de détresse, de tristesse m'envahir, qui m'a invitée à me tourner vers Marie, seul recours face à ces situations difficiles, dramatiques, que vivent nos soignants.
La foi ne guérit pas, ne protège pas contre le virus, ce n'est pas une assurance tous risques face à la maladie ou aux divers drames qui émaillent nos vies quotidiennes. Et pour autant, elle est loin, très loin d'être inutile. J'ai eu l'image, ce matin, d'une ligne de front. A l'avant, en première ligne, les soignants, qui prennent de plein fouet, chez nous, en Alsace, en particulier, l'épidémie qui n'en finit pas de faire des victimes. À l'arrière, les habitants de ce pays, confinés dans leurs maisons, espérant que cela suffira pour éviter la propagation de la maladie, avec des chances de succès tout à fait aléatoires. Enfin, parmi eux, des hommes et des femmes, pas plus protégés contre ce fléau, qui invoquent le ciel, les anges, les saints, Marie, Dieu, qui implorent le Seigneur de faire cesser cette épidémie, ces morts... Qui implorent l'Esprit Saint d'aider les chercheurs, de leur donner un coup de pouce, une inspiration, une idée, afin qu'ils trouvent rapidement un traitement, un vaccin ou au moins quelque chose qui puisse aider à vaincre cette maladie.

Ceux qui ne sont pas croyants diront sans doute que tout cela ne sert à rien.
Peut-être.
Et peut-être pas.

Peut-être que, justement, la prière est le seul secours que nous pouvons encore trouver. Implorer Dieu alors qu'on l'a mis dehors, qu'on l'a "viré" manu militari de nos mairies, écoles, hôpitaux... n'est-ce pas un peu hypocrite ?
Pourtant, il y a tous ces récits, toutes ces histoires de guérisons, d'épidémies stoppées grâce à la prière, à l'intercession de Marie auprès du Père pour arrêter l'expansion d'une épidémie de peste... Et puis, tous n'ont pas "viré" Dieu de leur vie. Il reste la troisième ligne, celle des priants, qu'ils soient religieux et religieuses, moines et moniales, cloîtrés ou non, prêtres, laïcs... qui prient inlassablement pour le monde, pour la paix dans le monde, pour plus de justice...Cette ligne-là tient. Et ne fait pas, d'ailleurs, que prier. Elle participe à sa manière à l'"effort de guerre". Les religieuses, cloîtrées pour certaines, se sont mises à fabriquer des masques, en Italie comme en Espagne, par exemple.

Quand on vit une situation aussi dramatique, aussi traumatisante, il faut bien sûr trouver des médecins qui vont soigner les corps. Qui vont soulager les souffrances, donner de l'oxygène, aider.
Et face aux décès, aux détresses d'ordre non pas physique mais d'ordre spirituel, il faut aussi prendre soin de ceux qui souffrent, de ceux qui ont peur... On peut faire appel aux psychologues, bien sûr. Mais quand on entre en période de confinement, est-ce encore possible ?
C'est là que la foi, la prière peuvent jouer un grand rôle pour soutenir, aider, donner un autre sens. La prière se joue des murs, des distances, des confinements, du temps, des heures, des jours. Et elle est efficace, pour peu qu'on ait une once de confiance.

Où cela va-t-il nous amener ? Je n'en ai aucune idée.
Ce que je sais, c'est que, pour moi, la prière, la confiance en Dieu est un véritable réconfort. Oh je ne dis pas que si la situation venait à s'aggraver pour mes proches ou pour moi, je n'entrerais pas en véritable panique. Mais je garde l'espérance.
Ce qui arrive en ce moment est un drame, une catastrophe. Des centaines de morts chaque jour, en Italie, en France, en Espagne et partout ailleurs dans le monde. Plus de 170 pays atteints. Autant dire le monde entier.
Quel sens cela a-t-il ? Dieu peut-il être tenu pour responsable ? Certains justifient leur incroyance par le fait que Dieu ne devrait pas permettre de telles choses. Mais d'où viennent les problèmes, sinon de l'organisation humaine, de l'inconséquence de certaines politiques et prises de décisions ? Dieu peut-il réellement être tenu pour responsable quand une partie du problème vient du fait qu'il y a une pénurie de masques parce que, pour des raisons financières en grande partie, on n'a pas jugé utile de reconstituer des stocks suffisants ? Quand 80% des molécules de nos médicaments sont fabriqués en Chine pour des raisons d'économies ? Quand nos outils de production ont disparu parce que, toujours pour des questions d'argent, on a préféré délocaliser nos usines pour faire plus de profit ? Quand nos activités sont devenues internationales, multipliant les contacts, amplifiant les connexions, les importations d'insectes via les avions de ligne ou les conteneurs qui transportent biens et matériels sur tous les océans...

"Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent", dit Jésus dans l’Évangile. Cette épidémie, pour ceux qui y survivront, est sûrement une occasion de changer radicalement notre manière de vivre. De stopper notre arrogance, notre sentiment de toute-puissance sur notre environnement, sur nos lieux de vie. De revenir à des modes de vie plus sains, plus sobres, moins gourmands en énergie... et plus respectueux de la vie humaine, tout simplement.
En ce temps de Carême exceptionnel, nous sommes appelés à la conversion. Se convertir, c'est se retourner, à 180°, changer radicalement de vie. Et quand on voit, aujourd'hui, la fragilité de la vie humaine, il est sans doute plus que temps d'opérer cette conversion, de vivre tout simplement autrement.
Et d'y inclure Dieu, aussi...

samedi 21 mars 2020

La foi à l'épreuve du Covid-19

Il y a un peu plus de dix jours, j'écrivais ici un billet de blog qui, rétrospectivement, me semble hallucinant de naïveté, d'incompréhension et de légèreté (je l'ai relu tout à l'heure, avant d'écrire celui-ci).
Depuis cinq jours maintenant, nous sommes passés à la phase de confinement, pas uniquement pour le Bas-Rhin, mais pour la France entière. Quand notre Président de la République a annoncé cette mesure, j'avoue avoir été à la fois rassurée et effarée. Rassurée, parce que cela semblait signifier que nos autorités avaient enfin pris la mesure du problème et décidé de prendre les choses au sérieux. Effarée aussi, parce qu'il me semble que c'était déjà bien trop tard pour prendre ce genre de mesures. Surtout dans un contexte où on nous dit en même temps de ne plus sortir de chez nous et d'aller voter.

Bref. L'objet de ce billet n'est absolument pas de fustiger le gouvernement, même s'il y aurait des choses à dire. Par exemple, sur le fait que le 15 du Bas-Rhin incitait à continuer à mener une vie normale, ce qui tend à montrer qu'à ce moment-là, la politique était de favoriser la fameuse immunité de groupe (1), celle qui permet à environ les deux tiers de la population de contracter la maladie et, pour ceux qui y survivront, de développer l'immunité spécifique à ce virus. Dans ce cas-là, il faut s'attendre à ce que la population tombe massivement malade, et donc avoir un système de santé capable d'absorber l'afflux des patients, donc avec suffisamment de personnel en bonne santé, de lits, de matériel de protection, de réanimateurs et de système respiratoires pour ne pas tous les condamner à une mort quasi certaine.
Sauf qu'en France, comme en Grande-Bretagne (où c'est la stratégie adoptée ouvertement par Boris Johnson, qui a fait machine arrière hier) et en Italie (où la situation est dramatique maintenant, dépassant en nombre de victimes le nombre de morts officiels de la Chine, avec une population nettement moins importante : 60 millions d'habitants en Italie, 1,3 milliards en Chine), la destruction massive des services de santé publique font que cette stratégie est suicidaire, puisque des personnes malades, qui pourraient être sauvées si les équipements étaient présents, ne le sont pas, faute de matériel...

Donc, maintenant, nous sommes confinés à la maison. Et mes projections naïves du 9 mars ont volé en éclats.
La réalité du confinement, c'est quatre enfants à la maison qu'il faut rassurer. Ce sont des symptômes divers et variés (maux de gorge, de dos, d'oreille, toux sèche ou grasse, fièvre ou pas, rhume qui vient et qui repart...). Tous ces symptômes sont temporaires, sans doute cycliques, pas graves en soi, mais dont on ne connaît ni ne maîtrise l'évolution dans le temps.
C'est aussi les angoisses des enfants face à l'engorgement d'Internet ("Maman ! Je n'arrive pas à me connecter à MBN (2) ! Comment je vais faire pour avoir les cours et les devoirs ?") et l'impossible accès aux ressources des enseignants, pourtant mises en ligne, quand il n'y a pas de bug, bien sûr.
C'est aussi l'école à la maison pour ma quatrième, en classe de CP, avec qui il est indispensable de rester durant tout le temps scolaire pour lui expliquer, lui réexpliquer, tenter de lui faire comprendre. Il faut être inventif quand on n'est pas enseignant, ou appeler des enseignants parmi les copains pour avoir des trucs pour contourner une difficulté.
Alors mes projets sont une fois de plus remis à plus tard. J'ai eu le temps de faire de la lessive et des tablettes pour le lave-vaisselle (parce qu'en 2019, j'ai décidé de réduire nos déchets, ce qui a été le cas d'ailleurs, puisque nous ne sortons la poubelle de recyclage qu'une fois par mois en moyenne et la poubelle des déchets non recyclables qu'une semaine sur deux). En revanche, je n'ai pas encore eu le temps de m'occuper des Tawashis. J'espère pouvoir profiter de ce premier week-end de confinement (où j'ai banni l'école !!!) pour me lancer.
Quant à mon roman, c'est pour l'instant de l'histoire ancienne, tant le quotidien est prenant.

Et la foi, dans tout ça ?

