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mercredi 3 avril 2013

Avortement : Préserver la vie. Mais laquelle ?

La question de l'avortement revient régulièrement sur le tapis, et cette fois-ci, c'est par rapport à une affaire en Irlande, au sujet d'une femme morte par suite d'erreurs médicales pendant sa grossesse.
En gros, si j'ai bien compris, elle s'est présentée à l'hôpital avec un début de fausse couche et une infection, et les médecins ont privilégié le bien-être de l'enfant plutôt que la santé de la mère, au motif qu'en Irlande, pays Catholique, on ne pratique pas d'avortement. Ce n'est que quand les signes vitaux du bébé ont montré qu'il était mort que la mère a été transférée dans le service médical adéquat, qui n'a rien pu faire pour la sauver : il était trop tard, elle avait fait une septicémie et rien n'aurait pu la sauver à ce stade.
Le résultat, c'est que le mari et son avocat veulent se servir de ce drame pour promouvoir la légalisation de l'avortement en Irlande, où il est toujours interdit.

Soit. Je comprends le papa : pour sauver un enfant non viable à ce stade la grossesse, les médecins ont laissé mourir sa femme, ce qui ne pouvait qu'entraîner la mort de l'enfant...

Maintenant, il y a quand même des choses qui semblent n'avoir pas été prises en compte. Lorsqu'une question de santé grave se pose pendant une grossesse, la raison veut que l'on préserve la santé de la mère... puisque c'est elle qui est déjà en vie. Je m'explique. Le bébé, selon la doctrine chrétienne et catholique en particulier, est vivant depuis sa conception. Soit. Mais il a besoin du corps de sa mère pour se développer, pour grandir et devenir viable à l'extérieur.
J'en ai discuté avec notre vicaire, spécialiste en droit canon (il est juge au tribunal ecclésiastique de Strasbourg). Il m'a bien précisé que dans tous les cas, y compris dans le cadre de la contraception, si une grossesse fait courir un risque à la femme, alors il faut préserver la vie, même et surtout s'il s'agit de la vie de la mère avant celle d'un hypothétique enfant à venir (dans le cadre de la contraception) ou avant celle du fœtus dans le cadre d'une grossesse à risque.
Ce qui veut dire que dans tous les cas, le fœtus ne doit être sauvé que si la santé de la mère n'est pas mise en danger du fait de la grossesse. En gros, ce qui prime, c'est la santé de la mère sur celle du bébé. Parce que la mort du bébé, c'est un drame, certes, et qui a des répercussions sur les parents bien sûr, et sur les éventuels frères et sœurs, grands-parents... Mais si, pour sauver le bébé, on doit sacrifier la mère (au risque de perdre aussi le bébé s'il n'est pas viable à ce stade de la grossesse), qu'a-t-on gagné ? Une famille ravagée, la mort d'un être qui a déjà sa place dans la société, qui a éventuellement d'autres enfants, des parents, un mari (ou compagnon, peu importe), des personnes qui l'aiment et qui vivent auprès d'elle. Et de toute façon, la mort du bébé s'il n'est pas viable. On perd donc les deux, alors que la mère aurait pu être sauvée... De deux maux, il faut donc choisir le moindre si l'un des deux (la mère ou le fœtus) est forcément condamné... en privilégiant la mère bien sûr.

Je ne suis pas favorable a priori à l'avortement, vous vous en doutez. Cependant, si on a le choix entre la mort de l'un et la mort de l'autre, si l'avortement permet de sauver la vie de la mère, alors à mon avis, il n'y a pas à hésiter, sauf à se comporter inutilement en martyr... ce qui est à mon sens un peu stupide... Je n'ai bien sûr pas à juger les choix des médecins dans cette histoire, mais tout cela donne à réfléchir quant à la complexité de la question. Et montre bien que même l’Église n'a pas une position aussi tranchée que l'on veut bien nous le faire croire : elle se base sur une règle générale (préserver la vie), avec des cas particuliers dont il convient de débattre et qui, en tout cas, ne doivent pas aboutir à la mort d'une personne, mort qui aurait pu être évitée si d'autres décisions avaient été prises. Tout est donc question de discernement : il n'est pas bon d'appliquer bêtement la doctrine en disant "pas d'avortement, nous sommes catholiques" si le bébé ne peut de toute façon pas vivre et si l'avortement permet de sauver la vie de la mère... Cela relève pour le coup de l'absurdité et de l'aveuglement au nom d'une doctrine mal comprise. Et c'est dommage, parce qu'une fois de plus, dans cette histoire, c'est aussi l'image de l’Église qui est écornée, alors que bon sang, elle n'en a vraiment pas besoin !

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