L'année
2015 est entamée depuis quelques jours maintenant, et les fêtes
semblent déjà très loin, au regard de l'actualité de la semaine
dernière et de la plongée dans l'horreur que nous avons tous vécue,
par l'intermédiaire des médias. J'ai longtemps hésité avant
d'écrire un billet à ce sujet, mais je me rends compte avec le
temps que d'autres le font bien mieux que moi et expriment de manière
plus efficace et parlante pourquoi ils (et moi avec) ne « sont
pas Charlie ».
Être
Charlie ou ne pas être Charlie, c'est un peu comme si on me disait :
« Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi » (ça, c'est
une citation de l’Évangile...), ou bien encore « Si tu n'es
pas Charlie, alors tu es d'accord avec les terroristes et tu es aussi
une terroriste ». D'où mon dilemme : Je suis horrifiée
par les attentats et les meurtres (et puis, Cabu, c'est toute mon
enfance avec Récré A2, quand même!), mais pour autant, j'ai du mal
à « être Charlie » parce que je ne me reconnais pas du
tout dans un journal qui, sous couvert d'humour, se permet de choquer
les croyants (et ce, quelle que soit la religion). Alors non, je ne
suis pas Charlie, et pourtant, je compatis à la peine des familles
des personnes tuées la semaine dernière. Parce qu'un dessin, à
l'humour plus ou moins douteux et peut-être pas compris par tout le
monde ne sera jamais un mobile, pour moi, pour tuer un homme, a
fortiori pour faire régner la terreur de cette manière.
Mais
l'objet de mon billet n'était pas celui-là. Malgré cette actualité
douloureuse, difficile, je voulais quand même souhaiter à tous ceux
et celles qui passent par ici une très belle et heureuse année
2015, en espérant qu'elle se déroulera sous de meilleures auspices
que cette deuxième semaine. L'espérance, d'ailleurs, est une vertu
chrétienne et ça me plaît bien, de commencer cette année avec
l'espérance comme souhait !
Ceci
dit, voici quel était le sujet de mes réflexions ces derniers
jours, et plus particulièrement depuis ce matin :
L'an
dernier, après avoir envoyé le journal de notre famille à ma
grand-mère, je recevais une lettre de sa part où elle me présentait
ses vœux et me disait son désaccord par rapport à ma manière de
parler du baptême de notre fille, Louise-Marie.
Cette
année, comme je le fais parfois, j'ai ajouté à notre journal
annuel une petite rubrique « courrier des lecteurs » où
je réponds justement à ma grand-mère, puisque je n'ai pas eu
l'occasion de le faire par écrit au cours de l'année. Voici le
texte :
« À
la suite de notre édition précédente, une de nos plus fidèles
lectrices a interpellé
la rédaction sur un point précis concernant le baptême de
Louise-Marie. En effet, nous y mentionnions le fait que, par le
baptême, notre fille était « devenue enfant de Dieu » et notre
lectrice nous écrivait qu’elle n’était pas tout à fait
d’accord sur ce point dans la mesure où nous sommes tous créés
par Dieu et donc tous ses enfants.
Je
dois avouer que cette question m’a plongée dans des abîmes de
réflexions. En effet, à quoi sert-il d’être baptisé si la
dignité d’enfant de Dieu est conférée à tout le monde, dès
lors qu’il est né ? Qu’apporte donc le baptême dans ce cas ?
Je
me suis donc interrogée et j’en ai profité pour interroger un
prêtre de nos amis qui m’a donné la réponse suivante : Nous
sommes bien tous créés et voulus par Dieu, mais le baptême fait de
nous des enfants de Dieu dans la mesure où il nous configure au
Christ, faisant de Lui notre frère.
D’après
ce que j’ai pu comprendre, le baptême relevant d’un choix
personnel (ou fait par les parents si l’enfant est baptisé très
jeune), il s’agit bien de quelque chose de différent du fait
d’être « créés par Dieu ». Un « enfant de Dieu » est donc
plus qu’une « créature de Dieu », il est connu et aimé de Lui
dès sa conception, certes, mais le baptême est en quelque sorte une
réponse à cet amour originel, réponse donnée par les parents lors
du baptême de leur enfant (sorte d’adhésion et d’acceptation de
cet amour) ou par le baptisé lui-même s’il l’est à un âge où
il peut comprendre.
Bien
entendu, tous ces débats n’ont de sens que pour ceux qui y
croient… »
Alors
bien sûr, je n'ai pas été complète dans ma réponse. Bien sûr,
entre le moment où j'ai interrogé ce prêtre et le moment où j'ai
écrit la réponse dans notre journal, il s'est passé plusieurs mois
et je ne doute pas que je n'ai pas tout compris de la réponse du
prêtre en question. D'ailleurs, je ne comprends décidément pas
grand-chose et ce n'est que petit à petit que certains aspects de ma
foi s'éclairent dans mon esprit… sans doute sous l'influence du
Saint-Esprit d'ailleurs.
