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dimanche 8 février 2015

Questions sur la contraception (le retour)

Ce billet fera sans doute grincer des dents. J'en suis totalement désolée. L'objectif de mon billet n'est pas du tout de culpabiliser, de jeter l'anathème ou de dire « oh les vilains !!! », mais de crier, devant un phénomène dont la plupart des gens semblent ne même pas avoir conscience : à quel point la vie humaine est devenue marchandise… à notre corps défendant d'ailleurs. Parce que je ne doute pas une seconde que les personnes qui ont recours à la contraception ou aux autres techniques dont il est question ici, ne le fassent pas pour de « bonnes raisons », en tout cas pour des raisons que la société juge bonnes et acceptables. Pardon par avance à tous ceux et toutes celles qui pourraient être choqués par ce qu'ils vont lire. Ne voyez ici aucun jugement envers des personnes (j'ai moi-même eu recours à la contraception, vous le savez si vous avez lu les divers billets de ce blog, je suis donc hyper mal placée pour émettre un jugement, et d'ailleurs, je n'en ai aucun droit). Il s'agit juste, ici, de dire autre chose que ce que les médias et la « société » nous dit et nous rabâche à longueur de temps...

J'ai terminé il y a quelques semaines le livre « Bonnes nouvelles sur le sexe et le mariage » de Christopher West, et ce livre m'interpelle fortement, y compris bien après la fin de ma lecture. J'y trouve énormément de réponses à mes questions et notamment sur le pourquoi de certaines choses.
Il y a quelques jours, je suis tombée sur un dessin de Martin Vidberg, en lien avec un article du Monde relatant la réaction d'une jeune femme danoise suite à la mise en ligne de photos d'elle, nue, sans son consentement, par son ex-petit ami. Elle répond sur Internet en faisant appel à une photographe et en postant des photos d'elle… nue… mais, cette fois, avec son consentement.

Ce « fait divers » somme toute, malheureusement, assez fréquent maintenant, me laisse quelque peu interloquée. Comment peut-on répondre à une sorte de viol par une exhibition ? Qu'est-ce qui ne va pas dans notre société pour qu'un homme en vienne à étaler sur la « toile » une partie de la vie privée, de l'intimité de la femme qu'il a aimée (on espère) pour se venger de l'avoir quitté ? Qu'est-ce qui ne va pas, pour qu'une femme publiquement « salie » de la sorte trouve normal et naturel de s'exposer nue, en réponse à l'injure subie ?

Mon mari, une fois de plus, dirait « C'est parce qu'il n'y a plus la foi ». Une fois de plus, je dirais que c'est un peu lapidaire mais, en l'occurrence, je suis maintenant persuadée qu'il a raison.

Ce fait divers me renvoie directement à ma lecture citée plus haut. Parce que de telles dérives, de tels comportements, semblent être directement le fruit de la culture de mort dans laquelle nous vivons depuis maintenant plusieurs décennies.
Le « monde » (la société, quoi, pas le quotidien) nous présente la pilule, la contraception, comme une avancée, un progrès pour la femme. Elle peut ainsi « choisir » d'avoir des enfants « quand elle veut » et « si elle veut ». Elle est donc libre… du moins en apparence. En apparence seulement, parce qu'en acceptant la pilule (et tous les autres moyens de contraception mis à notre disposition, tels l'implant, le préservatif, le stérilet, les spermicides, le diaphragme et autres), la femme a en quelque sorte accepté une nouvelle servitude, celle du sexe pour le sexe. Finalement, sous couvert de « libération sexuelle », pour « jouir sans entraves » (c'est-à-dire sans risque de se retrouver enceinte), les femmes sont devenues esclaves du désir sexuel des hommes… et du leur. Avec la contraception, les femmes n'ont plus d'excuses (sauf la « migraine ») pour ne pas accéder aux désirs des hommes et ne pas les satisfaire. Avec la contraception, si une femme ne veut pas « faire l'amour », c'est en gros soit parce qu'elle n'est pas amoureuse, soit parce qu'elle est malade (ou anormale, allez savoir!). Du coup, la seule entrave à la satisfaction constante du désir sexuel (de l'homme et/ou de la femme, à savoir la conception d'un enfant) a disparu. Et tout ça pourquoi ? Parce que la sexualité a été coupée de sa finalité première : la fécondité.

