Dernier témoignage (oui, j'en ai fait, des bêtises ! Heureusement, le Seigneur veille sur moi et n'hésite pas une seconde à m'interpeller par l'intermédiaire d'autres personnes pour me remettre dans le droit chemin ! Ouf !), datant d'octobre 2013. Cette fois-ci, il s'agit de contraception, mais pas uniquement.
La
contraception et moi, c'est une longue histoire. J'avais 17 ans quand
j'ai du prendre ma première pilule, pour régler un déséquilibre
hormonal comme beaucoup de jeunes en ont au moment de l'adolescence.
Selon l'endocrinologue, ce traitement règlerait mon problème et
régulerait du même coup mes cycles, assez anarchiques. Petit à
petit, les troubles que j'avais ont effectivement diminué, mais il y
avait un effet secondaire important : la disparition totale du
cycle et donc des règles. Quand j'en ai parlé au médecin, il m'a
dit que je devais m'estimer heureuse parce que les règles
empoisonnent la vie de toutes les jeunes filles, qui rêvent souvent
de s'en débarrasser. Seulement voilà : ne plus être réglée me
perturbait beaucoup parce que j'avais l'impression de ne plus être
une femme. La pilule touchait donc à mon être, à mon identité
profonde. J'ai trouvé un compromis : jusqu'en 2001, année de mon
mariage, j'ai pris ce traitement en alternant les périodes
« sans » et les périodes « avec », de
manière à réguler mes troubles hormonaux mais à avoir quand même
des cycles de temps en temps.
Après notre
mariage, j'ai alterné les périodes « avec » et
« sans », également, mais pour d'autres raisons, les
unes médicales, les autres psychologiques, liées à la naissance de
notre fille aînée, très traumatisante pour moi. Il fallait espacer
les naissances pour me donner le temps de récupérer physiquement,
mais aussi psychologiquement. Nous avons donc utilisé plusieurs
méthodes : outre la pilule, nous avons utilisé le Persona,
mini-ordinateur permettant de connaître, à l'aide de tests
urinaires, les périodes fertiles et infertiles du cycle. Après la
troisième naissance, les choses se sont compliquées encore un peu
puisque j'ai commencé à avoir des cycles de plus en plus
anarchiques, d'une durée allant de 30 à 45 jours, avec des règles
hémorragiques pouvant durer de 7 à 20 jours à peu près. Les
conséquences étaient nombreuses et désagréables, avec en
particulier la fatigue chronique, l'anémie et l'irritabilité, sans
parler des complications dans ma vie intime avec mon mari.
Au printemps
2007, une solution a été trouvée avec la gynécologue : le
stérilet. J'ai mis quelques temps à l'accepter pour plusieurs
raisons : j'avais l'impression que ce stérilet allait tuer en moi la
femme que j'étais, par la suppression des cycles, comme l'avait fait
la pilule. Mais surtout, je savais que l’Église s'y opposait. La
seule chose qui a fait remporter la décision, c'est qu'il s'agissait
d'un stérilet hormonal et non pas au cuivre. Le processus est
différent : le stérilet au cuivre empêche la nidation et provoque
donc mécaniquement un avortement en tout début de grossesse, alors
que le stérilet hormonal agit comme la pilule en empêchant la
fécondation. J'ai donc pris la décision d'accepter le stérilet
parce que je ne voyais à ce moment-là aucun autre moyen de vivre
normalement et de régler ce problème d'hémorragies. Mais je vivais
très mal le fait de devenir stérile, même si c'était une
stérilité temporaire (5 ans) et réversible.
Mes
conditions de vie se sont considérablement améliorées, forcément,
avec la fin des hémorragies. Le bienfait au quotidien a été
immédiat. Le revers de la médaille était que j'avais un plus grand
risque d'infections et, en mai 2010, j'ai du être opérée de kystes
ovariens. Je ne sais pas s'ils étaient la conséquence de ce
stérilet, mais ce n'est pas impossible du tout.
Le 15 août
2011, une conversation téléphonique avec une amie du groupe de
prière « Suis-Moi », de Sélestat, a tout changé. Elle
me parlait de contraception, de son refus de la pilule. J'ai pour ma
part tenté de justifier mes choix, notamment médicalement, mais
sans y parvenir. L'argumentation était bancale, même pour moi.
Finalement,
le vendredi suivant, je suis allée voir Philippe, juste avant son
départ de Sélestat. Il a alors mis le doigt sur ce qui me posait le
plus de problèmes : l'incohérence entre ma vie de foi et ma vie
personnelle, et cela malgré le fait que nous avions déjà trois
enfants. Il y a donc, dans la condamnation de la contraception par l’Église plus qu'une question de régulation des naissances, mais je
n'étais pas encore capable de le comprendre et de discerner ce que
c'était.