Toujours
est-il que j'ai envoyé mon journal cette année encore, avec cette
réponse dans le courrier des lecteurs à la page 2. Et ce matin,
j'ai reçu une lettre d'une de mes tantes à propos de ce fameux
« courrier des lecteurs ». Je me permets de citer
quelques passages de sa lettre :
« Baptême :
voir p.266 « Catéchisme de l’Église Catholique »
Le
Baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu.
Tout
d'abord, c'est un DON de Dieu et, comme pour tous les sacrements,
c'est Dieu qui propose… et chacun est libre de l'accepter ou non.
Mais
quelle grâce ! Quel engagement ! Quelle illumination !
Quelle purification !
J'ai
l'impression que, par le baptême, on prend conscience d'être
« Enfant de Dieu » (Rien que ça!!) et on entre dans la
famille des chrétiens, etc...
Mais,
bien sûr, tout être humain est Enfant de Dieu ! C'est une
évidence : car les Chinois, les Africains et autres, qui n'ont
jamais entendu parler de Dieu, ne seraient pas ses enfants ?
C'est absurde. »
Rhââ.
Oui, bien sûr. Dieu a créé tous les êtres humains, il les aime
tous et donc il ne peut en exclure certains du Salut (parce que c'est
quand même de cela qu'il s'agit) sous prétexte qu'ils sont nés
dans un pays et une culture où on ne connaît pas Dieu… alors même
que je viens de lire dans la Bible que Dieu veut sauver tous les
hommes, toutes les âmes ! Donc y'a un truc qui ne va pas ou
bien quelque chose que je n'ai pas compris.
Comme
je sais bien que je ne comprends pas grand-chose à toutes ces
questions théologiques, je suis revenue, comme me le conseillait ma
tante, au Catéchisme de l’Église Catholique. J'y ai trouvé des
tas de choses (bien sûr, normal, me direz-vous) fort intéressantes.
Et en particulier sur le baptême. Effectivement, à la page 266, je
trouve l'article 1 sur le Sacrement du Baptême (chapitre sur les 7
sacrements de l’Église), et voici ce qui est dit en introduction :
« Par
le baptême, nous sommes libérés du péché et régénérés comme
fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes
incorporés à l’Église et faits participants à sa mission »
(n°1213)
Bon,
pour l'instant, ça ne contredit en rien ce que je disais, à savoir
que le baptême fait de nous des Enfants de Dieu. Donc, si c'est le
baptême qui fait de nous des enfants de Dieu, cela veut dire que
ceux qui ne sont pas baptisés ne sont pas Enfants de Dieu. C'est
logique, il me semble.
D'ailleurs,
c'est confirmé au numéro 1243 (toujours du CEC, page 271) :
« Le nouveau baptisé est maintenant enfant de Dieu dans le
Fils Unique. Il peut dire la prière des enfants de Dieu : le
Notre Père. » Donc, si je sais bien lire, c'est bien par le
baptême qu'on devient Enfant de Dieu. Pas autrement. Et il est alors
parfaitement logique que ce ne soit qu'à partir de ce moment-là que
nous puissions dire la prière du Notre Père, puisqu'en étant
devenu enfant de Dieu, nous Le reconnaissons comme notre Père et
Créateur…
Ce
point étant éclairci, il y a quand même des difficultés,
soulevées très justement par ma tante et ma grand-mère dans leurs
deux lettres : quid de ceux qui n'ont pas entendu parler de
Dieu ?
(Pendant
que je réfléchissais à tout cela, je me suis dit qu'il était
quand même parfaitement logique que le fait de recevoir le baptême
soit un choix de la part du futur baptisé (ou de ses parents s'il
s'agit d'un enfant en bas-âge). Même si le baptême, comme tous les
sacrements, est effectivement un don de Dieu, Dieu ne nous le donne
pas sans nous en avoir au préalable demandé la permission, si je
puis dire. Parce que sinon, nous ne serions tout simplement pas
libres. Dieu s'imposerait à l'homme et il n'y aurait plus aucune
liberté pour l'homme de Le suivre ou de ne pas Le suivre.
D'ailleurs, c'est exactement pour cette raison que certains, il y a
quelques années, ont demandé à être « débaptisés »,
c'est-à-dire à voir leurs noms rayés des registres de baptêmes.
Je suppose que cela ne change strictement rien pour Dieu, mais pour
ces personnes qui ont décidé de renier Dieu, cela change sans doute
beaucoup de choses, sinon elles n'en auraient pas fait la demande
auprès des autorités religieuses de leurs diocèses respectifs.)
