Cela fait un bon moment que je voulais mettre ici ces témoignages. J'hésitais, mais finalement, je me suis décidée. Après tout, ce blog est fait pour y recueillir mes "humeurs", et je préfère y mettre des événements positifs que des "coups de gueule" sans fin... et surtout sans solution !
Donc, voici le premier des trois témoignages que j'ai donnés lors des veillées de guérison et d'adoration que nous avons organisées à Sélestat. Celui-ci avait pour thème "Le Sacré Cœur", en octobre 2011.
Quand nous avons préparé
cette veillée et que Philippe m'a demandé si je voulais témoigner,
j'ai tout de suite dit « Oui ». Et puis je me suis
demandé pourquoi. Parce que le Sacré Cœur, le Cœur Sacré de
Jésus, tout ça, ça ne m'a jamais vraiment parlé. L'imagerie qui
est associée au Sacré Cœur m'a toujours mise mal à l'aise et je
ne l'ai jamais aimée parce que c'était totalement incompréhensible
pour moi.
Et puis je me suis dit
que je ne pouvais pas ne pas témoigner. Pas après tout ce qui s'est
passé.
En fait, je suis lente,
très lente à comprendre. Ça s'appelle l'esprit d'escalier. Il aura
fallu 12 ans à Jésus, 12 ans depuis mon arrivée en Alsace, pour me
faire comprendre le message qu'il avait à me délivrer et pour me
convertir.
En 1999, j'étais à
Mulhouse depuis un peu plus d'un an, à une période de ma vie où
tout paraissait possible. J'avais terminé mes études et je
démarrais dans la vie professionnelle, dans une nouvelle ville, où
je me faisais de nouvelles relations. C'était une nouvelle vie. Mais
tout était en réalité limité par mon propre comportement : je me
repliais sur moi, je fuyais les autres, je me sentais très mal à
l'intérieur, j'étais infiniment triste.
Un jour, dans une église,
je crois que c'était à Gueberschwihr, je me suis retrouvée sans
trop savoir pourquoi face à l'autel et non loin de là, il y avait
le tabernacle et la petite lampe rouge indiquant la présence réelle
du Christ dans l'Eucharistie. Ce n'était pas la première fois que
je rentrais dans une église, ni que je voyais cette lampe et j'en
connaissais la signification. Alors pourquoi ce jour-là, dans cette
église, ai-je eu la certitude de Sa présence, pourquoi me suis-je
arrêtée pour prier ?
Face au tabernacle, je me
souviens avoir ressenti un profond apaisement. Comme un poids qui
s'enlève. Je me suis sentie mieux et j'ai rendu grâce.
J'étais toujours mal
dans ma peau. Au point d'avoir pensé au suicide. Comme je risquais
de me rater et de rester handicapée, comme j'avais peur de souffrir,
j'ai décidé de changer de ville et d'appartement et de déménager
à Sélestat. Je suis donc arrivée ici le 15 décembre 1999. J'ai
passé des vacances de Noël particulièrement pénibles. Mon séjour
à Quimper s'était terminé par une violente dispute avec ma mère,
et j'ai enfin compris à ce moment-là qu'elle ne comprenait
absolument pas ce qu'était ma vie. Je suis donc revenue à Sélestat,
et le 31 décembre, j'étais très triste. Mes cartons n'étaient pas
encore déballés, ma machine à laver n'était pas branchée. Dans
l'après-midi du 31, j'ai reçu un appel d'amis de Mulhouse me disant
qu'ils se rendaient à Sélestat, à l'église St Antoine, pour une
veillée de prière et d'adoration. Ils m'ont proposé d'y aller et
de passer le jour de l'an chez eux. Je n'avais qu'une envie : les
envoyer promener. Je ne voulais voir personne, je voulais rester avec
ma machine à laver et mes cartons.
Mais voilà, j'étais
encore une petite fille sage qui ne sait pas dire « non ».
Et je n'ai pas osé leur dire que je ne voulais pas y aller et que je
voulais qu'on me laisse tranquille.
Dieu s'est servi de mes
défauts pour me donner l'occasion d'aller Le voir. C'est qu'il me
connait très bien...