Cette jeune femme a parfaitement raison : son « ex » l'a exhibée, telle un objet, au vu et au su de tout le monde. Mais, s'il a eu tort, comment s'en étonner, au fond ? En déconnectant la sexualité de la fécondité, l'homme et la femme ont fait du sexe quelque chose de l'ordre de la bestialité, la satisfaction des « besoins » sexuels de la personne (comme on a besoin de manger, d'aller aux toilettes…). [petit aparté pour expliquer un peu : lorsque la sexualité est vécue dans l'objectif de la fécondité, ou avec la fécondité en arrière-plan, un respect de l'autre s'instaure forcément. Celui ou celle avec qui j'ai des rapport sexuels est le potentiel père ou la potentielle mère de mes potentiels enfants. Donc l'ouverture à la vie du couple « oblige » en quelque sorte le couple à considérer l'autre comme un être humain et non pas comme le moyen d'assouvir un instinct ou un besoin sexuel.] Et si le but de la sexualité est de satisfaire des besoins sexuels, alors il n'y a aucune raison de ne pas se servir de l'autre comme d'un objet sexuel. Au même titre, à la limite, qu'un sex-toy ou que la masturbation (d'ailleurs, les sex-toys et la masturbation, s'il s'agit de satisfaire des « besoins », c'est peut-être même mieux et plus sain : pas de risque de grossesse, de transmission de MST… et pas besoin de les respecter, surtout pour les sex-toys!). Alors, bien sûr, il y a des couples qui vivent leur sexualité de manière authentique, même avec la contraception. Mais pour ma part, je me demande s'ils ont conscience de ce qu'ils font ? Je ne le pense pas, sans quoi ils ne le feraient sans doute pas. On nous a tellement « vendu » la pilule (et les autres contraceptifs) comme un « droit » et une chose normale qu'il est maintenant fort difficile d'avoir une parole différente. Ne pas prendre la pilule, c'est quasiment de l'ordre du délire, même et surtout pour les médecins…
Ne parlons donc pas, alors, de l'avortement…

Aujourd'hui, attendre un enfant est un vrai paradoxe. Selon la situation des parents, l'enfant peut être attendu et ne jamais venir (stérilité), il peut être désiré et programmé (grâce en partie à la contraception qui permet de décider du « quand », sans aucune garantie que cela « fonctionne », peut-être aussi, justement, à cause de la pilule?), il est souvent non désiré, donc avorté (et en plus, pourquoi s'en priver puisque c'est maintenant un « droit » remboursé à 100 % par la sécurité sociale?) et, parfois, il arrive trop tôt et on fait tout pour ne pas le perdre, quitte à risquer des séquelles (prématurés), ou alors on lui fait subir un avortement et il naît… vivant ! On le laisse alors mourir dans la plus grande solitude et la pire indifférence, sous prétexte que ses parents n'ont aucun « projet parental » pour lui (avortements tardifs)… Il peut aussi être congelé (à l'état d'embryon, comme un bout de viande qu'on se garde pour plus tard), histoire d'être certain qu'on pourra un jour le faire naître…

Mais alors, une question se pose… Cet enfant est-il une personne ou un objet, qu'il soit désiré ou non ? Est-il un être humain ? A-t-il, aujourd'hui, plus d'importance que le chien, le chat ou la maison, s'il est synonyme de gêne financière, de trouble-fête, d'empêcheur de tourner en rond, ou s'il est tellement indispensable qu'il en devient un droit ?
Comment se fait-il que notre société en vienne à considérer la maternité comme un fardeau, un poids ? Et l'enfant comme une gêne ? La vie a-t-elle si peu de valeur que l'on peut désormais la jeter sans aucun état d'âme ?

