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je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

vendredi 14 février 2014

Images de femmes... image de la Femme

Internet est formidable. Comme dans tout moyen de communication, il y a ce qui est dit, ce qu'on perçoit, les non-dits aussi... et les messages subliminaux.
L'une de mes amies sur Facebook (qui lit d'ailleurs peut-être ce blog !), que j'apprécie beaucoup dans la vraie vie, ne commente jamais ce que j'y mets. Aucun problème pour moi d'ailleurs. Commente qui veut, ne commente pas qui veut et jamais je ne retirerai mon estime à quelqu'un pour une histoire de "il n'est pas d'accord avec moi alors je le vire de mes contacts". Ce serait puéril ("c'est lui qui a commencé !") et une méconnaissance totale de la liberté de pensée qui fait (encore) partie des fondements de la liberté tout court.

Mais quand même. Je m'interroge.
Sur Facebook, tout à l'heure, je tombe sur un lien posté par cette amie, lien qui renvoie vers une quarantaine de photographies mettant toutes en scène des femmes, des filles, d'âges divers, dans des situations aussi diverses que l'est la vie des femmes : femme tatouée avec un enfant dans les bras, devant un ordinateur ; petite fille jouant aux échecs ; femme en bleu de travail dans un atelier ; executive woman dans un bureau ; animatrice de groupe de parole ; femme militaire rentrant chez elle après une guerre à l'étranger... il y en a des tas, trop pour faire ici un inventaire.
Le texte est en anglais et je suis un peu fatiguée aujourd'hui, alors j'ai eu la flemme de le lire, j'avoue. Donc je me base uniquement sur les photographies (et puis, c'est un bon exercice, ça, parce que ça montre que les images en tant que telles racontent quelque chose, mais que ce quelque chose, c'est moi qui l'interprète à ma manière, au travers de mon prisme personnel, de mes préoccupations du moment, de mes croyances...). Donc ce billet est basé uniquement sur mon ressenti à la visualisation de ces photos et aucunement par rapport au message réel (ou supposé tel) délivré sur le site. Vous êtes donc prévenus : si je fais un contresens gigantesque par rapport à ce que dit ce site, c'est pleinement assumé : je n'ai carrément pas lu le texte et ne sais donc pas ce qu'il contient.

Mais bon, je pars du présupposé que le message délivré ici est de dire "Vous voyez, les femmes, les filles, peuvent tout faire ! Ce ne sont pas des "sous-hommes" : elles ont les mêmes qualités que les hommes, elles sont égales aux hommes, donc il faut mettre fin à la discrimination dont elles sont l'objet".
Entendons-nous bien : je trouve parfaitement odieux qu'une femme, quel que soit le pays dans lequel elle vit, n'ait pas les mêmes droits qu'un homme. Mais mon propos n'est pas là du tout, en fait, ces photos ne sont qu'une illustration de ce que je voudrais souligner ici et qui porte ma réflexion depuis quelques jours.

Ce que j'ai pu remarquer, c'est qu'il y a un vrai dialogue de sourds dans notre société sur des sujets polémiques comme le mariage pour tous, l'égalité filles-garçon ou la théorie du genre (zut, j'ai sans doute dit un gros mot ?).

Bon alors pour être claire : l'égalité entre filles et garçons, c'est BIEN. Le problème n'est pas là du tout. Même si les uns font en sorte de réduire le débat à cette question, il faudrait voir à sortir un peu du "tout noir et tout blanc". L'égalité entre les filles et les garçons, ça fait déjà partie du programme scolaire à l'école primaire depuis 1989. Et il faudrait être particulièrement débile pour dire que les filles ne doivent pas faire d'études parce que ce sont des filles ou qu'au mieux elles devraient se cantonner aux CAP coiffure et esthétique (sans mépris aucun pour ces professions tout à fait honorables) ou aux métiers de la santé et des soins aux personnes. D'ailleurs, ces poncifs qu'on nous sert comme justification à ce "combat" pour l'égalité entre filles et garçons sont démentis par la réalité : le nombre de filles faisant des études supérieures est, me semble-t-il, légèrement plus important que celui des garçons. Seulement, elles arrêtent leurs études plus tôt et ne font pas les mêmes études que les garçons. Peut-être parce qu'elles n'ont pas les mêmes centres d'intérêt ? Franchement, vous vous voyez étudier la mécanique parce qu'il faut la "parité" à l'IUT, alors que la mécanique ne vous intéresse pas et que votre "moi" le plus profond vous dit que vous devriez être médecin, mais qu'il y a déjà trop de filles en médecine et que donc il faut laisser la place aux garçons ? Pour moi, la question est juste un peu plus complexe que cette histoire d'égalité. 