Ben ça aussi, c'est compliqué. D'abord parce qu'il n'y a plus de messe, ni en semaine, ni le dimanche. J'avais l'habitude d'y aller chaque fois que je pouvais, mais c'est terminé. Le premier dimanche, ça a été très bizarre. Le lundi 16, ça ne changeait rien, puisque c'est le jour de congé de nos prêtres, alors c'était comme d'habitude. Mais le mardi 17, jour du confinement, ça a été un peu plus dur.
J'ai la "mission", dans mon village, d'ouvrir l'église depuis le mois de novembre 2018, le matin. Or, cette mission, pour l'instant, est maintenue à la demande de l'archevêque, pour permettre aux gens du village de venir se recueillir dans la journée. Alors tous les matins, vers huit heures, je vais à l'église. J'y vais tôt pour que l'église soit ouverte le plus possible et aussi pour ne pas croiser trop de monde, confinement oblige. Et puis, huit heures, c'était l'heure à laquelle j'ouvrais, avant la fermeture des écoles le 16 mars, puisque j'y allais après avoir conduit ma fille à l'école. Donc j'essaie de garder le même rythme pour les gens du village.
Sauf que mardi, quand je me suis retrouvée seule devant l'autel, j'ai senti le manque. Manque de messe, de contacts, d'eucharistie, de salutations, de personnes, tout simplement. Je me suis tournée vers le tabernacle avec un sentiment étrange d'abandon. La communion, l'eucharistie, pour moi, c'est quelque chose de vraiment très important, une nourriture spirituelle encore plus importante que la nourriture terrestre. Or cette nourriture vient à manquer, non pas parce qu'elle n'est pas là (le tabernacle est là, les hosties consacrées y sont présentes) mais parce que la messe ne peut pas être dite. Il reste la communion spirituelle, et c'est ce que je découvre en ce moment. J'en reparlerai peut-être ici plus tard.
C'est compliqué aussi, parce que la situation inédite et difficile que nous vivons est anxiogène (surtout ici, en Alsace, où la situation sanitaire est vraiment très difficile) et invite plus au repli sur soi et à la colère et/ou l'accusation gratuite face à l'irresponsabilité de certains qu'à la bienveillance envers le prochain. Le confinement imposé est aussi un frein aux manifestations habituelles de solidarité et de soutien, qu'il faut du coup réinventer. Si, en ce moment, je suis plutôt bien portante, rien ne dit que je ne suis pas porteuse du virus. Je ne peux donc pas venir en aide à mes voisins et voisines âgés, puisqu'en venant chez eux, je risquerais de leur transmettre ce virus. Il faut donc contourner le problème, inventer d'autres moyens, parler aux voisins les plus proches par les fenêtres ouvertes, d'un jardin à l'autre ou depuis l'autre côté de la rue. De même, comme nous sommes potentiellement infectés, je découvre aussi le fait d'avoir besoin des autres. Habituellement, nous allons dans un village voisin, toutes les semaines, pour y acheter du beurre et du fromage. Juste à côté, il y a aussi notre AMAP, et nous y allons pour une autre famille, qui habite aussi le village, et parfois pour une troisième personne qui est infirmière et ne peut pas toujours se rendre sur place à cause de son travail.
Sauf que là, mercredi dernier, je me suis vue dans l'obligation de demander de l'aide. Demander à l'autre famille d'aller chercher beurre, fromage et légumes pour nous, par crainte de transmettre la maladie à ceux qui nous nourrissent au quotidien. Ce serait quand même le comble de les rendre malades !

Le manque de l'eucharistie, le besoin de l'autre et la demande humble d'un service essentiel à ceux qui peuvent nous le rendre.
Et puis, ce matin, toujours devant le tabernacle, je me suis rendu compte que mon cœur avait besoin d'être purifié pour que la rancœur, la rancune, la colère ne s'y installent pas. Tous ces sentiments négatifs sont présents quand je vois l'inconscience de certains, l'irresponsabilité d'autres qui ont profité du confinement pour aller se mettre "au vert" au bord de la mer ou à la campagne, avec le risque avéré de propager le virus, notamment dans les îles bretonnes, où les équipements sanitaires sont très faibles comparés à ceux qui existent sur le continent. Si ces personnes sont malades et transmettent le virus, il y a fort à parier que la situation là-bas va devenir très vite critique. La tentation est donc très grande de crier à l'irresponsabilité de ceux qui ont décidé de fuir la capitale et leur mini-appartement... ce qu'en plus, je peux comprendre, vu la réalité du confinement, surtout quand on a des enfants.
Seulement, si je laisse la colère ou la rancœur m'envahir, alors je risque fort de tomber dans la haine de mon prochain et le repli sur moi-même, la protection de mes proches uniquement, l'égoïsme et la déshumanisation. Or c'est justement le contraire du message évangélique, ça. Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus le dit bien : "Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent". Et mon ennemi, en ce moment, c'est potentiellement tout le monde, y compris mon mari ou mes enfants, d'ailleurs. Alors si Jésus me demande de prier pour eux, ce n'est pas optionnel, normalement. C'est donc une nouvelle manière de comprendre ma relation aux autres que je dois entamer. Surtout en ces temps difficiles. Et ça, il n'y a que par la prière que c'est possible.