Fin de la parenthèse.
En
poursuivant ma lecture, je tombe sur un paragraphe intitulé « La
nécessité du Baptême » (n° 1257 à 1261), qui dit :
« Le Seigneur Lui-même affirme que le Baptême est nécessaire
pour le salut. Aussi a-t-Il commandé à ses disciples d'annoncer
l’Évangile et de baptiser toutes les nations. »
Donc
le baptême « sert » bien à quelque chose. Il est
« nécessaire pour le salut », c'est-à-dire, si je
comprends bien, que seuls les baptisés seront sauvés. Rien que ça !
Le
numéro 1257 précise toutefois : « Le Baptême est
nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé
et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement. L’Église
ne connaît pas d'autre moyen que le Baptême pour assurer l'entrée
dans la béatitude éternelle : c'est pourquoi elle se garde de
négliger la mission qu'elle a reçue du Seigneur de faire « renaître
de l'eau et de l'Esprit » tous ceux qui peuvent être baptisés.
Dieu a lié le salut au sacrement du Baptême mais Il n'est pas
Lui-même lié à ses sacrements »
Quand
on parle de « béatitude éternelle », il faut
comprendre, je suppose, la Vie éternelle, c'est-à-dire la joie de
la résurrection d'entre les morts. C'est donc encore une fois très
clair : ceux auxquels l’Évangile est annoncé et qui ont la
possibilité de demander le sacrement du baptême ne seront sauvés
que s'ils demandent effectivement le baptême. On est donc bien là
dans la liberté de l'homme : la Vie éternelle est proposée à
tous, ceux qui l'acceptent sont baptisés, ceux qui la refusent ne le
sont pas, c'est tout. Pour le coup, c'est plutôt simple.
Du
coup, le reste est parfaitement logique lui aussi. Les numéros 1258,
1259, 1260 et 1261 déclinent différents cas :
-
« ceux qui subissent la mort en raison de leur foi, sans avoir
reçu le Baptême, sont baptisés par leur mort pour et avec le
Christ » (c'est le Baptême du sang, qui « porte les
fruits du baptême » (la rédemption) « sans être
sacrement »).
-
ceux qui se préparent au baptême mais qui meurent avant de l'avoir
reçu : « leur désir explicite de le recevoir [...] leur
assure le salut qu'ils n'ont pas pu recevoir par le sacrement »
-
celui qui, « ignorant l’Évangile du Christ et son Église,
cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon qu'il la
connaît, peut être sauvé », c'est-à-dire que, même si
quelqu'un n'est pas baptisé (il est né dans un endroit ou une
famille où Dieu est inconnu et n'a jamais pu demander le baptême),
s'il vit selon la volonté de Dieu, selon sa conscience, alors il
peut lui aussi être sauvé. C'est une belle espérance !
-
enfin, les enfants morts sans baptême sont « confiés par
l’Église à la miséricorde de Dieu ». C'est-à-dire que
l’Église croit que Dieu sauve, qu'il y a « un chemin de
salut pour les enfants morts sans baptême ».
Après
avoir posé encore une fois la question à un prêtre (un autre,
c'est bien d'avoir plusieurs avis), la réponse très rapide qu'il ma
donnée est la suivante : Nous sommes tous et toutes créés par
Dieu à sa ressemblance, à son image, et nous sommes donc, de fait,
enfants de Dieu. Mais le baptême instaure entre le baptisé et Dieu
une relation filiale : Dieu devient Père du baptisé, le
baptisé devient Fils de Dieu, tout comme le Christ est le Fils de
Dieu. [en me relisant, je me rends compte de ce qui fait confusion
pour moi : c'est le terme « enfant de Dieu » et
« Fils de Dieu ». Il faut prendre ici le mot « enfant »
comme « engendré » ou « créé par ». Il y a
une notion de parenté, disons « biologique » qui
n'entraîne pas forcément une relation. Mais si on est « Fils
de Dieu », par le baptême, alors il y a plus qu'une relation
« biologique », il y a une relation filiale qui est
créée, dans le sens amoureux du terme : Dieu aime ses enfants,
et Il les aime tellement qu'il est prêt à se sacrifier pour eux…].