Après avoir tergiversé
pendant des heures, j'ai finalement décidé d'aller à St Antoine
vers 23 heures. C'était l'ouverture des Portes Saintes, le passage à
l'An 2000... C'était un moment important et je n'avais rien de mieux
à faire. Je me suis rendue à la chapelle pour l'adoration, triste
comme les pierres et au bord des larmes.
Devant le Saint
Sacrement, je me suis demandé pourquoi j'étais venue et ce que je
faisais là. Je me souviens d'avoir eu le regard irrésistiblement
attiré par Jésus. Je ne pouvais plus détacher mon regard, et les
larmes ont coulé, comme si je déposais enfin le fardeau. Et j'ai
alors entendu une voix qui me disait :
« Tu n'as rien à craindre. Je t'aime. »
J'ai passé la journée
du lendemain groggy, comme quand on sort d'une longue maladie.
J'étais convalescente.
Plusieurs semaines ont
passé, mais je me sentais mieux, je me raccrochais à cette phrase
entendue le 31 décembre.
Au mois de mars, le jour
du mercredi des Cendres, j'avais travaillé toute la journée et je
voulais rentrer chez moi. Je me tâtais pour savoir quel train
j'allais prendre pour être à l'heure à la messe. Je me disais
d'ailleurs que si j'arrivais trop tard, ce serait tant pis... Et puis
sur le chemin de la gare, j'ai retrouvé ces mêmes amis du 31
décembre, me proposant d'aller à la messe avec eux. J'ai d'abord
voulu esquiver en disant que je devais rentrer, mais ils m'ont dit
que je pouvais rester chez eux pour dîner et dormir, et que je
n'aurais pas le trajet à refaire le lendemain. Je n'avais plus
d'excuse, je suis donc allée à la messe.
Durant la nuit qui a
suivi, j'ai extrêmement bien dormi. Mais j'ai aussi entendu une voix
qui chantait en boucle histoire que je comprenne bien quelques vers
d'un chant que j'aime beaucoup, sur le baptême, avec des paroles
légèrement différentes :
« Baptisé dans la lumière de Jésus,Tu renais avec Lui du tombeau.Tu es mon enfant Bien-aimé. »
Le message était
parfaitement clair. Et vous n'imaginez pas la joie immense qui m'a
habitée à ce moment-là. Pour une entrée en Carême, c'était à
la fois une catéchèse express que je vivais, et une invitation à
la Conversion qui m'était proposée, et directement par le Patron,
en plus.
Cette joie m'a habitée
pendant plusieurs semaines.
Mais le 29 avril, j'ai
brusquement pris conscience que ma vie amoureuse était un désastre.
Je sortais d'une histoire particulièrement difficile, et je venais
de comprendre que c'était terminé définitivement. J'ai passé la
soirée au lit, à pleurer, puis à supplier Dieu de me dire ce qu'il
attendait de moi. Voulait-il que je m'engage dans le célibat
consacré ? Dans la vie religieuse ? Dans le mariage ? Si c'était le
mariage, alors il fallait qu'Il me choisisse un époux, parce que mes
choix à moi étaient désastreux et me conduisaient tous directement
dans le mur.
Et durant la nuit, Il m'a
encore parlé :
« N'aie pas peur. Je t'aime. Tu n'as pas à t'en faire. Aucun homme sur cette Terre ne t'aimera jamais comme Moi, je t'aime. »
Le lendemain, rayonnante,
j'animais la messe de 11 heures à St Georges. Et c'est là que celui
que j'aimais déjà sans le savoir m'a enfin vue et que notre
histoire a démarré. 14 mois après, nous étions mariés.
On pourrait croire que
c'est la fin de l'histoire. Ben pas du tout. Parce que je n'avais
encore rien compris. J'ai vite conclu que Jean-Luc était la réponse
à mes prières. Ce qui était en partie vrai. Mais en réalité, je
n'avais pas encore compris le message.
Dix années se sont
écoulées, avec les bonheurs et les difficultés d'une famille tout
ce qu'il y a de normal : enfants, maladies, souffrances, bonheurs...