Parce que la dernière chose que j'apprends en ce moment, c'est aussi que ma foi est vraiment très petite. C'est facile de croire, quand tout va bien, à la limite. C'est beaucoup plus compliqué de faire confiance en Dieu quand on ne comprend pas ce qui se passe, quand on est potentiellement en danger (soi-même ou nos plus proches, mari, enfants, amis, voisins)... Et pourtant, c'est ça, la foi, finalement : la confiance, l'abandon à la volonté de Dieu. Dur, dur.
Certains se demandent où est Dieu. Certains pensent que c'est Dieu lui-même qui a envoyé ce virus pour punir les hommes de saccager la planète qu'il nous a confiée. Où est Dieu ? Pourquoi ne nous vient-il pas en aide ? Pourquoi permet-il ces morts, par milliers, innocents, simples personnes s'étant trouvées là et ayant contracté le virus en vivant, simplement, aux côtés d'autres personnes ?
Où donc est Dieu, dans cette crise mondiale, sans doute la plus grave que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre Mondiale ?
Où donc est Dieu ?

Et puis, il y a ces messages. D'un côté, ceux qui relaient l'égoïsme de certains, de l'autre, ceux qui montrent la bienveillance, l'altruisme, la reconnaissance, envers nos soignants, bien sûr, mais aussi envers les employés des services de ramassage des ordures, des supermarchés, envers les agriculteurs, ceux qui continuent de travailler pour que le pays continue à tourner, pour que nous n'ayons pas de problème d'approvisionnement, pour que nous ayons à manger tous les jours.

Pour moi, c'est tout simplement là qu'est Dieu. Il est dans ces personnes qui continuent à travailler chaque jour, pour soigner les malades, nourrir ceux qui sont encore debout mais confinés chez eux pour ne pas rendre encore plus de personnes malades. Il est dans ces policiers qui contrôlent sans relâche ceux qui sont dehors pour contrer cette épidémie qui se répand à une vitesse folle. Il est dans les applaudissements, bien dérisoires, que nous faisons résonner à nos fenêtres, à vingt heures, le soir, pour signifier à ceux qui sont en première ligne combien nous sommes reconnaissants des sacrifices qu'ils font pour nous. Il est, aussi, dans ceux qui recherchent activement des solutions pour combattre cette maladie : traitements, vaccin... Il est dans toutes ces initiatives que prennent nos prêtres pour continuer à garder le lien avec leurs paroissiens, dans ces bénédictions du haut des collines surplombant nos villes et nos villages, dans ces "drive-confessions" sur les parkings pour permettre à ceux qui le souhaitent de recevoir, en ce temps de Carême, le sacrement de la réconciliation depuis leur voiture, sans se mettre en danger ni mettre en danger le prêtre qui va recevoir leur confession et leur donner l'absolution de leurs péchés. Il est dans ces prêtres qui filment en direct les messes qu'ils célèbrent en privé pour que leurs paroissiens puissent prier avec eux.
Les êtres humains sont capables du pire. Mais ils sont capables aussi d'humanité, de bienveillance, de tendresse, même à travers un écran ou à distance. Ils sont porteurs d'espérance, de vie, de joie, de paix.

Seigneur, prends pitié de ton peuple, prends pitié de nous. Nous ne savons pas quelle est Ta volonté, mais nous savons qu'elle est bonne. Merci pour toutes ces marques de sympathie, de joie, de tendresse, de soutien, de bienveillance, d'humanité, d'amour. Donne courage à nos soignants et à tous ceux qui prennent soin de nous par leur travail quotidien. Donne courage aussi à nos dirigeants, afin qu'ils prennent les décisions indispensables afin de préserver le plus de vies possible dans la crise que nous traversons. Éclaire-nous, tous, par ton Esprit-Saint, afin que nous puissions tirer les leçons de cette crise et changer les comportements qui doivent l'être, afin de faire de ce monde un monde plus beau, plus juste, plus fraternel.
Et afin de nous tourner vers Toi, qui es notre Père et qui nous aime infiniment.
Seigneur, protège notre foi. Que nous ne lâchions jamais Ta main.
Amen.

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(1) Voir la vidéo suivante pour une excellente explication : https://www.youtube.com/watch?v=-FHBgWZ3IU0
(2) Pour Mon Bureau Numérique, la plate-forme internet de l'Education Nationale, qui permet aux enseignants et aux élèves, ainsi qu'à leurs parents, de communiquer plus simplement (messagerie sécurisée, envoi de documents, cahier de texte avec les devoirs, relevé des notes, etc.).

lundi 9 mars 2020

Coronavirus, bienvenue en Absurdie !!!

Cela fait un moment que je n'ai pas eu le temps de publier ici. Dommage, car entre les Gilets Jaunes, la réforme des retraites et les histoires grivoises de Griveaux, il y aurait eu de quoi. Mais bon, il faut croire que le temps passe désormais trop vite pour être sur tous les fronts... alors je vais me contenter du virus qui occupe en ce moment tous les esprits : le Covid19, plus connu, pour l'instant, sous le nom de Coronavirus.