Après en
avoir parlé à mon mari, parce que c'est une décision qui touche et
regarde le couple et pas uniquement la femme, j'ai pris rendez-vous
avec le gynécologue pour faire retirer ce stérilet, rendez-vous qui
a eu lieu le 25 septembre.
Le bénéfice
a été immédiat. Outre le fait que je me suis sentie soulagée d'un
poids énorme, je me suis tout de suite sentie plus femme, mais aussi
plus mère. Rétrospectivement, c'était comme si le stérilet ne
m'avait pas rendue stérile uniquement pour les futurs enfants, mais
aussi envers les enfants déjà nés. Quand j'en ai parlé à la
gynéco, elle m'a dit que j'étais bizarre et que ce n'était que
dans ma tête. Mais mon généraliste m'a dit que c'était normal :
« Ce n'est pas pour rien qu'on appelle cela un stérilet ».
Il m'a alors parlé de « stérilité psychique ».
Bien sûr,
en retirant le stérilet, je savais que je m'exposais au retour des
règles hémorragiques, puisque rien n'était réglé médicalement
et qu'aucune recherche n'avait été faite pour déterminer la cause
de cette maladie. Et ça n'a pas raté. Trois semaines plus tard, je
me suis mise à saigner abondamment. Pendant les dix-sept jours qui
ont suivi, j'ai fait tout ce qui est possible pour diminuer
l'intensité du flux, en particulier avec des tisanes de plantes.
Mais rien n'y a fait, au point que le 5 novembre, j'ai du quitter mon
travail en milieu d'après-midi.
Le soir de
ce 5 novembre, Philippe organisait à Walbourg sa première veillée
d'adoration et de guérison, et il avait demandé à notre groupe de
prière d'animer la veillée comme nous le faisions avec lui les
années précédentes. Nous avons donc fait la route avec les trois
enfants et bien sûr, après 17 jours, j'étais épuisée.
Quand le
Saint Sacrement a été exposé, ce soir-là, je me suis effondrée à
genoux devant Jésus, en larmes et je l'ai supplié :
« Seigneur,
je suis à bout de forces, tu le sais. Tu sais que ça ne peut pas
durer comme ça, alors, je t'en prie, guéris-moi. Si c'est Ta
volonté, guéris-moi. Et si Ta volonté n'est pas de me guérir,
alors donne-moi la force de vivre avec ces hémorragies et de les
accepter, afin que je puisse m'occuper de mes enfants et être une
vraie maman pour eux. »
J'ai passé
un long moment devant Jésus et il y a eu du combat à ce moment-là,
mais aussi plus tard. Mais le même soir, en rentrant à Sélestat, j'ai
constaté que l'hémorragie s'était arrêtée.
J'étais
guérie, mais en plein doute. Qu'allait-il se passer au cycle suivant
? Un mois plus tard, le 5 décembre, il y avait une nouvelle veillée
d'adoration, à Sélestat. La veille, mes règles étaient revenues,
également sur le mode hémorragique. J'avais très peur que la
guérison de novembre ne soit que temporaire. Mais j'ai ensuite pensé
à Barthimée et à l'aveugle de Siloé, dans le Nouveau Testament.
Jésus les a guéris définitivement. Alors durant la veillée, j'ai
redit cette prière :
« Seigneur,
tu m'as déjà guérie. Je sais que quand Tu guéris, Tu ne le fais
pas à moitié. Si Ta volonté est que je sois guérie, alors
fais-le. Sinon, donne-moi la force de l'accepter pour que je puisse
m'occuper de mes enfants. »
Trois jours
plus tard, le 8 décembre, jour de l'Immaculée Conception, mes
règles se terminaient. Durant les 5 mois suivants, elles ne durèrent
plus que 4 jours, tous les 28 jours. Pour la première fois de ma
vie, j'avais des cycles normaux.
Lors de
notre discussion du mois d'août, mon mari avait accepté
l'éventualité d'un autre enfant si je retirais le stérilet. Et au
mois de juin 2012, j'ai appris que j'étais enceinte. La venue de ce
quatrième enfant n'était pas vraiment désirée. Plusieurs
problèmes se posaient d'un point de vue pratique : avec trois
enfants, il manquait déjà une pièce à la maison. Par ailleurs,
nous savions ne pouvoir compter sur aucune aide du côté de nos
parents pour garder un autre enfant. Il faudrait donc retrouver une
nourrice si je voulais continuer à travailler. La solution qui s'est
imposée a été le congé parental durant trois ans, jusqu'à
l'entrée en classe du dernier de la fratrie. À l'annonce de cette
grossesse, pourtant, pour ma part, j'étais très heureuse. Je la
vivais comme une réparation. Alors à la fin du mois de juin, nous
avons visité plusieurs maisons dont celle qui a été notre coup de cœur, à Ebersheim.