Comme tout n'allait pas
bien, j'ai entamé une thérapie en 2006, après la naissance de ma
troisième. Et quatre ans après, ça allait mieux, mais ce n'était
pas encore ça. Et puis Philippe a commencé les permanences d'écoute
du samedi matin, et mon accompagnement spirituel a débuté en
janvier 2010.
En février, un accident
m'a interdit d'aller au Tai Chi comme je le faisais d'habitude le
mardi soir. Du coup, n'ayant rien d'autre à faire, je suis allée à
la veillée de prière et de guérison à Sainte Foy. Je suis arrivée
en retard, j'ai raté les informations du début et les explications
sur les paroles de connaissance. Du coup, quand Carole a parlé et
qu'elle a dit :
Jésus veut parler à une femme, une femme qui ne s'aime pas quand elle se regarde dans le miroir. Et Jésus dit à cette femme : « Je t'aime, tu es belle telle que tu es »,
j'ai ressenti
une grande colère. J'ai cru que Philippe et elle s'étaient mis
d'accord et qu'il avait trahi ma confiance en lui disant ce que je
lui avais confié. Parce qu'il ne faisait aucun doute que ces paroles
étaient pour moi.
Il m'a rassurée, m'a
expliqué comment ça se passait et je suis restée avec cette parole
sans trop savoir quoi en faire. L'accompagnement s'est poursuivi, et
au mois de mars, je suis retournée à la veillée. Cette fois-ci,
c'était l'effusion de l'Esprit. Nous étions invités à demander à
Jésus quelque chose, et les deux personnes qui étaient là devaient
prier avec moi. Mais voilà, je suis restée muette. Carole, encore
elle, m'a dit alors : « Lis Jérémie, au chapitre 1 : « Je
t'ai voulu de toute éternité » ».
En avril, lors de la
veillée suivante, j'étais devant le Saint Sacrement quand cette
parole de Thérèse d'Avila m'a submergée :
« Dieu seul suffit ».
Là, je crois que c'était
complet. Si je ne comprenais pas le message cette fois-ci, c'était
que j'étais vraiment une imbécile. Alors j'ai accepté.
A la rentrée suivante,
je suis donc entrée dans le groupe de prière. Et depuis, à chaque
fois, ce que je vis lors de ces veillées est de plus en plus fort.
Maintenant, j'attends ces
Rencontres avec la même impatience que j'attendais les rendez-vous
avec Jean-Luc. J'attends en fait de revoir mon Bien-Aimé.
Il m'a appris à
m'accepter, à me respecter, à être fière de moi, y compris avec
mes faiblesses et mes fragilités. Je peux dire aujourd'hui que
Jésus, à force d'attentions, de présence quotidienne, sans grands
discours mais avec des mots qui ont su me toucher au plus profond de
moi, m'a appris à m'aimer. Il a su prendre le temps, pour
m'apprivoiser petit à petit, parce que je suis lente à comprendre.
Une phrase de temps en temps, c'était un moyen imparable pour me
faire comprendre son message.
Mais j'ai toujours été
libre. Jamais Il n'est venu me chercher, jamais Il ne s'est imposé à
moi. C'est toujours lors de démarches plus ou moins provoquées par
mes amis ou sur mon initiative que je suis d'abord allée vers lui.
L'oratoire dans notre
chambre est terminé. J'y passe du temps, jamais assez à mon goût,
en prière. Devant l'icône, je vois Jésus m'ouvrir ses bras,
m'accueillir tout contre lui. L'image du Coeur de Jésus, pour moi,
elle est là. Ce cœur immense qui m'accueille, qui m'ouvre ses bras
et qui me réconforte.
Je ne suis plus jamais
triste comme je l'étais en 1999. Parce qu'Il m'aime infiniment, et
que cet amour ne faillira jamais.
Allez, une petite
dernière :
La nuit qui a suivi la
veillée du mois de Janvier 2011, j'ai entendu cette phrase dans mon
sommeil :
« Ayez pour vos frères la tendresse du Père ».
Après m'avoir montré
son amour pour moi, Il m'envoie donc en mission.
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