Alors je ne vais pas faire l'affront à mes lecteurs de croire que je vais leur apprendre quelque chose. On parle tellement de ce virus partout (sur les plateaux de télévision, dans les documentaires d'Arte, dans les journaux, à la radio, sur les réseaux sociaux...) que je pense que vous en savez même plus que moi.
En revanche, vous ne savez sans doute pas ce qui se passe ici, en Alsace, où la gestion de la crise tend de plus en plus vers l'absurde, l'hallucinant et l'incompréhensible.
Petites précisions : j'habite dans le Centre-Alsace, dans le Bas-Rhin, à quelques kilomètres seulement du Haut-Rhin. Et comme le nuage radioactif de Tchernobyl avait pu, finalement, passer la frontière, il va de soi que le virus Covid19 a lui aussi fait fi de nos limites administratives. En gros, il s'en fiche totalement, ce qui prouve qu'il est tout à fait normal. Et qu'il est donc illusoire, pour nos pouvoirs publics, de tenter de limiter son expansion tout en continuant à autoriser les déplacements des personnes qui en sont potentiellement porteuses. Première absurdité, donc.

Depuis ce matin, mais c'était annoncé au début du week-end, les écoles (crèches, écoles primaires et maternelles, collèges et lycées) du Haut-Rhin sont toutes fermées pour éviter la propagation de Corona. Cette mesure paraît plutôt sensée, quand on sait que le Haut-Rhin fait partie des départements les plus touchés en France. Tout aussi logiquement, les enseignants et les élèves habitant dans le Bas-Rhin et allant au lycée, au collège ou à l'école dans le Haut-Rhin (et il y en a pas mal, en Centre-Alsace, de ces "transfrontaliers"), sont priés de rester chez eux, puisque leurs établissements respectifs sont tous fermés.
Ce qui semble un peu plus compliqué et un peu moins logique, c'est que cette mesure de non-déplacement est valable aussi dans l'autre sens : les élèves et enseignants habitant dans le Haut-Rhin, mais enseignant ou étant scolarisés dans le Bas-Rhin, non concerné par la fermeture des établissements, sont priés également de rester chez eux, toujours pour éviter la propagation de notre copain Corona, même s'ils sont en bonne santé (on ne sait jamais, hein, et on n'est jamais trop prudent quand il s'agit d'une épidémie, que dis-je ! D'une pandémie !!!, qui plus est mortelle pour un certain nombre de personnes quand même).
Soit. On peut comprendre la logique, il s'agit de confiner les Hauts-Rhinois, potentiellement plus à risque que les Bas-Rhinois, en espérant que l'épidémie ne s'étendra pas trop hors des frontières du 68.

Sauf qu'il y a quand même un léger problème. Et surtout une sorte de double discours. Vendredi soir, une de mes amies, enseignante dans le Bas-Rhin, en CLIS (CLasse d'Inclusion Scolaire, destinée aux enfants handicapés en particulier) a présenté des symptômes du type Corona. Etant vaccinée contre la grippe, il était peu probable que ce soit ça. Alors elle a suivi les recommandations officielles. Bien sûr, il n'était pas question de se rendre chez le médecin ou à l'hôpital, au risque de contaminer tout le monde. En bonne citoyenne respectueuse des lois, elle a donc appelé le 15 et a eu un médecin au téléphone, à qui elle a décrit ses symptômes et à qui elle a précisé son état vaccinal. La réponse du médecin a été à la fois scotchante, hallucinante et délirante (selon moi, mais qui suis-je, pour juger de l'état de santé mentale du médecin ? On va donc dire, simplement, que cette réponse m'a paru, pour le moins, assez étrange).
Il lui a dit, grosso modo, que nous étions sur le point d'entrer en phase aiguë d'épidémie. Donc, qu'il fallait être pragmatique. Un cachet de Paracétamol toutes les six heures pour la fièvre, et "sinon, Madame, vivez comme d'habitude, normalement". Ce qui veut dire qu'elle peut continuer à travailler, à faire ses courses, à rendre visite aux voisins et voisines, y compris les personnes âgées (nous vivons dans un village). Ce type de recommandations, dans des circonstances telles que celles que nous connaissons aujourd'hui, où la majeure partie des décès sont plutôt ceux de personnes âgées ou fragilisées par des pathologies sous-jacentes (maladies cardiaques, pulmonaires, etc.), peut donc paraître, à première vue, pour le moins légère.
Dans le cas de notre amie, récapitulons : elle est enseignante, en CLIS, au contact d'enfants dont certains sont trisomiques (donc avec des complications cardiaques avérées pour certains d'entre eux) et handicapés, donc pas trop à même de suivre à la lettre les recommandations d'hygiène données par les instances sanitaires. De quoi propager plutôt rapidement le virus si elle venait à être réellement infectée. Mais là encore, c'est compliqué de le savoir : il n'y a pas de tests pratiqués, en tout cas dans le Bas-Rhin, sur des personnes qui ne présentent pas un état de santé suffisamment grave et nécessitant une hospitalisation. Donc, on peut penser que le nombre de personnes réellement infectées par ce virus est bien plus élevé que celui qui est officiellement annoncé. J'ai lu, hier, que seuls 15% des malades nécessitaient une hospitalisation pour des complications pulmonaires. Donc que seuls 15% des malades sont réellement testés et diagnostiqués. Ce qui veut dire quand même qu'il y a 85% des malades qui ne savent pas si, oui ou non, ils sont porteurs de ce virus. Ça laisse rêveur, non ?
Mais bon, Messieurs-Dames, circulez, y'a rien à voir !