À voir les liens qui circulent sur Facebook et ailleurs,  on serait tenté de diviser les gens en deux catégories : les réactionnaires-catholiques-fascistes qui promeuvent le retour de l'obscurantisme ("laissez donc les femmes au foyer et les hommes au travail !") et les autres, ceux qui veulent promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, dans le travail, à la maison, dans la société. Les uns seraient les "méchants" (dont je suis, visiblement !) et les autres les "gentils". Soit. J'assume.

Oui mais voilà. Ce que je pense est autrement plus complexe que cette séparation arbitraire entre les "bons" et les "méchants" (ce genre de trucs, c'est bon pour les dessins animés pour enfants et les films d'action bourrins). Premièrement, je suis catholique, certes, mais pas fasciste. Je suis pour l'égalité entre hommes et femmes, mais je suis aussi consciente qu'un homme n'est pas une femme (et inversement) et qu'hommes et femmes sont complémentaires et non pas ennemis. Là, tout de suite, ça devient plus "coloré" en termes de complexité (ce n'est plus "tout noir et tout blanc", y'a un peu de gris aussi, quoi).
Et puis, je m'interroge sur les raisons qui font que la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem (pour ne pas la nommer) tient absolument à ce que toutes les femmes travaillent, qu'elles avortent et qu'elles prennent la pilule. Entendons-nous bien, je ne dénie à aucune femme le droit de travailler. Pour l'avortement et la pilule, vous aurez compris que mes convictions religieuses m'interdisent d'en faire la promotion, mais la raison me fait dire aussi que nous sommes dans un pays libre où l'avortement est autorisé par la loi (il devient même un "droit" à part entière, ce qui est à mon avis totalement discutable, mais bon, on ne va pas refaire ici le débat sur l'avortement, surtout que je vais vite me retrouver à débattre avec moi-même ce qui serait, vous vous en doutez, assez peu productif et totalement anti-démocratique, la partie adverse n'ayant pas ici la possibilité de "débattre" avec moi) et que la contraception est autorisée, remboursée même par la Sécurité sociale (là encore, personnellement, je mettrais un bémol important sur cette disposition, mais on ne m'a pas demandé mon avis sur la question). 
Mais si la femme travaille, avorte et prend la pilule, cela veut dire qu'elle se "comporte" comme un homme, finalement. Elle gagne sa vie (et franchement, par les temps qui courent, on peut la comprendre !), mais refuse la maternité, c'est-à-dire ce qui fait sa différence fondamentale avec l'homme. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut que les femmes, toutes les femmes, n'aient comme objectif que d'avoir des enfants, je suis en train de dire simplement que ce qui fait la différence entre un homme et une femme, c'est le fait que la femme, par la maternité, peut avoir un rôle différent de celui de l'homme dans la société. Mais aujourd'hui, on veut dénier aux femmes le droit d'être des femmes. On leur demande d'être comme des hommes, d'assumer comme eux, alors même qu'elles sont différentes et ne seront jamais "comme" eux. C'est finalement une idéologie extrêmement violente à l'égard des femmes. En tant que femme, je voudrais que l'on respecte ma spécificité de femme, les fragilités que je porte, mes faiblesses, mes qualités, ce qui fait que je ne suis pas interchangeable avec un homme. Et c'est d'autant plus blessant que c'est une femme, ministre des Droits des Femmes, qui dénie aux femmes le droit d'être simplement des femmes...

