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mercredi 5 février 2014

Contraception or not contraception ?

Dernier témoignage (oui, j'en ai fait, des bêtises ! Heureusement, le Seigneur veille sur moi et n'hésite pas une seconde à m'interpeller par l'intermédiaire d'autres personnes pour me remettre dans le droit chemin ! Ouf !), datant d'octobre 2013. Cette fois-ci, il s'agit de contraception, mais pas uniquement.

La contraception et moi, c'est une longue histoire. J'avais 17 ans quand j'ai du prendre ma première pilule, pour régler un déséquilibre hormonal comme beaucoup de jeunes en ont au moment de l'adolescence. Selon l'endocrinologue, ce traitement règlerait mon problème et régulerait du même coup mes cycles, assez anarchiques. Petit à petit, les troubles que j'avais ont effectivement diminué, mais il y avait un effet secondaire important : la disparition totale du cycle et donc des règles. Quand j'en ai parlé au médecin, il m'a dit que je devais m'estimer heureuse parce que les règles empoisonnent la vie de toutes les jeunes filles, qui rêvent souvent de s'en débarrasser. Seulement voilà : ne plus être réglée me perturbait beaucoup parce que j'avais l'impression de ne plus être une femme. La pilule touchait donc à mon être, à mon identité profonde. J'ai trouvé un compromis : jusqu'en 2001, année de mon mariage, j'ai pris ce traitement en alternant les périodes « sans » et les périodes « avec », de manière à réguler mes troubles hormonaux mais à avoir quand même des cycles de temps en temps.

Après notre mariage, j'ai alterné les périodes « avec » et « sans », également, mais pour d'autres raisons, les unes médicales, les autres psychologiques, liées à la naissance de notre fille aînée, très traumatisante pour moi. Il fallait espacer les naissances pour me donner le temps de récupérer physiquement, mais aussi psychologiquement. Nous avons donc utilisé plusieurs méthodes : outre la pilule, nous avons utilisé le Persona, mini-ordinateur permettant de connaître, à l'aide de tests urinaires, les périodes fertiles et infertiles du cycle. Après la troisième naissance, les choses se sont compliquées encore un peu puisque j'ai commencé à avoir des cycles de plus en plus anarchiques, d'une durée allant de 30 à 45 jours, avec des règles hémorragiques pouvant durer de 7 à 20 jours à peu près. Les conséquences étaient nombreuses et désagréables, avec en particulier la fatigue chronique, l'anémie et l'irritabilité, sans parler des complications dans ma vie intime avec mon mari.

Au printemps 2007, une solution a été trouvée avec la gynécologue : le stérilet. J'ai mis quelques temps à l'accepter pour plusieurs raisons : j'avais l'impression que ce stérilet allait tuer en moi la femme que j'étais, par la suppression des cycles, comme l'avait fait la pilule. Mais surtout, je savais que l’Église s'y opposait. La seule chose qui a fait remporter la décision, c'est qu'il s'agissait d'un stérilet hormonal et non pas au cuivre. Le processus est différent : le stérilet au cuivre empêche la nidation et provoque donc mécaniquement un avortement en tout début de grossesse, alors que le stérilet hormonal agit comme la pilule en empêchant la fécondation. J'ai donc pris la décision d'accepter le stérilet parce que je ne voyais à ce moment-là aucun autre moyen de vivre normalement et de régler ce problème d'hémorragies. Mais je vivais très mal le fait de devenir stérile, même si c'était une stérilité temporaire (5 ans) et réversible.
Mes conditions de vie se sont considérablement améliorées, forcément, avec la fin des hémorragies. Le bienfait au quotidien a été immédiat. Le revers de la médaille était que j'avais un plus grand risque d'infections et, en mai 2010, j'ai du être opérée de kystes ovariens. Je ne sais pas s'ils étaient la conséquence de ce stérilet, mais ce n'est pas impossible du tout.