Alors là, du coup, je me pose quelques questions basiques, parce que certains faits heurtent ma logique et mon bon-sens (ou alors je ne suis ni logique, ni douée de bon-sens, ou bien encore, ma logique et mon bon-sens ne sont pas du tout les mêmes que ceux de nos dirigeants, les trois hypothèses étant, d'ailleurs, tout à fait plausibles).

Donc, je me dis que pour éviter la propagation d'un virus, la moindre des choses, c'est d'éviter que des personnes potentiellement infectées soit au contact d'autres personnes qui pourraient mourir de ce virus (les personnes âgées, les personnes fragiles, ceux qui souffrent de pathologies lourdes ou associées). Mais quand on pose la question au 15 du Bas-Rhin, la réponse est qu'il vaut mieux continuer à vivre normalement, puisque nous allons de toute façon tous passer par ce virus, tous être infectés, alors autant que ça se passe le plus vite possible, comme ça, ça durera moins longtemps. Une fois que tout le monde aura été atteint, ceux qui auront survécu pourront reprendre une vie normale...
Mouais. Ça, c'est une logique qui m'embête pas mal, même si je comprends le côté pragmatique (sur le mode "on ne peut rien faire pour contrer l'épidémie, alors autant l'affronter une bonne fois, vous en faites pas, ça va bien se passer") (méthode Coué, quoi), parce qu'elle condamne de fait les personnes les plus fragiles, les plus malades, les plus âgées. Et ben moi, je trouve ça parfaitement dég*******e, si vous voyez ce que je veux dire.

Deuxième question que je me pose : on pourrait quand même tester les malades qui se signalent, ne serait-ce que pour pouvoir les traiter correctement. Parce que les symptômes, ils sont plutôt simples : toux, fièvre, nez qui coule, mal de gorge. Il me semble que ça peut avoir pour cause un certain nombre de maladies, dont certaines sont plutôt bénignes, d'autres moins. On peut penser à la bronchite, à la pneumonie, à la grippe, bien sûr, à une simple angine, à une trachéite, à un rhume un peu costaud... Il est vrai que le paracétamol doit fonctionner dans tous les cas, pour faire baisser la fièvre en particulier et diminuer les éventuelles douleurs, mais, par exemple, entre une bronchite et une trachéite, comme ce n'est pas le même type de toux (grasse dans le cas de la bronchite, sèche pour une trachéite), le médicament ne doit pas être le même... sous peine d'aggraver les choses ou d'empêcher la maladie d'évoluer favorablement et de passer toute seule. Pour ce qui est de la grippe, de toute façon, c'est bien connu : "une grippe, c'est une semaine au lit avec du paracétamol, ou une semaine au lit sans paracétamol". C'est donc toi qui choisit...
En revanche, les conséquences de ces maladies sont assez différentes : il faut être vraiment hyper fragile pour mourir d'une angine ou d'une bronchite. Mais la grippe, elle, tue entre huit mille et dix mille personnes par an, rien qu'en France, et on est actuellement en plein pic de l'épidémie de grippe. Ça vaut quand même le coup de savoir ce qu'il en est pour pouvoir surveiller et traiter au mieux, non ? Ben, en fait, la préfète du Bas-Rhin a jugé que non. Sans doute vaut-il mieux ne pas savoir. Comme on va tous y passer, et que le résultat, c'est la mort des plus fragiles (que ce soit de la grippe ou du Covid19), pourquoi chercher ? On a qu'à attendre, finalement. Si les personnes âgées meurent, c'est que c'est le Covid19, parce qu'elles sont souvent vaccinées contre la grippe. Si elles ne meurent pas, c'est parce que c'était autre chose... ou qu'elles ont eu du bol.
Alors je me demande si cette décision de ne pas tester les malades (sauf ceux qui sont assez malades pour nécessiter une hospitalisation) pouvait s'expliquer ? Par exemple, pour ne pas alarmer les gens ? Ou bien par manque de tests disponibles ? Ou bien encore si c'était un signe de fatalisme, sur le mode "on ne peut rien faire, parce que de toute façon, on n'a pas de traitement, donc même si c'est le Covid19, la seule chose qu'on peut faire, c'est donner du paracétamol et attendre, alors autant ne rien faire du tout, sauf dire de prendre du paracétamol toutes les six heures et attendre..." Aveu de faiblesse ? D'impuissance ? Si c'est ça, c'est grave !!!