Le 20
juillet, nous avons signé le compromis de vente et le 23, j'ai
appris que j'avais fait une fausse-couche. Nous avions besoin
d'avancer dans nos projets pour ne pas rester sur la douleur de la
perte d'un enfant, même s'il n'était pas encore né. Nous avons
donc décidé d'acheter malgré tout la maison.
La signature
de l'acte de vente a eu lieu le 1er octobre, en la fête de Sainte
Thérèse de l'Enfant Jésus, et le 7 octobre, j'avais la
confirmation que j'étais à nouveau enceinte. La grossesse,
contrairement aux autres, s'est très bien passée et Louise-Marie
est née le 4 juin.
Cette
naissance a tout changé pour moi. Je suis devenue enfin pleinement
mère. Ça a l'air étrange, voire absurde de dire ça quand on a déjà
trois enfants, mais la première grossesse a été tellement
traumatisante que je n'ai jamais pu me sentir réellement maman pour
les trois aînés, même si les choses étaient plus faciles avec
Nathanaël et Rébecca.
Finalement,
parce que j'ai accepté, il y a deux ans, de faire ce saut dans la
foi, de vivre « sans filet » et de faire confiance, en
acceptant par avance les enfants qui pouvaient naître de notre
amour, le Seigneur m'a bénie de multiples façons. Il m'a guérie de
ce qui m'empêchait physiquement de vivre normalement et m'a permis
d'être en forme pour m'occuper de mes enfants déjà nés. Si cela
n'avait été que pour moi, pour mon confort de vie personnel,
j'aurais pu accepter le retrait du stérilet et ses conséquences
médicales. Mais cette maladie m'empêchait aussi d'être une maman
pour mes enfants déjà nés. Le port du stérilet me rendait aussi
stérile psychiquement envers eux, de même que la pilule. La
contraception hormonale n'est donc pas, pour moi, une solution, mais
plutôt un problème. J'ai parlé, plus haut, de combat. Il a fallu
lutter contre les doutes, mais aussi contre la parole de prêtres qui
m'ont fait douter du bien-fondé de mes décisions. J'aurais pris
trop de risques. Et que ce serait-il passé si je n'avais pas été
guérie ?
Avec le
recul, je me dis que cette question qui m'a été posée après-coup
m'a d'abord fait croire que j'étais totalement inconsciente. Mais
finalement, en gardant ce stérilet, je n'aurais jamais été une
vraie maman, aimante et attentive comme je le suis aujourd'hui. C'est
le double effet « kiss cool », j'ai envie de dire. La
guérison physique d'abord, la plus urgente, mais aussi la
restauration de mon identité de femme, d'épouse et de mère.
Par cette
grossesse menée à terme, le Seigneur m'a guérie du traumatisme
initial en faisant de moi non seulement la mère de Louise-Marie,
mais aussi celle de Noémi, de Nathanaël et de Rébecca. D'ailleurs,
le deuxième prénom de Louise-Marie, c'est Raphaëlle. Le lendemain
de sa naissance, j'ai appris que l'Archange Raphaël, c'est « celui
qui guérit ».
Et puis, il
y a la présence, discrète, mais efficace, de Marie. Le 15 août,
l'Assomption et le premier questionnement. Le 8 décembre suivant, la
confirmation de la guérison qui balaye tous les doutes. Et
finalement, la conséquence, qui est que je deviens enfin mère.
Comment ne pas y voir la présence de Marie, elle que j'ai tant priée
ces dernières années, de me donner sa patience, sa douceur et sa
tendresse de mère ? Elle m'a aussi exaucée par la naissance de
Louise-Marie, que nous avons placée sous le patronage de Saint
Louis-Marie Grignon de Montfort.
Ce que j'ai
vécu, à travers toutes ces années sous contraceptif hormonal,
c'est donc une abdication de mon corps devant la médecine. Pour des
raisons médicales en premier lieu, mais il faut aussi avouer qu'à
certains moments, le port du stérilet m'arrangeait bien. C'est bien
plus simple au quotidien quand on n'a pas à se poser de questions
sur la possibilité d'une grossesse. Mais ces hormones de synthèse
ont endormie en moi la mère et la femme que Dieu à créées. Il y a
deux ans, j'aurais pu ne pas écouter cette amie et garder le
stérilet. C'était tellement plus simple, plus confortable, moins
risqué. Mais je n'aurais alors jamais connu ce que je suis en train
de vivre, la transformation entière de mon être et cette vocation
de femme, d'épouse et de mère que je découvre depuis maintenant un
peu plus de deux ans. J'entrevois un autre bénéfice, dans la
relation de couple. Mais la naissance est encore trop proche pour que
nous en ayons pleinement conscience.
Tout cela,
c'est donc une histoire de confiance. Dieu, par son fils Jésus, nous
conduit et nous donne ce dont nous avons besoin. Et Il se sert des
épreuves que nous traversons pour nous faire grandir dans l'amour et
la confiance en Lui.
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