Je me souviens de mes grossesses, plus ou moins éprouvantes, fatigantes, difficiles ou douloureuses. Difficile, parfois, de rester allongée, obligée de se reposer alors qu'on n'est pas malade, mais juste enceinte. Difficile, aussi, de se voir changer, d'avoir les nerfs à fleur de peau, d'avoir des sautes d'humeur ou les larmes aux yeux sans raison autre que l'augmentation du taux d'hormones de grossesse… mais quelle sensation merveilleuse, aussi, que de se savoir enceinte, de sentir cette plénitude de la vie naissance, cette joie profonde, sereine, pleine et entière, de se sentir devenir mère, avec la fragilité et les doutes qui accompagnent cette période si particulière de la vie de la femme.

Quand à l'éternelle question de savoir si un fœtus ou un embryon est un être humain… pour ma part, bien sûr, elle ne fait aucun doute ! Pourquoi un enfant né prématuré à 7 mois de grossesse aurait-il plus le statut d'être humain qu'un bébé avorté à 7 mois parce qu'une anomalie congénitale, génétique ou autre, a été décelée in utero ? Dans un cas, il y a prématurité et dans l'autre interruption thérapeutique de grossesse… qu'est-ce que cela change, sur le fond ? Le « projet parental » y était dans les deux cas, sinon la grossesse n'aurait pas été poursuivie. Alors qu'est-ce qui fait la différence, sinon le droit que l'on s'est octroyé de décider que le petit prématuré devait vivre et que l'autre devait mourir parce qu'il risquait d'être handicapé ? Parce qu'on s'est donné le droit de simplement l'éliminer ? Cela en dit long sur l'enfant, malheureusement, que l'on s'arroge le droit de tuer (n'ayons pas peur des mots!) parce qu'il n'est pas « conforme » au projet parental, sans doute. Là encore, l'enfant est donc un objet. Un « objet » que l'on désire avoir, que l'on cherche à obtenir, parfois à un prix exorbitant (GPA)1, parfois au prix de manipulations cellulaires (PMA2…), un « objet » que l'on « doit » avoir pour avoir réussi sa vie, au même titre que la maison, le boulot et le chien.

Cynique, moi ? Non. Juste triste et réaliste.

Je pense à tous ces enfants qui ne naîtront pas parce qu'ils n'étaient pas « désirés ». À tous ceux qui sont morts avant de naître parce qu'ils sont arrivés « au mauvais moment » ou « pas avec le bon père ». À tous ceux, aussi, qui portent le poids immense de devoir être conformes aux désirs de leurs parents parce qu'ils ont le « droit » d'avoir un enfant « quand ils veulent » et « s'ils le veulent ». « Comme ils le veulent », aussi ?

Comment s'étonner que les hommes et les femmes se fassent du mal, s'ils sont capables de considérer ce qu'il y a de plus précieux, de plus sacré, de plus fragile, la vie, comme une marchandise ?

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1Entre le moment où j'ai préparé ce billet et le moment où je l'ai posté, la CEDH a donné raison à un couple italien qui s'est vu retirer l'enfant qu'ils avaient acheté 45000€ en Russie, au motif que la GPA est illégale en Italie. L'enfant est resté 6 mois dans la famille de ses « acquérants » avant d'être confié à une famille d'accueil, où il vit depuis 18 mois. Au final, « l'intérêt supérieur de l'enfant » prévaut : il n'a pas été rendu à ses « acquérants » parce que, je crois, il a passé plus de temps dans sa famille d'accueil. Mais l'Italie a quand même été condamnée à verser 30000€ au couple comme dommages et intérêts. Il est sans doute maintenant impossible à un État (dont la France) d'interdire la GPA ou, au moins, la transcription à l'état civil de l'acte de naissance à l'étranger de l'enfant conçu dans le cadre d'une GPA… (voir ici

2Toujours dans la même veine, des recherches entreprises en Angleterre pour permettre de créer des bébés dépourvus d'un gêne malade via un changement de mitochondries (j'y comprends pas grand-chose d'un point de vue technique, cela va de soi, mais c'est super intéressant !). Les recherches semblent avoir abouti, puisque ces actes, si j'ai bien tout compris, viennent d'être autorisés… On n'est pas sortis. À quand le « bébé à la carte » ? Vive le « Meilleur des mondes » ! (voir ici)

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