D'ailleurs,
dans le rituel du baptême lui-même, le baptisé entre par trois
fois dans l'eau du baptême. Ce geste symbolise la mort du baptisé
et sa renaissance à une vie nouvelle : celle de Fils ou de
Fille de Dieu. C'est quelque chose de vertigineux, quand on y pense
un tout petit instant : par le baptême, le baptisé meurt et
ressuscite, en quelque sorte, tout comme le Christ. Il partage donc
avec Jésus sa mort et sa résurrection et renaît à une vie
nouvelle, une vie pendant laquelle il va s'efforcer de se conformer à
la loi de Dieu et à son plus grand commandement : « Aimez-vous
les uns les autres, comme Je vous ai aimés ». (Le baptême
change donc tout, radicalement, dans la vie du baptisé !) Et
pour cela, il a l'aide de plusieurs autres sacrements : le
sacrement du pardon, qui guérit l'âme du mal que la personne a pu
faire à d'autres, ou encore le sacrement de l'eucharistie, qui unit
le Christ à l'homme dans ce don de sa personne pour nous sauver (ça,
c'est encore quelque chose que je n'ai pas bien compris, il va
falloir que je regarde au chapitre trois de cette partie sur les 7
sacrements…).
Le
baptême est une grande grâce. Par cette vie nouvelle, tous les
péchés sont pardonnés, comme si le baptisé était lavé de toute
souillure. C'est vraiment un être entièrement neuf qui sort du
baptistère, et c'est symbolisé par le vêtement blanc que l'on
remet au baptisé. La grâce du baptême, c'est aussi devenir capable
de croire en Dieu, d'agir et de vivre par les dons de l'Esprit Saint,
ou encore grandir dans le bien par les vertus morales (n°1266).
En
fait, en lisant cette partie du Catéchisme de l’Église
Catholique, je prends un peu mieux conscience du don immense qui m'a
été fait le jour de mon baptême et je me rends compte aussi, une
fois de plus, que seule, je ne suis rien. Tout m'est donné par Dieu,
au moment du baptême et des sacrements qui ont suivi (première
communion, première confession, confirmation) et à chaque fois que
je communie, que je me confesse, à chaque fois, Dieu me redonne
encore et encore, inlassablement, son amour. C'est pour cette raison
que la messe du dimanche est indispensable (en fait, plus j'avance,
plus je me dis que ce n'est pas seulement le dimanche qu'elle est
indispensable, mais tous les jours… si c'est possible!). Dieu
m'aime. Il m'aime tellement qu'Il a donné son fils pour me sauver,
pour me délivrer du mal ! (c'est vertigineux, une fois
encore...) Et chaque jour, à la messe, Il se donne à moi. Chaque
jour, Il m'attend, tel un ami qui m'invite à sa table pour le repas
de fête auquel je suis invitée. Si je viens, je partage sa joie à
table. Si je ne viens pas, Il ne m'en voudra pas parce qu'Il m'aime
et qu'Il peut comprendre, mais je me prive de Sa nourriture, de Sa
vie en moi. Finalement, je me punis moi-même en ne venant pas à Sa
table prendre le pain de vie… C'est dommage, hein ! Depuis que
j'ai compris ça, la messe du dimanche n'est plus une contrainte mais
une joie, tout comme j'éprouve une grande joie à partager un repas
avec des amis ou à passer du temps avec eux, simplement.
De
la même manière, la prière devient aussi un moment où je peux
être avec Jésus et avec mon Père. C'est LE moyen qu'Il m'a donné
pour passer du temps avec lui, tout comme, fiancée, je passais du
temps avec Jean-Luc en allant au restaurant ou en discutant avec lui
sur mon canapé, dans mon appartement.
En
définitive, ce que je vis dans ma journée, avec la prière, la
messe (quand je peux) c'est simplement une relation d'amour. Du coup,
les choses sont renversées. Ce n'est pas Dieu qui n'est pas là
quand il nous arrive une crasse ou quand il y a des souffrances qui
semblent n'avoir aucun sens. Ce n'est pas Dieu qui ne fait rien quand
les hommes se font la guerre en son nom… C'est l'homme qui oublie
que Dieu est là et qui ne lui fait aucune place dans sa vie. Les
guerres, le terrorisme… ne sont pas voulus par Dieu. Ils sont le
résultat de la liberté de l'homme, utilisée à des fins
meurtrières, contre d'autres hommes.
Voilà.
Par mon baptême, je suis devenue Fille de Dieu. Je suis aimée de
Lui, comme toutes les personnes qu'Il a créées. Je suis moi-même
créée à Sa ressemblance, et Il me donne la liberté de me tourner
vers Lui ou de me détourner de Lui si je le souhaite. Je n'ai aucun
doute là-dessus : si je décide de Le suivre, Il en sera
heureux. Si je décide de ne plus Le suivre, Il en sera malheureux
mais Il me laissera libre de partir. Parce qu'Il m'aime tellement
qu'Il est capable de souffrir pour moi. De mourir, même, pour moi.
Un tel amour, moi, ça a plutôt tendance à me faire fondre… et à
me précipiter dans Ses bras !
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