Troisième question : qu'en est-il des systèmes de protection ? D'après ce que j'ai su, il existe deux types de masques pour se protéger : le type 1, réservé aux malades, le type 2, réservé aux soignants. Le type 1 est peu efficace, le type 2 l'est plus, mais les stocks sont quasi-inexistants, depuis que ceux qui avaient été constitués pour l'épidémie de grippe A H1N1 (non, vous n'avez pas pu l'oublier !) se sont révélés inutilisables, faute d'avoir été nécessaires pour lutter contre l'épidémie et utilisés avant d'arriver à péremption (parce que oui, apparemment, ce type de protection se périme). Et depuis, les ministres qui se sont succédés au Ministère de la Santé n'ont pas jugé nécessaire de les renouveler. Il n'y a donc pas de stocks de masques de type 2. Quant aux masques de type 1, il y en a peu aussi, et c'est pour cette raison qu'ils sont réservés aux malades déclarés. Parce que si on en donnait à tout le monde, ben... il n'y en aurait tout simplement pas assez, d'autant plus qu'il faut les changer très régulièrement, faute de quoi, ils deviennent de vraies passoires et ne servent plus à rien.
Ce qui m'amène à une autre question : comment un pays comme la France, normalement doué de financements conséquents, d'un bon système de protection sociale, d'hôpitaux performants, peut-il en arriver à un tel manque de préparation face à une crise comme celle que nous traversons ?
Ah... mais peut-être est-ce parce que les trois derniers gouvernants n'ont eu de cesse de démanteler les hôpitaux publics ? De supprimer des postes de soignants ? De geler les crédits ?
Peut-être est-ce du à la politique de flux tendus qui veut qu'on n'a pas de stocks, ni de médicaments, ni de matériel, parce qu'il suffit de les commander et qu'ils arrivent dans la demi-journée ?
Oui... sauf si le fabriquant est chinois et que la Chine est en quarantaine, avec les usines à l'arrêt, depuis... le déclenchement de l'épidémie, justement !
Apparemment, il y a des gens qui se sont mis à réfléchir et qui ont dit que ce serait bien de relocaliser la fabrication des médicaments, au moins des molécules de base, plutôt que de les faire venir de Chine, comme c'est le cas, actuellement, pour 80% des molécules des médicaments vendus dans le monde !
Et là, on peut vraiment dire "Vive la mondialisation !" Et aussi : "Mais en voilà, une idée qu'elle est bonne ! En plus, ça va peut-être permettre de réellement faire baisser le chômage en France, si on recrée des usines ! Youpi !!!"

Alors une autre question se fait jour dans mon esprit : si les "ordres" venus d'en haut (de l'Etat, pour être claire) sont de ne pas confiner les malades, au risque de propager la maladie encore plus vite, quelle est l'obscure raison qui les a fait arriver à prendre cette décision, sachant que cette maladie est très contagieuse, qu'elle fait quand même un certain nombre de morts et ne semble pas avoir envie de s'arrêter, ni même de ralentir, du moins en Europe ?
Il semblerait, selon certains analystes, que la raison soit purement économique. Si nous en arrivions à un scénario à la chinoise, ou à l'italienne, maintenant, avec des zones entières confinées, avec des millions de personnes sommées de rester chez elles, l'économie mondiale s'arrêterait sans doute net. Plus de consommation (ou très peu, limitée à l'essentiel), des indices boursiers en chute libre, des actionnaires dans la panade parce qu'ils perdraient énormément d'argent sur leurs portefeuilles d'actions... Mon Dieu ! Naaaaannnnn. Ce ne doit pas être ça, la raison. Il est impensable que notre gouvernement ait décidé de prémunir le pays d'une crise économique, au risque de lui faire vivre une crise sanitaire XXL, avec des dizaines de milliers de victimes potentielles ! Non. Ce n'est pas imaginable, ça. Il n'est pas du tout raisonnable de penser que la santé des personnes les plus fragiles, leur vie, même, soit sacrifiée sur l'autel de la mondialisation, de l'économie et du sacro-saint PIB !

Pourtant...
Non. Je ne vais pas pousser plus loin ma réflexion. Parce que les idées qui me viennent sont vraiment trop noires. Je me refuse tout net à y accorder du crédit, parce que ce serait à la fois ne plus avoir foi en l'être humain (ou au moins en ceux qui nous dirigent) et en même temps entrer dans un système de pensée complotiste ou conspirationniste. Et ça, vous savez bien que c'est l'insulte suprême, celle qui freine toute possibilité de réflexion hors des sentiers battus, celle qui discrédite absolument tout argument, si logique et réfléchi soit-il. En gros, si vous avez une idée qui pourrait tendre vers la découverte d'un complot, vous êtes foutu. Il vaut mieux vous taire, parce que de toute façon, vous serez à jamais discrédité et vos propos taxés de "fake news".

Pourtant, il y a des choses qui ne s'inventent pas.

Alors que la Chine était en pleine découverte de l'épidémie et où les morts s'accumulaient déjà par centaines, la France n'a rien trouvé de mieux que de rapatrier ses ressortissants auparavant coincés à Wuhan, le point de départ de l'épidémie. Je me demande bien pourquoi on ne les a pas mis en confinement en Chine, afin d'éviter d'importer le virus chez nous ? Un pays durement touché, ce n'était pas assez ? Il fallait que les malades potentiels viennent contaminer leurs familles restées en France et les militaires qui étaient chargés de leur rapatriement ?

Alors que les mesures du stade 2 de l'épidémie sont de confiner les personnes potentiellement porteuses de la maladie chez elles et de limiter les rassemblements, les consignes de sécurité ne s'appliquent pas du tout de la même manière dans tous les départements (voir plus haut), alors que le nombre de cas a encore augmenté pendant que j'écris ces lignes (à l'heure actuelle, 48 nouveaux cas (1) par rapport à hier à la même heure).
Si les voyages scolaires à destination de l'étranger (en particulier de l'Italie) avaient été annulés ou reportés il y a une dizaine de jours, il n'est apparemment plus question de limiter les déplacements parce que, de toute façon, le virus est présent en France. Alors un peu plus ou un peu moins, me direz-vous... ça ne devrait pas changer grand-chose !