Le discours dominant aujourd'hui, c'est "mon corps m'appartient" (il y a même des espagnoles qui ont inscrit leur corps comme propriété privée pour interdire au gouvernement de légiférer dessus !). Je suis d'accord avec cette assertion... jusqu'à un certain point seulement. Oui, mon corps m'appartient. Donc jamais je n'autoriserai qui que ce soit à m'obliger à faire quelque chose que je ne veux pas faire parce que ça me semble contraire à mon intérêt (entre autres : le viol est inacceptable, personne n'a le droit de me frapper, par exemple. Mais aussi : si je veux un bébé, personne n'a le droit de m'obliger à avorter !). Mais il y a une donnée qu'on semble oublier : le corps d'une femme n'est pas celui d'un homme. Je me suis posé la question suivante : pourrais-je remplacer mon mari si jamais il venait à disparaître ? Et la réponse est immédiatement "non". Non, je ne peux pas remplacer mon mari. Je ne peux pas faire ce qu'il est capable de faire. Mon mari peut conduire une camionnette durant dix-huit heures d'affilée. Il est capable de résister à la fatigue, de dormir en quelques minutes, de porter à bout de bras des piquets de vigne et d'en scier un nombre impressionnant en quelques minutes. Mon mari est capable de transporter des quantités impressionnantes de matériaux, de plaques d'isolation, de seaux de peinture, de bazar à mettre à la déchetterie... Il faut se rendre à l'évidence : mon mari possède une force physique que je suis loin d'avoir. De son côté, mon mari résiste beaucoup moins bien que moi à la douleur, aux maladies. Il ne peut pas porter notre fille de huit mois pendant très longtemps parce qu'il a mal au dos (moi aussi, mais ma résistance à la douleur plus importante que la sienne me permet de "tenir" le coup, alors que lui ne peut pas). Il n'a pas la même patience que moi, ni la même douceur (c'est le défaut qui va avec ses qualités !).

Tout cela pour dire que le problème actuellement, ce n'est pas tant la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, les filles et les garçons (ça, on est, je crois, tous d'accord pour dire que c'est essentiel) mais la question de l'identité entre les filles et les garçons. Parce que moi, quand je vois ce que veut pour les femmes la ministre des droits des femmes, j'ai peur. Ce qu'elle veut pour nous, c'est simplement que nous soyons comme des hommes. Que nous fassions la même chose qu'eux, que nous ayons accès aux mêmes choses qu'eux... Pour une histoire d'égalité ? Je caricature sans doute, mais franchement, être bûcheronne, pourquoi pas ? Seulement il va falloir adapter sacrément le poste de travail et mettre en place de super aides techniques. Parce que soulever une tronçonneuse et la faire fonctionner correctement, ma foi... en ce qui me concerne en tout cas, ça relève juste de la fiction ! Non, je ne suis pas faite pour tous les métiers. Je ne suis pas faite pour des métiers qui exigent une importante force et résistance physique. Mais c'est sans doute étonnant, ça ne me pose aucun problème, à moi, de n'être pas faite pour ces métiers-là. Ni d'ailleurs pour des métiers comme la direction d'une entreprise, le management d'équipe (même si je pense que j'en ai les capacités intellectuelles). Je ne me sens pas dévalorisée pour autant. Je pense que j'ai bien d'autres capacités, bien d'autres centres d'intérêt qui valent aussi le coup d'être explorés. Je n'ai aucunement envie de prendre la place d'un homme si un homme peut faire les choses mieux que moi. Mais j'ai toute ma place à prendre dans les domaines où j'ai les compétences, l'envie et les qualités pour le faire...

Dans toute cette histoire de "théorie du genre", je pense qu'on se trompe de problème. La question des inégalités entre hommes et femmes est un vrai problème. Mais la manière dont la question du genre tient lieu de pensée et d'idéologie à nos hommes et femmes politiques laisse à penser et pose de vraies questions.
Suis-je rétrograde, réactionnaire, anti-féministe ? Je ne pense pas. Juste réaliste. Un homme et une femme, pour moi, ne devraient pas être en concurrence. Ils sont complémentaires, ont des aptitudes et des centres d'intérêt différents. Ce qu'il manque à notre monde, ce n'est pas l'égalité entre les personnes (ça, c'est inscrit dans la Constitution). Non, ce qu'il manque à notre pays, c'est simplement le respect que l'on doit à tout être humain. Si un jour, les programmes scolaires inscrivent ça sur les frontons des écoles, je serai la première à applaudir. Sauf que ça ne devrait même pas faire partie des programmes scolaires. Ça devrait être le socle de tous et de chacun, du vivre ensemble. Il ne devrait même pas y avoir besoin d'en parler : ça devrait être évident pour chacun.

Le plus gros problème, c'est justement que ça ne l'est pas.

(c'était ma réflexion du jour, sans aucune animosité envers cette amie qui a posté le lien vers ces - par ailleurs - magnifiques photos de femmes. Merci donc, Émilie, d'avoir suscité ces réflexions !)

2 commentaires:

  1. Entièrement d'accord avec ton billet Amélie, car il est tout simplement plein de bon sens! Tu devrais être au ministère de "la famille",ce qui aiderait bien des gens!
    Cécile

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    Réponses
    1. Merci ! ;) Mais je vais laisser ça à d'autres : si jamais je me retrouvais là-dedans, je n'aurais plus une minute pour m'occuper de mes enfants !

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