Le 15 août 2011, une conversation téléphonique avec une amie du groupe de prière « Suis-Moi », de Sélestat, a tout changé. Elle me parlait de contraception, de son refus de la pilule. J'ai pour ma part tenté de justifier mes choix, notamment médicalement, mais sans y parvenir. L'argumentation était bancale, même pour moi.
Finalement, le vendredi suivant, je suis allée voir Philippe, juste avant son départ de Sélestat. Il a alors mis le doigt sur ce qui me posait le plus de problèmes : l'incohérence entre ma vie de foi et ma vie personnelle, et cela malgré le fait que nous avions déjà trois enfants. Il y a donc, dans la condamnation de la contraception par l’Église plus qu'une question de régulation des naissances, mais je n'étais pas encore capable de le comprendre et de discerner ce que c'était.
Après en avoir parlé à mon mari, parce que c'est une décision qui touche et regarde le couple et pas uniquement la femme, j'ai pris rendez-vous avec le gynécologue pour faire retirer ce stérilet, rendez-vous qui a eu lieu le 25 septembre.
Le bénéfice a été immédiat. Outre le fait que je me suis sentie soulagée d'un poids énorme, je me suis tout de suite sentie plus femme, mais aussi plus mère. Rétrospectivement, c'était comme si le stérilet ne m'avait pas rendue stérile uniquement pour les futurs enfants, mais aussi envers les enfants déjà nés. Quand j'en ai parlé à la gynéco, elle m'a dit que j'étais bizarre et que ce n'était que dans ma tête. Mais mon généraliste m'a dit que c'était normal : « Ce n'est pas pour rien qu'on appelle cela un stérilet ». Il m'a alors parlé de « stérilité psychique ».
Bien sûr, en retirant le stérilet, je savais que je m'exposais au retour des règles hémorragiques, puisque rien n'était réglé médicalement et qu'aucune recherche n'avait été faite pour déterminer la cause de cette maladie. Et ça n'a pas raté. Trois semaines plus tard, je me suis mise à saigner abondamment. Pendant les dix-sept jours qui ont suivi, j'ai fait tout ce qui est possible pour diminuer l'intensité du flux, en particulier avec des tisanes de plantes. Mais rien n'y a fait, au point que le 5 novembre, j'ai du quitter mon travail en milieu d'après-midi.
Le soir de ce 5 novembre, Philippe organisait à Walbourg sa première veillée d'adoration et de guérison, et il avait demandé à notre groupe de prière d'animer la veillée comme nous le faisions avec lui les années précédentes. Nous avons donc fait la route avec les trois enfants et bien sûr, après 17 jours, j'étais épuisée.

Quand le Saint Sacrement a été exposé, ce soir-là, je me suis effondrée à genoux devant Jésus, en larmes et je l'ai supplié :
« Seigneur, je suis à bout de forces, tu le sais. Tu sais que ça ne peut pas durer comme ça, alors, je t'en prie, guéris-moi. Si c'est Ta volonté, guéris-moi. Et si Ta volonté n'est pas de me guérir, alors donne-moi la force de vivre avec ces hémorragies et de les accepter, afin que je puisse m'occuper de mes enfants et être une vraie maman pour eux. »
J'ai passé un long moment devant Jésus et il y a eu du combat à ce moment-là, mais aussi plus tard. Mais le même soir, en rentrant à Sélestat, j'ai constaté que l'hémorragie s'était arrêtée.

J'étais guérie, mais en plein doute. Qu'allait-il se passer au cycle suivant ? Un mois plus tard, le 5 décembre, il y avait une nouvelle veillée d'adoration, à Sélestat. La veille, mes règles étaient revenues, également sur le mode hémorragique. J'avais très peur que la guérison de novembre ne soit que temporaire. Mais j'ai ensuite pensé à Barthimée et à l'aveugle de Siloé, dans le Nouveau Testament. Jésus les a guéris définitivement. Alors durant la veillée, j'ai redit cette prière :
« Seigneur, tu m'as déjà guérie. Je sais que quand Tu guéris, Tu ne le fais pas à moitié. Si Ta volonté est que je sois guérie, alors fais-le. Sinon, donne-moi la force de l'accepter pour que je puisse m'occuper de mes enfants. »
Trois jours plus tard, le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, mes règles se terminaient. Durant les 5 mois suivants, elles ne durèrent plus que 4 jours, tous les 28 jours. Pour la première fois de ma vie, j'avais des cycles normaux.

Lors de notre discussion du mois d'août, mon mari avait accepté l'éventualité d'un autre enfant si je retirais le stérilet. Et au mois de juin 2012, j'ai appris que j'étais enceinte. La venue de ce quatrième enfant n'était pas vraiment désirée. Plusieurs problèmes se posaient d'un point de vue pratique : avec trois enfants, il manquait déjà une pièce à la maison. Par ailleurs, nous savions ne pouvoir compter sur aucune aide du côté de nos parents pour garder un autre enfant. Il faudrait donc retrouver une nourrice si je voulais continuer à travailler. La solution qui s'est imposée a été le congé parental durant trois ans, jusqu'à l'entrée en classe du dernier de la fratrie. À l'annonce de cette grossesse, pourtant, pour ma part, j'étais très heureuse. Je la vivais comme une réparation. Alors à la fin du mois de juin, nous avons visité plusieurs maisons dont celle qui a été notre coup de cœur, à Ebersheim.
Le 20 juillet, nous avons signé le compromis de vente et le 23, j'ai appris que j'avais fait une fausse-couche. Nous avions besoin d'avancer dans nos projets pour ne pas rester sur la douleur de la perte d'un enfant, même s'il n'était pas encore né. Nous avons donc décidé d'acheter malgré tout la maison.
La signature de l'acte de vente a eu lieu le 1er octobre, en la fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, et le 7 octobre, j'avais la confirmation que j'étais à nouveau enceinte. La grossesse, contrairement aux autres, s'est très bien passée et Louise-Marie est née le 4 juin.