De leur côté, les marchés boursiers s'effondrent : -8,39% à la Bourse de Paris, -7,69% à Londres, -7,94% à Francfort, à 18h aujourd'hui (1). De quoi faire paniquer nos actionnaires ! Parce que le problème, là, c'est que ce n'est pas comme en 2008, où la crise était d'origine financière. Elle a certes été rude, mais les Etats, l'Union Européenne en particulier, ont injecté des milliards d'euros pour sauver les banques et leur donner la possibilité de continuer à faire n'importe quoi sur les marchés boursiers, en toute impunité. Le principe, c'est que quand elles gagnent, elles récoltent tous les bénéfices, et quand elles perdent, se retrouvent dans la mouise, ce sont les Etats qui les renflouent. Ce système pervers s'appelle la privatisation des gains et la mutualisation des pertes (au final, l'argent donné par les Etats pour renflouer les banques vient... de la poche des citoyens, bien sûr). En tout cas, la situation commence à être un peu compliquée. Parce que là, injecter de l'argent ne va peut-être pas suffire, si le problème n'est pas financier mais économique et lié au fait que le trafic aérien est interrompu, au moins en partie, ou au fait que les usines ne tournent plus faute d'employés pour y assurer la production, que les chaines de production sont à l'arrêt parce qu'il ne sert à rien de produire des masques pour le monde entier si on ne peut pas les exporter à cause du confinement... Non, là, c'est un peu plus complexe quand même.

Et puis, pour en revenir à notre problème alsacien, il me semble quand même bizarre que, dans le Haut-Rhin, où le nombre de cas, ce soir, est de 193 confirmés, et 53 dans le Bas-Rhin (1), rien ne soit fait, dans le Bas-Rhin, pour limiter la contagion. Alors d'accord, il y a environ quatre fois plus de malades au sud de la région qu'au nord, mais vu la manière dont la crise est gérée dans le Bas-Rhin, ça ne va peut-être pas durer !
Du coup, je m'interroge. La suite, c'est quoi ? On attend de voir venir ? On panique ? On fait des réserves de nourriture, comme en temps de guerre, et on se cloître à la maison ? On s'organise entre voisins pour que ceux qui sont malades puissent être ravitaillés par les valides, au risque que ces derniers soient aussi contaminés ? On prend ça à la rigolade en se disant qu'il faut bien mourir de quelque chose ? On rationalise en se disant que cette maladie tue essentiellement des personnes âgées et que, coup de bol, on est dans la tranche en-dessous ? On continue à vivre tranquillement, sans rien changer à nos habitudes, pour qu'au moins l'économie ne se casse pas complètement la figure, ce qui serait tout aussi embêtant que de tomber tous malades ?

Pour l'instant, je préfère garder le sourire et rester optimiste. Je prépare mes cours, je retourne à l'école, je surveille mon état de santé, je ne serre plus les mains des gens que je croise, je ne fais plus de bises à mes amis, je continue à faire de gros câlins à mes enfants, sinon, je risquerais de provoquer de graves troubles émotionnels chez eux, qui seraient peut-être pires que le Corona pour leur santé globale, j'ai de quoi manger pour un peu plus d'une semaine à la maison, au cas où je tomberais malade et je serais incapable de faire des courses (que ce soit la grippe, le Corona ou un grosse bronchite, d'ailleurs !), et je surveille de pas trop près l'évolution de l'épidémie, histoire de ne pas entrer dans une psychose mortifère qui m'empêcherait carrément de vivre.

Après, si on entrait, chez nous, dans une période de confinement, je me dis que ça aurait aussi de bons côtés : j'aurais davantage de temps pour écrire mon roman, puisque je n'aurais plus de cours à préparer durant deux semaines et que je n'aurais plus d'allers et retours à faire pour aller à l'école, pour y emmener mes enfants ou aller les rechercher, que je n'aurais plus à honorer les rendez-vous médicaux, les rendez-vous chez l'orthophoniste ou le dentiste... Je pourrais aussi enfin trier les paquets de vêtements pour enfants reçus des voisins du village. Ou bien trouver enfin le temps de tester la fabrication de Tawashis, ces "éponges" en tissu recyclé venues directement du Japon (mais fabriquées par nos petites mains). Je pourrais renouveler mon stock de lessive "home-made" que je n'ai pas encore eu le temps de refaire, ainsi que mon shampoing maison, mes tablettes lave-vaisselle "made in chez-moi". Et puis, en cas de pénurie de pâtes, ne pas oublier que nous sommes en Alsace. Et en Alsace, il suffit de farine, d’œufs et d'eau, avec un peu de sel, pour fabriquer des... spaetzles ! Si ! Et en plus, c'est bon !!!!
Alors, c'est quand la fermeture des écoles, dans le Bas-Rhin aussi ? :)
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(1) : source : https://www.lci.fr/sante/en-direct-coronavirus-covid-19-le-ministre-de-la-culture-franck-riester-teste-positif-mais-en-forme-2143314.html