Cette naissance a tout changé pour moi. Je suis devenue enfin pleinement mère. Ça a l'air étrange, voire absurde de dire ça quand on a déjà trois enfants, mais la première grossesse a été tellement traumatisante que je n'ai jamais pu me sentir réellement maman pour les trois aînés, même si les choses étaient plus faciles avec Nathanaël et Rébecca.

Finalement, parce que j'ai accepté, il y a deux ans, de faire ce saut dans la foi, de vivre « sans filet » et de faire confiance, en acceptant par avance les enfants qui pouvaient naître de notre amour, le Seigneur m'a bénie de multiples façons. Il m'a guérie de ce qui m'empêchait physiquement de vivre normalement et m'a permis d'être en forme pour m'occuper de mes enfants déjà nés. Si cela n'avait été que pour moi, pour mon confort de vie personnel, j'aurais pu accepter le retrait du stérilet et ses conséquences médicales. Mais cette maladie m'empêchait aussi d'être une maman pour mes enfants déjà nés. Le port du stérilet me rendait aussi stérile psychiquement envers eux, de même que la pilule. La contraception hormonale n'est donc pas, pour moi, une solution, mais plutôt un problème. J'ai parlé, plus haut, de combat. Il a fallu lutter contre les doutes, mais aussi contre la parole de prêtres qui m'ont fait douter du bien-fondé de mes décisions. J'aurais pris trop de risques. Et que ce serait-il passé si je n'avais pas été guérie ?
Avec le recul, je me dis que cette question qui m'a été posée après-coup m'a d'abord fait croire que j'étais totalement inconsciente. Mais finalement, en gardant ce stérilet, je n'aurais jamais été une vraie maman, aimante et attentive comme je le suis aujourd'hui. C'est le double effet « kiss cool », j'ai envie de dire. La guérison physique d'abord, la plus urgente, mais aussi la restauration de mon identité de femme, d'épouse et de mère.
Par cette grossesse menée à terme, le Seigneur m'a guérie du traumatisme initial en faisant de moi non seulement la mère de Louise-Marie, mais aussi celle de Noémi, de Nathanaël et de Rébecca. D'ailleurs, le deuxième prénom de Louise-Marie, c'est Raphaëlle. Le lendemain de sa naissance, j'ai appris que l'Archange Raphaël, c'est « celui qui guérit ».

Et puis, il y a la présence, discrète, mais efficace, de Marie. Le 15 août, l'Assomption et le premier questionnement. Le 8 décembre suivant, la confirmation de la guérison qui balaye tous les doutes. Et finalement, la conséquence, qui est que je deviens enfin mère. Comment ne pas y voir la présence de Marie, elle que j'ai tant priée ces dernières années, de me donner sa patience, sa douceur et sa tendresse de mère ? Elle m'a aussi exaucée par la naissance de Louise-Marie, que nous avons placée sous le patronage de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

Ce que j'ai vécu, à travers toutes ces années sous contraceptif hormonal, c'est donc une abdication de mon corps devant la médecine. Pour des raisons médicales en premier lieu, mais il faut aussi avouer qu'à certains moments, le port du stérilet m'arrangeait bien. C'est bien plus simple au quotidien quand on n'a pas à se poser de questions sur la possibilité d'une grossesse. Mais ces hormones de synthèse ont endormie en moi la mère et la femme que Dieu à créées. Il y a deux ans, j'aurais pu ne pas écouter cette amie et garder le stérilet. C'était tellement plus simple, plus confortable, moins risqué. Mais je n'aurais alors jamais connu ce que je suis en train de vivre, la transformation entière de mon être et cette vocation de femme, d'épouse et de mère que je découvre depuis maintenant un peu plus de deux ans. J'entrevois un autre bénéfice, dans la relation de couple. Mais la naissance est encore trop proche pour que nous en ayons pleinement conscience.

Tout cela, c'est donc une histoire de confiance. Dieu, par son fils Jésus, nous conduit et nous donne ce dont nous avons besoin. Et Il se sert des épreuves que nous traversons pour nous faire grandir dans l'amour et la confiance en Lui.

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